Yannick Jadot, député européen, Europe Ecologie – Les Verts, spécialiste des questions agricoles, dénonce l’opération de protestation des céréaliers, contre la réforme de la PAC et la surfiscalité.
Quel regard portez-vous sur les manifestations d’aujourd’hui ?
Elles sont conduites, entre autres, par les céréaliers. C’est une manif de riches! 80 % des subventions européennes vont en France à 20 % des exploitations. Et les grandes cultures sont privilégiées. Une exploitation de 400 hectares – ce qui est courant en Ile de France —, génère un revenu de 30 000 euros mensuels à son exploitant. Les céréaliers perçoivent trois à cinq fois plus d’aides européennes que les éleveurs. Ils touchent un double jackpot: des subventions élevées et de très bons cours de céréales.
La réforme de la PAC votée par le parlement européen devait rééquilibrer la distribution des aides…
Nous réclamions un plafonnement à 100 000 euros par exploitation. Nous ne l’avons pas obtenu. Les changements pour lesquels nous nous sommes battus: des aides aux petites exploitations, aux jeunes qui s’installent, à un modèle de production respectueux de l’environnement, à une alimentation de qualité… ne se feront qu’à la marge et pas assez vite. Il ne faut pas que ce soit des modèles de production comme celui du volailler Doux, ou les grands céréaliers et l’agriculture sous perfusion chimique, qui continuent d’emporter la mise.
Le budget de la PAC reste tout de même à un niveau élevé et favorable à la France ?
La France a négocié la réforme de la PAC en concertation avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Et l’on voit aujourd’hui que sur le terrain, les troupes de la FNSEA piétinent le compromis très favorable qu’ils ont obtenu. Cela montre que l’immobilisme ne permet pas d’acheter la paix. Il faut que le gouvernement arrête d’avoir peur et qu’il explique aux citoyens l’absurdité du modèle agricole défendu aujourd’hui par la FNSEA.