« Il faut arrêter d’aider les grands groupes » – Libération, 13/10/2013

Interview parue dans Libération, le 13 octobre 2013
FORUM DE TOULOUSE MIDI-PYRÉNÉES

En ces temps de crise, est-ce une priorité de financer l’écologie ? Oui, répond le député européen Yannick Jadot, mais il faut pour cela cesser de favoriser les grands groupes.

«Faut-il remettre de l’économie dans l’énergie ?» C’est le débat auquel le député européen EE-LV Yannick Jadot participait, lors du Forum organisé par Libération à Toulouse. Pour lui, l’Etat doit investir massivement dans l’écologie, notamment en cette période de crise. Interview.

A l’heure où il est question partout d’efforts financiers, pourquoi l’écologie devrait-elle être une priorité en matière d’investissement ?

C’est le bon moment, au contraire, pour organiser la transition écologique de notre économie. L’écologie comme je la vois, c’est l’opportunité de créer des centaines de milliers d’emplois dans beaucoup de secteurs. Que ce soit dans l’environnement, le bâtiment, l’agriculture ou le traitement des déchets.

Où cela cloche-t-il ?

Tenter de résoudre des problèmes du présent avec les solutions et les acteurs du passé, ça ne fonctionne pas. Il y a une coalition d’intérêts et même une consanguinité entre les personnes à la tête de l’Etat et les patrons des grands groupes qui fait que le modèle est figé. La collusion l’emporte sur l’intérêt général. La difficulté apparaît ainsi avec les PME. Pour les grands groupes, elles deviennent soit des cibles à acheter, soit des sous-traitants.

L’Etat engage-t-il des moyens financiers suffisants pour changer la donne ?

L’Etat n’engage quasiment aucune dépense sur les énergies renouvelables ! Des milliards sont perdus à aider Total ou en laissant le kérosène non-taxé et dans le même temps, le nucléaire est favorisé. Les investissements privés, eux, se dirigent vers le renouvelable parce qu’ils peuvent être hautement rentables, notamment vers la rénovation des logements. Pourquoi l’Etat ne fait-il pas de même ? Tout ça ne se fera que lorsque la priorité ne sera plus donnée aux grands groupes…

En attendant, qui a les moyens d’agir ?

L’Union européenne a un rôle à jouer comme cadre ou coordinateur. Elle en a les moyens, ne serait-ce qu’en matière d’infrastructures. En harmonisant les politiques énergétiques européennes, il y a la possibilité de faire des économies d’échelle conséquentes. Entre 2010 et 2012, ce sont 28 000 emplois qui ont été perdus dans les énergies renouvelables en France, juste à cause de l’instabilité juridique et financière.

Steven Gouaillier, étudiant en journalisme à l’EJT

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