La Région ne doit plus subventionner, sans condition, des entreprises qui licencient
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En 2014, les termes du débat étaient déjà posés. La région Rhône-Alpes a accordé 25 millions d’euros de subventions indirectes à STMicroelectronics (STM). Cette entreprise est aujourd’hui responsable d’un plan social qui s’annonce, selon la note révélée par les syndicats comme sans précédent pour les sites de Grenoble et Crolles. Entre 400 et 1500 emplois risquent d’être supprimés. Quand, en 2014, ST a versé aux actionnaires 360 M$ de dividendes et réalisé pour 150 M$ d’opérations financières, soit 500 M$ consacrés à la finance plutôt qu’à l’investissement. Une marche à deux vitesses qui n’est plus acceptable. Une marche forcée pour les salariés que la nouvelle Région ne devra plus cautionner.

Les élus du Rassemblement ne s’y sont pas trompés. Forts de la précédente expérience malheureuse de Nano2002, en 2013 puis en 2014, seuls les élus EELV, PG et Ensemble ont alerté l’Assemblée Régionale et voté contre la subvention de 25 millions d’euros accordée au projet Nano 2017. Une subvention qui hélas consolide aujourd’hui un futur plan de délocalisation de STM en Chine et en Inde ou sont assemblés mais également, et de plus en plus, conçus les circuits intégrés – transfert des compétences et chômage à la clé. Une subvention qui par ailleurs, loin de privilégier les emplois locaux indirects, favorise en réalité par les investissements qu’elle finance le développement de l’industrie américaine et japonaise qui conçoit les équipements. Ainsi, le « risque investisseur » est supporté par la collectivité plutôt que par les actionnaires outrancièrement rémunérés.

C’est avec ce raisonnement que la Région a certes maintenu les sites en France et notamment en Isère, mais à quel prix ! Celui d’un cout croissant pour les finances publiques, avec des contreparties en emploi local, elles, décroissantes ! En 15 ans, depuis Nano 2002, la Région a ainsi indirectement acheté pour 10 milliards d’euros d’équipements aux États-Unis et au Japon et créé près de 30 000 emplois à l’étranger (Chine, Inde, Singapour, USA, Maroc, Malte, Italie, Suisse).

« Subventionner les entreprises de la région qui détruisent l’emploi dans nos bassins de vie au profit de leurs profits et de leur développement dans d’autres pays n’est plus acceptable pour nos concitoyens. Poser les conditions préalables à une subvention et favoriser les petites entreprises qui investissent pour nos territoires, voilà la politique que nous voulons mener.» déclare Jean-Charles Kohlhaas, tête de liste du Rassemblement.

A deux mois des élections régionales, le Rassemblement entend clairement cadrer l’intervention de la future Région qu’il présidera en matière d’économie. Corinne Morel Darleux, porte-parole du Rassemblement, détaille les engagements du Rassemblement : « Nous mettrons en place des critères clairs, transparents et fermes pour les aides publiques de la Région : création d’emplois locaux et de qualité , nouvelles formes d’organisation du travail (réduction du temps de travail..), empreinte environnementale, investissement dans les filières d’avenir. Il faut utiliser tous les leviers et ne pas négliger les avances remboursables par exemple. En tout état de cause, les grands groupes qui délocalisent, ceux qui distribuent des dividendes tout en licenciant, qui se domicilient dans les paradis fiscaux, ceux-là passeront leur tour ! L’argent public ne coule pas à flots, il doit aller là où il est utile, notamment vers les petites entreprises de notre Région. »

A l’heure ou la pérennité de la branche numérique en France est remise en cause, il est plus que jamais nécessaire de défendre une filière européenne stratégique sur la microélectronique en utilisant les leviers que sont la mobilisation de l’intelligence collective des salariés, l’expertise française en matière de recherche et développement et le pouvoir de contrôle public des Etats Français et Italiens, qui ne doivent pas rester des actionnaires inertes.