Lettre ouverte de Sandrine Bélier au nom des candidat-e-s de la liste « Écologistes, solidaires et citoyens » aux habitant-e-s d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine
Partager

Après les attentats : construisons ensemble une société apaisée et juste  Hommage aux victimes

Dans la nuit du 13 novembre 2015, l’horreur a surgi dans notre quotidien. Nos coeurs ont saigné et saignent encore face à la violence et à la barbarie qui a tué et blessé des hommes et des femmes, des ami-es, des collègues, des enfants, des parents… Des hommes et des femmes comme chacun d’entre nous qui voulaient vivre leur vie.

C’est à toutes les victimes, à leurs familles et à leurs proches que je pense d’abord aujourd’hui, et à qui je veux redire, au nom de tous mes colistièr-e-s et militant-es, mon soutien et ma profonde solidarité. Aucun mot ne suffira à exprimer notre immense émotion, notre infini chagrin. Nous songeons aussi et encore aux blessés qui se battent pour leur survie. Nous songeons à toutes celles et ceux qui ont été traumatisés par ces heures effroyables.

Nous remercions les forces de l’ordre et tous les services de secours, soignants, médecins, personnels de secours, pompiers, policiers et aussi les militaires qui se sont mobilisés ainsi que tous les citoyen-nes qui ont fait preuve de solidarité envers les victimes.

A tous nos concitoyen-nes, je souhaite assurer le réconfort dans la peine, la cohésion face aux menaces, la mesure et la dignité dans nos réactions. Nous avons pris le temps du recueillement, dans le respect de la douleur collective et de l’unité nationale. Aujourd’hui nous voulons assurer à nos concitoyen-nes que nous refusons de nous laisser intimider et que nous défendrons encore et encore notre modèle de société, les valeurs de notre République, la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et la solidarité.

Nous défendrons ces valeurs sans surenchère politicienne, sans sur-jouer nos différences de sensibilités, avec responsabilité et dignité et appelons à l’action concertée dans le respect de nos valeurs humanistes et des principes démocratiques de débat et d’échange.

Le meilleur rempart contre la terreur, c’est de rester debout, solidaires, unis, fraternels ; c’est d’opposer aux forces de mort les forces de vie qui ont nourri les valeurs démocratiques et la devise de notre République.

Vendredi 13 novembre, c’est la France du partage, du dialogue, de la culture et de la mixité qui a été attaquée, dans des lieux du vivre et du faire ensemble. Vendredi c’est ce que nous sommes qui a été attaqué, les symboles d’un mode de vie libre, laïque et pacifique.

Dans ces circonstances terribles, c’est dans le cadre républicain et de l’Etat de Droit que nous devons penser nos réponses pour protéger les Françaises, les Français et notre pays. Nous devons rester unis face au deuil et tout mettre en œuvre pour que les commanditaires et leurs complices ne puissent agir à nouveau. Nous allons nous relever de cet effroyable massacre.

Comment ?

La première réponse, la plus immédiate, est évidemment de prendre les mesures nécessaires à la sécurité de nos concitoyen-nes contre la menace terroriste au plan national mais également au plan européen en renforçant les coopérations. Mais comme le dit l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic, de nouvelles lois ne serviront strictement à rien : il faut des moyens pour les juges, les policiers, les gendarmes, les militaires, les services de renseignement, pour tous ceux qui assurent notre sécurité.

Cela signifie renforcer en particulier nos capacités de renseignement, d’analyse et de contrôle de façon ciblée sur les menaces réelles et identifiées, plutôt que d’épuiser nos moyens et nos capacités dans une surveillance généralisée ou une restriction des libertés toutes deux illusoires et inefficaces. Il faut aussi une réponse au plan européen avec le renforcement des moyens d’Europol, d’Eurojust et la coopération entre les polices européennes. Au plan international, nous devons agir sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et mener une politique diplomatique cohérente qui encourage la paix et ne soit pas dictée uniquement  par des enjeux économiques ou quelques pétromonarchies régionales.

Lutter contre la violence, c’est lutter pour la justice sociale et environnementale car rien ne sera efficace sans action de long terme visant à combler les fractures sociales dans lesquelles le terrorisme s’engouffre.

C’est du désordre du monde que nos ennemis tirent leur funeste énergie. Chaque injustice les renforce. Dans le monde, l’armée de réserve des terroristes s’abreuve à la source de la pauvreté, des sécheresses, de la captation des richesses par une minorité et de l’ignorance.

Luttons contre la violence de ce système, battons-nous pour la justice sociale et la justice environnementale, pour construire un monde plus juste, où chacun et chacune peut avoir une place et croire en l’avenir. Offrons de la culture et de l’éducation pour tous. Changer la donne : voilà le seul combat qui mérite d’être mené. Cela prendra du temps mais c’est possible : si chacun et chacune d’entre nous apporte sa part, à son échelon, dans son quotidien, au sein des collectivités, dans toutes les organisations. La part du colibri dont parle Pierre Rabhi. Partout dans nos territoires, des acteurs et actrices sont mobilisés pour construire un monde meilleur, respectueux du vivant, de l’humain, de la nature. La Région doit mobiliser tous ses moyens pour accompagner cette transition.

Nous voulons contribuer à ces changements nécessaires. C’est la seule réponse valable dans la durée et c’est pourquoi nous sommes plus que jamais déterminés à porter notre projet pour une société apaisée et juste, pour une société écologique. Notre message est simple et pourrait reprendre les mots du Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, après les attentats du 22 juillet 2011 : « Vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance. » 

Nous avons suspendu la campagne pendant le deuil national et  nous allons la reprendre petit à petit. En adaptant nos rencontres publiques au contexte et en en faisant des moments de fraternité, d’échange et d’analyse avec tous les citoyens qui en éprouvent le besoin. Nous entendons la peur, le découragement et la colère. Mais l’heure est à la mobilisation de tous,  pour que la peine et la colère ne basculent pas du côté de la haine. Pour que chaque habitant-e de la région trouve sa place dans la société et puisse y vivre dans la dignité et la liberté.

C’est dans cet esprit que nous revenons vers les habitant-es d’Alsace Champagne-Ardenne Lorraine: dans la compassion vis-à-vis des souffrances de ce monde, dans la lucidité face à la gravité de la situation, dans la conviction que nous pouvons construire, ensemble, un monde meilleur.

Nous gagnerons si nous restons nous-mêmes, si nous continuons à vivre, si nous ne nous dénaturons pas et respectons l’héritage des Lumières, le Droit, les principes d’ouverture et de tolérance.

Nous n’oublierons jamais tous ceux qui étaient au Bataclan, dans Paris et au Stade de France vendredi.

Sandrine Bélier,

Tête de liste « Ecologistes, solidaires et citoyens », Région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine, et ses 188 co-listièr-es