[Meeting régional] Le discours de Sophie Bringuy
Partager

Discours : meeting de campagne de Sophie Bringuy élections régionales de décembre 2015

Saint-Herblain, le 1er décembre 2015

Quelle campagne ! Pour moi ça été une des périodes les plus intenses de ma vie : Intense par ses enjeux, son rythme, et par les belles rencontres qu’elle m’a permises de faire.

Lors du meeting de lancement de campagne en septembre, je vous disais mon profond désir de mettre à l’honneur les artisans de la transition sur notre territoire :

  • Celles et ceux qui – comme nous – chaque jour creusent les sillons de la transformation écologique de notre société,
  • celles et ceux qui tissent la toile d’un monde meilleur, respectent notre Terre, respectent l’Humain, qui allient justice sociale et justice environnementale.

LES RENCONTRES

Pendant la Quinzaine de l’écologie, et tout au long de la campagne, nous avons multiplié les rencontres et ainsi nous avons eu la chance de découvrir tant de belles personnes :

  • Les paysans et paysannes qui montrent que l’agriculture biologique, ça marche, qu’on peut produire sain, nourrir les habitants et habitantes de notre région, et vivre bien de son métier. Je pense à ceux du Gaec de l’Egaillerie en sud Vendée, dans une dynamique coopérative de partage.
  • Les acteurs des pédagogies alternatives comme à St Nazaire, qui dessinent une école inclusive, où chaque enfant à sa chance.
  • des industriels qui sont déjà en marche vers d’autres manières de produire comme dans la Sarthe, où la Mandorle donne une autre image du bassin agro-alimentaire du Mans. C’est bio, c’est sain, c’est au maximum local. Et on y sent une équipe bien dans sa peau.
  • des associations qui cultivent le faire ensemble, qui travaillent à l’émancipation de chacun et chacune : comme celle des réseaux d’éducation populaire qui nous ont invité à une session de travail à Angers. Je pense aussi à la dynamique qui se met ne place autour de la micro-brasserie de Montflour en Mayenne.
  • l’éducation populaire, qui travaillent à l’émancipation de chacun et chacune.
  • Ceux qui inventent une autre manière d’habiter nos territoires, qui créent du lien et considèrent que la terre ne nous appartient pas : alors ils construisent réversible des habitations qui le jour où nous n’en aurons plus besoin, permettront à la terre de retrouver sa fonction nourricière. C’est le cas de la coopérative Hamosphère, dans le Maine et Loire, où nous avons passé une matinée passionnante, qui ouvre le champ des possibles.
  • Les réseaux culturels, qui cultivent notre humanité, nous ouvrent au monde. Ils sont si nombreux, riches et variés dans notre Région. Il y a les initiatives urbaines comme Trempolino à Nantes, et aussi des projets ruraux, comme celui des Moulins Paillard à Ruillé sur Loir, qui j’espère sera mieux accompagné par la Région.
  • Sans oublier celles et ceux qui sont fers de lance de nos combats, comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Grez-en-Bouère.

Des rencontres aussi avec chacun et chacune d’entre vous. Et ce soir, je tiens à vous remercier pour votre soutien et votre engagement :

Tous les candidats et candidates qui se sont investis pour cette campagne, mais aussi toutes celles et ceux dont les noms n’apparaissent pas sur notre liste,

qui ont été sur le terrain, pour distribuer des tracts et des graines, coller des affiches,

qui ont participé à l’élaboration du projet, se sont mobilisés pour répondre aux sollicitations de rencontres.

Vous avez été nombreux et nombreuses à répondre présents. Un grand merci à vous.

Vous le voyez ce fut une campagne intense sur le plan humain.

L’ACTUALITE DE LA CAMPAGNE

Avec une actualité de campagne tout aussi intense : et trois moments particulièrement forts et marquants

LE PREMIER, je ne l’oublierai pas, c’est la photo d’Aylan – mort noyé le 2 septembre, à l’âge de trois ans. Une photo qui a bouleversé le monde entier, qui a suscité de grands élans de solidarité. Nous avons dit : plus jamais ça. Et depuis ? Combien d’enfants sont morts avec leur famille en quête désespérée d’un endroit où se poser, où se reconstruire, où vivre, tout simplement ?

On lisait dans la presse vendredi dernier que le Canada avait accordé le droit d’asile à la famille d’Aylan, et engagé un pont aérien pour acheminer 10 000 réfugiés syriens d’ici fin décembre, et 15 000 autres en janvier.

Et en France que faisons-nous ? Et en Europe ? 

Nous négocions la fermeture des frontières avec la Turquie.

Alors, plus que jamais, je veux que la Région, notre région, se mobilise pour l’accueil des réfugiés, et des migrants en général. Que nous poursuivions notre engagement pour les jeunes sans papiers, que nous allions au-delà pour être une véritable terre d’accueil.

Car partager plus qu’une Région, c’est partager avec le monde.

LE DEUXIEME MOMENT qui aura marqué notre campagne, ce sont les annonces de l’Etat pour lancer les travaux à Notre-Dame-des-Landes. 

Je vais vous faire un aveu : j’avais parié que l’Etat ferait profil bas jusqu’en janvier. Question de bon sens.  Mais que vaut le bon sens face à l’ambition d’un Premier ministre, avec les dents qui rayent le parquet, et comme crédo la pente sécuritaire et la dérive autoritaire.

Avez-vous entendu Monsieur Valls expliquer en quoi un projet de nouvel aéroport serait bon pour notre territoire ?

Chacune de ses interventions reflète son besoin d’affirmer son autorité. Mais un nouvel aéroport, ça fait un peu cher la séance d’autosatisfaction sur fond de plan de carrière.

