Procès fictif de Daniel Cohn-Bendit, condamné pour « non-assistance à Europe en danger »

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Japy

Pour son dernier meeting, les compagnons de route de Daniel Cohn-Bendit lui ont réservé un procès, jeudi 22 mai 2014.

 

La fine fleur de l’écologie politique : têtes de liste, secrétaire nationale et députée de Paris, s’était ainsi réparti les rôles.

Pour instruire l’accusation, Eva Joly. De multiples chefs : abandon de famille politique, trouble à l’ordre public et à l’ordre établi, captation d’héritage, polygamie linguistique, braquage électoral, occupation illégale prolongée de l’espace public, abus de confiance, publicité mensongère, injures publiques. Un bel exercice pour l’ancienne juge d’instruction, qui s’est livrée à un soupçon d’autodérision : « D’ailleurs, je vous envie, parce que vous parlez allemand avec un accent français et moi c’est le contraire, ce qui ne m’a pas toujours facilité la vie ».

Le Président du Tribunal, Pascal Durand, a appelé le premier témoin à la barre, pour corroborer le braquage électoral de 2009, Karima Delli : « Elle y était, elle a tout vu, elle a même participé et demande elle-même à être jugée. » Elle égratigne au passage les Le Pen père et fille, « arnaqueurs professionnels de l’emploi fictif, qui se transmettent le savoir-faire de père en fille. ». Dany, l’accusé ? Quelqu’un qui « s’est fait une solide réputation de diseur de vérité et de metteur de pieds dans le plat, agitateur de neurone européen pour tous les imbéciles qui sont nés quelque part ».

L’experte Sandrine Bélier est venue témoigner de l’engagement de Dany Cohn-Bendit en termes de biodiversité, de climat et de transition énergétique.

José Bové, procureur, a apporté une pièce à conviction sur les émissions de CO2.

Emmanuelle Cosse, appelée comme psychologue clinicienne, a révélé au grand jour la folie de Dany Cohn-Bendit : il veut combattre la finance, imaginez ! Son obsession des régimes autoritaires. Diagnostic final clair et sans appel : cet homme, ce Daniel Cohn-Bendit, est dangereux : il est idéaliste.

La Parisienne libérée a ensuite chanté son témoignage en forme de défense de la Grèce, accusée à tort d’avoir été responsable de la crise financière.

L’avocat de la défense, Mohamed Mechmache, a présenté à la cour un pièce à conviction démontrant que l’abus de confiance ne pouvait être retenu contre Dany, le vote des citoyens en 2009 ayant permis à l’Europe de reprendre la main sur la finance. La pièce en elle-même ? Une vidéo de Pascal Canfin, député européen et ancien ministre délégué au développement.

Clarisse Heusquin, deuxième avocate de la défense, a présenté une vidéo de Daniel Cohn-Bendit au Parlement prouvant que le plus européen des députés du Parlement européen s’était battu pour la Grèce.

Michèle Rivasi, experte santé et alimentation, a ensuite présenté son diagnostic.

Après celui-ci, le procureur José Bové a invité Cécile Duflot à la barre des témoins. Un témoignage en forme de déclaration d’amour : l’actuelle députée de Paris a affirmé à Daniel Cohn-Bendit qu’ils faisaient partie de la même famille et conclu sous forme de boutade : « On ne choisit pas ses parents, malheureusement, on ne choisit pas non plus ses enfants », avant de chanter l’Hymne à la joie en allemand et en duo avec Dany. La salle a repris en chœur. Curieusement, Pascal Durand n’a pas fait évacuer.

José Bové a agi en qualité de ministère public : et il s’y connaît en procès !

Mohamed Mechmache a ensuite fait projeter une vidéo réfutant l’accusation d’abandon de famille politique, démontrant à l’envie l’injustice de cette allégation compte tenu de l’engagement de Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen, vingt ans durant. La charge de ce dernier contre le Hongrois Orban fut rappelée à l’auditoire, sous les applaudissements.

Mais le client a lui-même assuré sa défense. Ses arguments : son amour du multiculturalisme, de la liberté de circulation et sa volonté de laisser un héritage à sa famille politique. Abandon de sa famille politique ? Non : ils sont autonomes et n’ont pas besoin de lui. Emotion.
Ses vœux, en forme de testament politique. Une taxe sur les transactions financières, le droit de vote pour tous les Européens, une nationalité européenne, un politique diplomatique commune, une armée unique, en bref, une Europe courageuse et humaniste. Une petite charge tout de même contre Nicolas Sarkozy, liquidateur wannabe de mai 68, peu familier des institutions européennes.

Deux chefs d’accusation retenus par Pascal Durand après ce vibrant plaidoyer pour l’Europe : non-assistance à Europe en danger et abandon de famille politique.

A ce titre, trois condamnations : rester aux côtés d’Europe Ecologie, continuer de soutenir l’Europe et adhérer à un groupe local EELV.

La chanson « Dany », façon Sunny et chantée par la ravissante et talentueuse Kelly Lee Evans a clôt le procès fictif de Dany.

Un bel au revoir à Daniel Cohn-Bendit et le premier jour du reste de la vie de l’Europe.

 

Retrouvez les photos ici.

 

 

Jeudi 22 mai 2014, de : à :
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