Bruxelles, le 13 février 2013
Lors de son discours d’investiture, le Président des Etats-Unis, Barack Obama a annoncé le lancement des négociations pour un accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis (1). Alors que les tenants du libre-échange, Manuel Barroso en tête, se réjouissent de cette déclaration, les Verts européens mettent en garde contre les risques pour le modèle européen que représente cet accord.
Pour Yannick JADOT, député européen et vice-président de la commission du commerce international:
« La volonté d’Obama de créer une zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE n’est pas une bonne nouvelle car un tel accord pourrait mettre en cause des éléments essentiels de notre cadre réglementaire. En effet, des divergences profondes existent entre les deux blocs commerciaux, sur la notion de service public, les questions liées à l’agriculture, à l’alimentation et à la santé (bœuf aux hormones, OGM, Indications géographiques protégées etc.) ainsi que sur les services culturels et l’audiovisuel. Ces divergences renvoient à des préférences collectives et des choix de société qui ne peuvent être ni ignorés ni rabaissés afin de faciliter ces négociations.
Alors que le « scandale Findus » démontre l’absurdité d’un système alimentaire mondialisé, faut-il renforcer encore le pouvoir de l’agro-alimentaire au détriment des agriculteurs et continuer à détricoter la PAC? Alors que certains groupes multinationaux comme Mittal ou Goodyear se comportent de plus en plus comme des prédateurs, faut-il renforcer leurs droits face aux salariés et face à des Etats européens qui ne parviennent pas à faire commune? Alors que l’heure est à la promotion des PME et de l’économie locale, faut-il renforcer la capacité des multinationales à investir les marchés publics outre-Atlantique au détriment d’une politique industrielle de relocalisation de l’économie?
Au moment où l’Europe connaît une crise économique et sociale sans précédent, qu’elle peine terriblement à se doter d’une politique industrielle ambitieuse, une telle précipitation constitue un danger pour le modèle européen. Cela est d’autant plus vrai que de l’aveu même du Président de la Commission européenne, l’effet de cet accord n’augmenterait que très marginalement la richesse en Europe. Faut-il vraiment détruire notre modèle pour quelques centièmes de point de croissance ?
Enfin, un futur accord avec les Etats-Unis n’est pas un accord comme les autres : ses promoteurs arguent qu’il s’agit là de créer la plus faste zone de libre-échange du monde. Quid alors du multilatéralisme et de l’OMC comme cadre des négociations internationales ? Pour toutes ces raisons, les Verts au Parlement européen s’opposent à l’ouverture par la Commission européenne de négociations avec les Etats-Unis».
(1)Les négociations concernant un accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis n’ont pas encore officiellement débuté, contrairement aux annonces de Barack Obama puisque le Conseil de l’Union Européenne n’a pas encore octroyé de mandat de négociation à la Commission européenne