#encampagne les petits matins
J’ai emmené mes enfants il y a quelques jours chez le médecin : un homme, la quarantaine, qui habite le 9e arrondissement parisien, dans un confortable immeuble haussmanien. Il m’a interpellé sur les effets de la pollution de l’air qu’il connait malheureusement très bien, comme soignant et comme père. Il a lui même deux enfants. Sa grande fille est asthmatique. Il m’a confié qu’il pensait quitter Paris car il espérait ainsi épargner son aînée.
Autre temps, autre lieu. Il y a quelques semaines au Chêne Pointu à Clichy-sous-bois, en Seine-Saint-Denis. Comme vice-présidente de la Région Ile-de-France en charge du logement, je retourne régulièrement dans cette cité emblématique des copropriétés pauvres et dégradées. A 13 kilomètres de Paris, on a l’impression d’en être à mille lieues. La ville est encore enclavée, les difficultés des habitants sont très loin des richesses de la capitale. Dans un escalier, je discute avec une jeune femme, la trentaine. Elle élève seule son fils de 7 ans. Elle aussi veut partir car elle n’en peut plus des temps de transports entre Clichy et ses différents employeurs (elle est femme de ménage dans des entreprises). Elle peine à faire garder son fils pour pouvoir travailler, elle travaille pour payer cette garde.
Je ne veux pas participer au concours du politique qui sera le plus « proche du terrain », « des vrais gens », de la « France d’en bas » et autres formules de mépris. Je fais simplement de la politique pour régler des problèmes concrets, ceux du médecin parisien ou de la femme de ménage clichoise. Dans ces deux éclats de vie qui semblent étrangers l’un à l’autre, dans ces deux trajectoires en Ile-de-France, on doit entendre les difficultés de vivre dans notre région. Ceux qui en ont les moyens pensent souvent à en partir. Ils ne le feront pas forcément, mais leur inquiétude doit nous alerter. Les plus démunis, eux, encaissent.
Au fil des interviews, des meetings comme mercredi dernier (photo), des rencontres, je ne promets pas l’impossible. Je me refuse à toute envolée irréaliste. Et pour certains cela semblera peut-être bien peu.
Bien respirer, avoir le temps de voir ses enfants : ce n’est pas le grand soir, mais pour y arriver il faudra bousculer bien des lobbys et des conservatismes. Je m’y tiendrai. Tous les petits matins…