Politique climatique et énergétique de l’UE : pour des objectifs ambitieux pour 2030

Mercredi 5 février 2014, le Parlement européen a adopté un rapport affirmant la position du Parlement dans le débat sur la politique climatique et énergétique de l’Union européenne pour 2030. Les Verts se félicitent de ce vote qui demande des objectifs contraignants et qui intervient quelques semaines seulement après que la Commission européenne ait présentée une proposition faible et inadaptée à l’urgence climatique.

Yannick Jadot, eurodéputé écologiste et rapporteur de ce dossier pour le groupe des Verts en Commission Énergie et Industrie, est rassuré :

 » Même si les objectifs climat et énergie retenus par le Parlement sont encore loin du nécessaire en matière climatique et du possible en matière énergétique, le signal envoyé aux gouvernements est clair et très important: l’Europe doit se doter d’un paquet climat-énergie avec trois objectifs contraignants, condition sine qua non de sa réussite. Cédant à la pression des Britanniques et des Polonais au lobby des énergies fossiles et nucléaire, la Commission européenne a présenté un paquet dont seul l’objectif climat serait contraignant à l’échelle des États-membres. Cette proposition, favorisée jusqu’ici par la frilosité de pays comme la France, marquerait la fin de la prétention européenne à assumer un leadership mondial en matière climatique et énergétique si elle était validée par le sommet européen du 20 mars. Elle engagerait très mal la conférence internationale sur le climat de Paris 2015 et constituerait également un recul dramatique de l’intégration européenne alors que l’Europe a tous les atouts pour exceller dans ce domaine. Le sommet franco-allemand du 19 février prochain doit marquer une ambition nouvelle et reprendre le principe des trois objectifs contraignants. « 

Sandrine Bélier, députée européenne et porte-parole Environnement du groupe des Verts/ALE, salue le message clair du Parlement :

 » Lors du prochain sommet européen de mars, les États membres devront impérativement suivre la voie tracée par le Parlement. Les enjeux environnementaux, sociaux et économiques imposent que l’Union européenne ne manque pas le coche de la révision de ses politiques climatiques et énergétiques. Seuls des objectifs ambitieux peuvent permettre de sortir l’Europe de la crise en favorisant une innovation et un emploi durables. Un manque d’ambition décrédibiliserait l’UE alors que celle-ci accueillera le prochain sommet international sur le climat à Paris en 2015. « 

Pour Michèle Rivasi, députée européenne et vice-Présidente du Groupe des Verts-ALE, l’égoïsme climatique européen n’est même pas dans son intérêt :

 » Certes il y a urgence à préserver notre climat mais nous avons aussi intérêt à protéger notre économie de notre dépendance aux énergies fossiles, et à ses coûts qui ne font que grimper. En douze ans, la facture énergétique de l’UE a été multipliée par 6 pour atteindre 488 milliards en 2011, soit 4% du PIB européen: nous importons actuellement la moitié de l’énergie fossile que nous consommons, et cette part pourrait passer à 70% d’ici 2030. Peut-on continuer encore longtemps comme cela? Non, et les gaz de schiste ne sont en aucun cas une solution à cette problématique. Il faut tout miser sur l’indépendance énergétique grâce au triptyque: sobriété, efficacité, renouvelables. La protection de notre climat est liée à la protection de notre économie: elle ne passera que par la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles. « 

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Strasbourg, 5 février 2014

Vous trouverez également ci-dessous l’intervention de Yannick Jadot en plénière ainsi que la position des Verts sur le sujet.


Yannick Jadot sur les objectifs climatiques de… par EurodeputesEE

Position du groupe des Verts/Ale concernant « un cadre pour les politiques en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030 »

Le groupe des Verts/Ale

1.       prend acte avec inquiétude de la proposition de cadre d’action de l’Union européenne en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030 adoptée par la Commission le 22 janvier 2014; tient à faire observer que l’objectif proposé de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 revoit les ambitions à la baisse en ce sens qu’il n’offre qu’une chance sur deux de ne pas assister à un réchauffement climatique de plus de 2 °C et de ne pas subir les conséquences de changements climatiques dévastateurs; constate également que le cadre proposé marque un important retour en arrière par rapport à la politique énergétique à l’horizon 2020, en ce sens qu’il omet de préciser un objectif d’efficacité énergétique à atteindre d’ici à 2030 et se borne à faire état d’une volonté d’augmenter cette efficacité, sans imposer de dispositions contraignantes aux États membres en matière de sources d’énergie renouvelables, ce qui compromettra la confiance des investisseurs dans un secteur dans lequel l’Europe joue un rôle de premier plan;

