STMICROELECTRONICS – Entre Maxi-licenciements et Giga-dividendes : l’absence dramatique de stratégie industrielle pour nos territoires
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Hier, à la Région Rhône-Alpes, les élus EELV-PG et Ensemble ont défendu un vœu de soutien aux salariés de ST Microelectronics menacés par un plan social. STMicroelectronics, entreprise spécialisée dans la microélectronique et basée à Grenoble et Crolles, incarne tristement les plus mauvaix choix ultra libéraux des très grands groupes : assurer la rente des actionnaires et ne jamais investir suffisamment dans l’innovation. Malgré des aides publiques colossales (1,1 mds € dans Nano 2017 dont ST est le premier bénéficiaire) ST prépare des licenciements massifs et verse des dividendes excessivement élevés aux actionnaires, y compris en cas de résultats négatifs.

Étant donné le développement du numérique, nous affirmons que la microélectronique est une industrie stratégique essentielle qu’il faut soutenir. Ce soutien est mis à mal par l’absence de vision en matière de politiques industrielles de la Région Rhône-Alpes :

  • Aucune conditionnalité des aides publiques de la Région. Nous demandons depuis longtemps qu’il y ait des contreparties vérifiables en termes d’emplois pérennes, qu’il n’y ait pas de versement de dividendes et que le soutien financier de la Région prenne la forme d’avances remboursables ou d’une subvention avec retour sur valorisation des brevets ou bénéfices induits par la R&D. C’est ainsi que le soutien public peut conforter durablement des entreprises implantées sur nos territoires, en évitant le modèle « fabless » (sans usines) qui concentre la R et D – payée sur fonds publics – ici et délocalise les productions systématiquement dans les pays sans normes sociales et environnementales sérieuses.
  • Les élus ont saisi la commission d’évaluation régionale SUEVAL, en charge du suivi des aides aux entreprises, d’une demande d’audition de la direction et les syndicats de STMicroelectronics. L’audition, possible dès le 22 octobre, a été reportée au 10 novembre par décision de l’exécutif. Les élus regrettent ce retard. Une subvention régionale de 25 millions d’euros mérite qu’on se penche au plus vite sur son utilisation.
  • Les élus ont interpellé le président sur le comité de suivi des financeurs publics de « NANO 2017 ». Car si la Région siège dans ce comité, aucune information n’avait été donnée aux élus sur son existence ou ses comptes-rendus d’activités. Les élus ont alors appris que le comité s’était réuni au début de l’été, sans débat sur les déclarations inquiétantes du dirigeant de ST Carlo BOZZOTTI du 12 mai 2015.
  • Aucune vision à long terme, les pouvoir publics ne sont pas stratèges et font le jeu des dirigeants qui rétribuent les actionnaires plutôt que de préserver l’avenir de la filière. Le président Queyranne a clairement indiqué son refus d’interroger les dirigeants sur leur choix d’orientation actuel de l’entreprise, et de manière générale, les pouvoirs publics ne se donnent pas les moyens de vérifier que les aides publiques vont vers les emplois et l’innovation plutôt que dans les poches des actionnaires.
  • Alors qu’elle soutient le projet à hauteur de 25M€, la Région Rhône-Alpes ne prend pas la mesure de l’urgence sociale ni de la dérive ultra-financière d’une filière essentielle pour nos territoires. Distribuer de l’argent sans pensée économique et politique ne peut être considéré comme une stratégie industrielle. Les suppressions de postes et l’augmentation des dividendes ne peuvent permettre la création d’un « Airbus de la microélectronique ».

C’est pourquoi les élus EELV-PG et Ensemble ont défendu un vœu clair de soutien aux salariés de ST Microelectronics, voeu qui demandait au gouvernement un positionnement clair en tant qu’actionnaire, avec l’Etat italien, ce qui permet d’imposer une politique industrielle rompant avec le court-termisme financier, cessant le versement des dividendes et assurant l’avenir des sites italiens et français une conditionnalité des aides publiques et de demander des comptes à la direction de ST sur l’usage des fonds publics perçus depuis 10 ans de demander à l’Union Européenne un vrai plan de développement de la microélectronique.

Ce vœu cohérent a été refusé par le PS, avec non participation au vote du PCF.

Puis le PCF a présenté un vœu citant le défaut de stratégie industrielle et l’enjeu des emplois mais occultant les responsabilités prises antérieurement par les dirigeants qui gorgent les actionnaires et sans réclamer une conditionnalité des aides publiques.

En permettant à ce vœu de passer les élus du rassemblement ont voulu montrer leur soutien aux salariés et continueront à défendre, en lien avec les syndicats, le maintien des sites et des emplois en Isère dans la microélectronique, en veillant à la bonne gestion de l’argent public.