Comme dans bien des domaines, ce n’est pas facile d’être une femme en politique ; les relations peuvent être tendues, parfois violentes, et il existe une tendance « naturelle » des hommes à se sentir légitimes ; cela induit une moindre participation des femmes aux candidatures et aux responsabilités, mais bien sûr pas parce que nous sommes des femmes… parce que nous serions incompétentes. Les attaques lancées contre Mmes Cresson, Blandin, Bachelot, Aubry ou Royal ont souvent été teintées de sexisme. Et les femmes elles-mêmes participent de cette idée reçue, et hésitent à briguer les responsabilités. Enfin, la vie politique n’est pas organisée sur le modèle de celle des femmes, qui ont hélas encore majoritairement la charge de la bonne marche de leur maisonnée.

Heureusement, les partis accordent de plus en plus d’importance à la parité, et pour les Verts cette parité est inscrite dans notre code génétique, et donc dans nos statuts. Malgré cela, seuls quelques partis ont respecté l’obligation de présenter autant de femmes que d’hommes aux élections législatives : Les Verts, la LCR, le MPF, LO et CPNT. Il faut savoir que le non-respect de cette parité des candidatures entraine des sanctions financières, mais malgré cela, la plupart des partis influents n’y arrivent pas, le moins volontaire étant l’UMP, avec 26 % de candidatEs. 46% des départements n’ont pas d’éluE. La parité est obligatoire pour les scrutins de liste ; on peut néanmoins vérifier que la loi des nombres impairs favorise systématiquement le genre masculin : aux européennes 44.4% de femmes, aux régionales 47.6 % d’éluEs et 48.5 % aux municipales. Mais 9.5% de mairesses ; 13.1% de conseillères générales ; et je vous fais grâce des statistiques concernant les postes attribués aux femmes.

Mais la dis-parité actuelle va être aggravée par la future et encore hypothétique loi sur la réforme territoriale. Les Verts s’y opposent parce que cette loi est la plus rétrograde qu’on nous ait fait depuis longtemps, elle irait à l’encontre de l’évolution de la société en recentralisant les régions, mais surtout elle mettrait en place un mode de scrutin jamais vu depuis Napoléon III, le scrutin uninominal à un tour. 80% des futurs –et encore hypothétiques je le répète- conseillers territoriaux seraient élus selon ce mode de scrutin. C’est un déni de démocratie puisque cela reviendrait à laisser la représentation populaire aux partis majoritaires, mais surtout parce que la parité ne serait plus obligatoire comme elle l’est aujourd'hui, au moins pour le scrutin régional.

Michèle André et ses collègues des délégations aux Droits des femmes ont estimé qu’aux prochaines élections territoriales ; il pourrait y avoir moins de 20 % de femmes élues !

La France serait de nouveau représentée, comme sous  la IIIème république, par des hommes blancs, sexagénaires, au choix catholiques ou francs-maçons. Ce ne sont certes pas nos ennemis, mais les vieux démons machistes s’en trouveraient revigorés, et la grosse moitié de l’humanité renvoyée à ses fourneaux. Qu’elle aime ou pas cuisiner, d’ailleurs…

Ce qui me rappelle le dessin de Chimulus : un homme assis dans son fauteuil lit le journal et dit à sa femme occupée à la vaisselle : c’est la journée de la femme, chérie, laisse la vaisselle… Tu la feras demain.

Nous, c’est aujourd'hui  que nous voulons faire la parité des élUs et des éluEs. Et nous voulons que le E muet d’éluE soit enfin entendu.

Agnès Mollon, tête de liste Puy-de-Dôme