Voilà donc toute la morgue et la démagogie de la vieille classe politique française. Une politique que pratique aussi Bruno Retailleau : lui non plus on ne l’entend jamais sur le fond du dossier par contre il s’y connaît pour attiser la flamme du sécuritaire. Mais attention, un jour, ce sont les libertés publiques et notre démocratie qui vont s’y brûler.

Face à ces annonces, notre mobilisation est restée entière. Nous avons montré notre détermination, notre solidarité, notre engagement au service de nos convictions. 

Et je tiens ici à saluer l’acte fort et courageux posé par les élus nantais, quand ils ont quitté le Conseil municipal.

Je tiens à remercier notre Secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, nos parlementaires, Cécile Duflot et Noël Mamère, et notre porte-parole Julien Bayou d’avoir répondu présents, pour nous soutenir, et surtout pour soutenir les valeureux qui défendent la ZAD, dans la désobéissance civile si nécessaire, mais toujours dans la non-violence.

Et pour les autres, je rappelle pour les politiques qui jouent de l’amalgame, que nous avons toujours condamné sans ambiguïté les actes de violence. Ils desservent la lutte.

La méfiance est dans les gênes de l’écolo… Alors je veux vous rassurer. Ma détermination contre le projet d’aéroport reste inchangée. Ma volonté est intacte. J’ai la conviction que 2016 est l’année charnière de ce projet. 

C’est pour cela que je resterai ferme : l’étude indépendante sur l’optimisation de Nantes-Atlantique est un passage obligé pour tout accord avec le parti socialiste.

LE TROISIEME MOMENT, celui qui nous marquera à vie : les attentats du 13 novembre.

Que dire qui n’a pas déjà été dit ou écrit ? Depuis j’y pense chaque jour. J’allume moins la radio, je lis moins la presse. La semaine qui a suivi l’attentat a été une des plus dures de ma vie. Je me sentais les jambes coupées, endeuillée, comme projetée dans une dimension inconnue où règne tout à coup le doute sur la nature humaine et le sens de nos vies…

Moi qui fais pourtant partie de ces incorrigibles optimistes qui pensent que la nature humaine est profondément bonne, la vie humaine un cadeau précieux…

Bien entendu, je vois les guerres, les actes terribles qui sont perpétrés partout dans le monde. J’ai conscience des horreurs dont l’humanité est capable, envers des femmes, des hommes, des enfants. J’ai visité des camps de concentration, et j’ai pleuré. Je lis, je regarde des reportages sur la guerre et les tortures, et je pleure. Malgré cela, j’ai toujours rejeté l’existence du Mal. Mais le 13 novembre, j’ai été ébranlée dans mon intime conviction. Et je vais être travaillée encore longtemps par cette blessure de mon âme.

Malgré l’horreur et la désolation, dès le samedi matin, il a fallu se remettre debout, relever la tête. Parce que si une conviction est restée intacte, c’est que le projet, les valeurs que nous portons sont la seule issue pour faire face et sortir de la barbarie.

Construire un monde solidaire, où nous nous tenons la main, où nous faisons ensemble, un monde qui offre les perspectives d’un avenir commun, désirable, pour chacun et chacune sur cette planète.

LA CAMPAGNE – LA COP21

Nous avons choisi de poursuivre cette campagne, dans la compassion vis-à-vis des souffrances de ce monde, dans la lucidité face à la gravité de la situation, dans la conviction que nous pouvons construire, ensemble, un monde meilleur.

Oui, nous sommes des utopistes, soyons en fiers. Une utopie salvatrice, car ce monde à venir, si nous ne l’imaginons pas, qui le fera ? Une utopie concrète, car nous le savons, les solutions existent. C’est cette écologie des solutions, qui allie justice sociale et justice environnementale que nous portons. Cette utopie, ce sont aussi des chiffres bien palpables : 45.000 emplois, c’est ce que nous pouvons créer en Pays de la Loire, si nous nous y mettons dès demain. Dans des filières durables, des emplois qui font sens, des emplois au service des territoires. Des emplois pour la transition énergétique, pour une alimentation saine, des emplois bons pour la nature. Notre utopie est bien concrète, elle est à portée de mains.

Maintenant, il nous reste trois jours pour convaincre que l’écologie est la réponse aux grands défis du XXIème siècle, le défi démocratique, le défi climatique, le défi de la biodiversité.

Ne nous laissons pas berner par les sondages, l’histoire nous a montré qu’ils se trompent trop souvent sur les écologistes. Il reste encore plusieurs rendez-vous qui permettront aux citoyens de s’intéresser à ces élections et de voir que nous proposons le meilleur projet pour notre région.

Avec l’ouverture de la conférence sur le climat à Paris hier, les questions écologiques sont à nouveau à l’avant-scène du débat public national. 

Et sur le terrain, dans les marchés, je sens la conscience collective qui se réveille et qui grandit : chaque fois, on m’interpelle sur les enjeux climatiques. C’est important, il est question de l’avenir de l’humanité, nous le savons.

La Planète se remettra de notre inconséquence, même s’il lui faut 20 millions d’années.

Quels que soit les résultats de la COP21, nous savons que ce sont les territoires qui mettent en œuvre la transition écologique. La Région doit être un moteur, faisons en sorte qu’elle joue pleinement son rôle !

Levez-vous, montrez que nous sommes là pour cette campagne, debouts et fiers du projet et des valeurs que nous portons, que nous sommes mobilisés, parce que les solutions existent et que nous allons retrousser nos manches pour les mettre en œuvre !

Et rappelons-nous ce qu’a dit Friedrich Nietzche :

« Quand une multitudes de petites gens, dans une multitude de petits lieux, changent une multitude de petites choses, ils peuvent changer la face du monde. »