Le groupe des Verts européens demande au Président Schulz de dénoncer les violations répétées des droits à Pungești en Roumanie
Les eurodéputés écologistes ont adressé une lettre à Martin Schulz, président du Parlement européen, lui demandant de dénoncer fermement la situation de violations des droits de l’Union européenne qui règne actuellement à Pungești, Romanie, où des villageois se sont fait brutaliser par la police anti-émeute alors qu’ils manifestaient en toute légalité contre les plans Chevron d’extraction de gaz de schiste.
Le 2 décembre dernier, après plusieurs mois de manifestation, les résidents du campement de protestation, qui, pour rappel, avait reçu une permission de camper là, ont été expulsés par des troupes de police anti-émeute venues en nombre et usant d’une force complétement disproportionnée.
De nombreux droits ont été bafoués, comme le droit de propriété privée, le droit à l’intégrité physique, le respect de l’État de droit, le droit à la libre circulation ou encore la liberté de la presse.
Depuis lors, la situation ne cesse de s’empirer, avec toujours plus de brutalité, et entraîne une privation de liberté de mouvement et d’expression.
Une pétition a été signée par plus de 40 000 personnes réclamant un arrêt immédiat de ces abus, et le groupe des Verts européens a souhaité s’associer à cette demande dans leur lettre ouverte à Martin Schulz.
Monsieur le Président Schulz,
Nous vous écrivons aujourd’hui au sujet de la violation des lois et principes fondamentaux de l’Union européenne qui règne aujourd’hui en Roumanie, avec les événements du 2 décembre 2013 à Pungesti et qui, depuis, ne cesse de s’empirer. Alors qu’une centaine de villageois décidèrent de manifester pacifiquement sur leur propriété privée, à quelques pas de l’endroit où Chevron souhaite entreprendre des activités de forage, ils ont vu leur droit à la propriété privée bafoué en se faisant expulser de force par des troupes de police en tenue de combat. Les manifestants en question ayant obtenu du propriétaire la permission de camper sur le terrain, et ne se trouvant pas sur le sol de prospection de Chevron, l’intrusion de ces troupes anti-émeutes sur une propriété privée se révèle illégale, et doit donc être punie. On assiste également à une violation du droit à l’intégrité physique et du respect de l’État de droit puisque les forces publiques en place ont été déployées de manière complétement disproportionnée, n’hésitant pas à user de brutalité physique pour déloger les manifestants.
Alors que la libre circulation des personnes est un principe fondamental de l’Union européenne, les représentants du gouvernement romain ont tout simplement ordonné l’isolement de toute une localité et de ses villageois. Une zone délimitée a ainsi été établie de manière totalement arbitraire, couvrant un territoire important. L’accès a alors été interdit à la presse comme aux citoyens, et seuls les entrepreneurs privés peuvent aujourd’hui y accéder.
Dans un second temps, la presse a pu entrer sur la zone en question mais de façon surveillée, et dans un temps très court, ne leur permettant pas de recueillir toutes les informations, ni même de collecter les témoignages des personnes concernées. Il s’agit ici d’une claire violation de la liberté d’expression et du droit d’être informé. Ce sont des violations graves des droits accordés aux citoyens européens par la Charte européenne, et cela pose la question du respect de l’État de droit. Depuis les événements du 2 décembre, la liberté de mouvement est de plus en plus réduite avec le décret de cette « zone spéciale », une présence policière effrayante est déployée et entraine plus de brutalité, de contrôle arbitraire et de violence envers les citoyens. Plus de 40 000 personnes ont signé la pétition réclamant un arrêt immédiat de ces abus, et le nombre de signataires augmente un peu plus chaque jour. C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui de condamner publiquement l’attitude du gouvernement romain qui perpétue ces actions brutales et autoritaires contre ses propres citoyens, d’encourager la mise sur pied d’une enquête poussée de la Commission européenne, et d’agir immédiatement afin d’éviter les abus futurs et permettre la mise sur pied d’un réel État de droit en Roumanie.
Je vous prie d’accepter, Monsieur le Président du Parlement européen, l’expression de nos sentiments distingués.
Sandrine Bélier MEP
José Bové MEP
Reinhard Bütikofer MEP
Rebecca Harms MEP
Yannick Jadot MEP
Jean Lambert MEP
Michèle Rivasi MEP
Raül Romeva i Rueda MEP
Bart Staes MEP
Keith Taylor MEP
Claude Turmes MEP