2.       constate la forte mobilisation des citoyens en faveur de la protection du climat et de l’environnement, comme en atteste le fait que plus de 225 000 lettres sont parvenues au président Barroso; doute, à cet égard, de l’engagement du président Barroso à respecter les citoyens et l’environnement; demande instamment aux États membres de désigner de nouveaux commissaires qui écouteront l’opinion publique et les scientifiques, dont l’écrasante majorité plaide en faveur d’une meilleure protection du climat et de l’environnement;

3.       prie le Conseil européen d’adopter une stratégie plurielle fondée sur des politiques cohérentes, coordonnées et qui se complètent mutuellement et sur des objectifs contraignants ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de sources d’énergie renouvelables et d’efficacité énergétique; demande à la Commission et aux États membres de tirer davantage profit des interactions entre ces trois axes, dès lors que ceux-ci constituent les moyens les plus indiqués pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques de l’Union à l’horizon 2030 avec un bon rapport coût-efficacité, pour rassurer les investisseurs et pour accroître et renforcer la compétitivité et la sécurité énergétique dans l’Union;

4.       prie le Conseil européen de fixer à l’Union l’objectif contraignant de réduire de 40 % d’ici à 2030 le volume d’énergie consommé sur son territoire en 2010; insiste sur le fait qu’il convient d’atteindre cet objectif au moyen d’objectifs nationaux contraignants adaptés à la situation et aux possibilités de chaque État membre;

5.       prie le Conseil européen de fixer à l’Union l’objectif contraignant de produire au moins 45 % du volume total d’énergie finale consommé à partir de sources d’énergie renouvelables d’ici à 2030; insiste sur le fait qu’il convient d’atteindre cet objectif au moyen d’objectifs nationaux contraignants adaptés à la situation et aux possibilités de chaque État membre;

6.       prie le Conseil européen de fixer à l’Union l’objectif contraignant de réduire, d’ici à 2030, les émissions réelles de gaz à effet de serre de 60 % par rapport aux niveaux de 1990, conformément à l’objectif de 2° C d’augmentation des températures déjà adopté; insiste sur le fait qu’il convient d’atteindre cet objectif au moyen d’objectifs nationaux contraignants adaptés à la situation et aux possibilités de chaque État membre;

7.       fait observer que le système européen d’échange de quotas d’émissions présente un important excédent de quotas qui est à l’origine d’un prix du CO2 bien inférieur au prix escompté au départ et qui empêche de fixer le prix de manière à inciter à la réduction des émissions et aux investissements dans des technologies durables; insiste sur le fait que cette situation pourrait conduire à une perte d’efficacité économique en ce sens qu’elle pourrait, notamment, contraindre au maintien de biens d’équipement émettant beaucoup de CO2 et accroître la consommation de charbon dans l’Union; demande une réforme structurelle immédiate afin de supprimer au plus vite l’excédent de quotas du système d’échange et une proposition de modification du pourcentage annuel de réduction linéaire de 1,74 % de manière à pouvoir atteindre l’objectif de réduction des émissions de CO2 d’ici à 2050 et l’objectif intermédiaire d’ici à 2030; déplore également les effets néfastes des compensations internationales et se félicite de ce que le recours aux compensations ne sera pas admis après 2020;

8.       fait observer que toutes les directives de l’Union applicables devront être révisées de manière à incorporer le cadre à l’horizon 2030; invite la Commission à présenter, pour le début de 2015, des propositions législatives, fondées sur la codécision, portant révision de la directive relative au système d’échange de quotas d’émissions, de la directive relative aux énergies renouvelables et de la décision relative à la répartition de l’effort;

9.       en vertu du principe de précaution et compte tenu des risques liés à la recherche et à l’extraction d’hydrocarbures non conventionnels (comme le gaz de schiste) et de leur incidence négative sur le climat, sur l’environnement et sur la santé, ainsi que des lacunes constatées dans la réglementation de l’Union concernant ces activités, que la Commission a décidé, sous la pression, de ne pas réglementer, prie instamment les autorités locales et régionales à n’autoriser ni la recherche ni l’extraction d’hydrocarbures non conventionnels dans l’Union, et enjoint aux États membres de s’abstenir de les empêcher de prendre de telles décisions;

10.     prend acte de l’importance de la comptabilisation de l’intégralité des émissions de CO2 prévue par la directive relative à la qualité des carburants afin de réduire le cycle de vie des émissions de gaz à effet de serre dues aux carburants utilisés pour le transport; souligne que la directive relative à la qualité des carburants peut jouer un rôle important pour promouvoir l’utilisation de carburants plus durables dans un cadre pour les politiques en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030;

 

 

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