Nous n’avons plus le temps d’attendre !

28 janvier 2013 à 17:54

Forum de Grenoble Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie Les Verts, participera vendredi 1er février à Grenoble au débat « Le développement durable est-il déjà has been ? » organisé dans le cadre de la 4ème édition des Etats généraux de la République.

Par Yannick Jadot, député européen EELV

On dit de la mode que c’est un éternel recommencement. Une fois dépassée, elle revient 10 ou 15 ans plus tard. Cela doit-il nous inciter à l’optimisme concernant le développement durable? Bien au contraire. Car nous n’avons plus le temps d’attendre.

Souvenons-nous des années 2000. En France comme ailleurs, la protection de l’environnement n’est plus seulement un sujet de préoccupation majeur des citoyens, alimentée par la brutalité des premières conséquences du dérèglement climatique. Sous la poussée des associations écologistes et de la société, la présidentielle de 2007 acte l’environnement comme thème politique à part entière, indissociable de l’avenir de l’humanité.

Un retournement à revers de l’Histoire

C’est le grand rattrapage du monde politique sur la société. Sitôt élu, Nicolas Sarkozy lance son mandat en conduisant à marche forcée le Grenelle de l’environnement. Sur la scène internationale, les chefs d’Etat se sont donné rendez-vous à Copenhague pour sauver le climat. La mobilisation citoyenne est mondiale.

Et patatras ! La négociation climatique capote. Le Grenelle sort vidé de sa moelle de la lessiveuse administrative et parlementaire. Le développement devient renoncement durable avec la célèbre formule de Sarkozy : «l’environnement ça commence à bien faire». On ne retrouve pas en 2012 la dynamique électorale des écologistes aux européennes de 2009.

Ce retournement intervient à revers de l’Histoire. Car nous sommes passés à un nouveau cycle de l’écologie, celui de l’action et des choix. La protection de l’environnement n’est plus seulement une grande cause nationale contre une catastrophe extérieure.

Elle oblige à repenser notre modèle de développement. Elle bouscule les intérêts et les rentes industriels, les conservatismes économiques et sociaux. Il faut choisir entre OGM et bio, nucléaire et renouvelables, Notre Dame des Landes et transports collectifs !

Oublié, le changement massif !

Mais à mesure que les dégâts de la crise détruisent la cohésion sociale, l’heure des choix est repoussée aux calendes grecques. Après la chute de Lehmann Brothers en 2008, les principaux leaders politiques mondiaux annonçaient vouloir transformer un capitalisme financier devenu destructeur. Désormais tétanisés par la peur du lendemain, ils se donnent pour seul agenda le statu quo.

Oublié, le changement massif! Le développement durable redevient ce fantasme de «bobo» que l’on réalisera une fois la croissance revenue, si jamais elle revient… Au niveau européen, le futur est sacrifié au profit de l’ancien en matière de recherche, de transition énergétique.

Les chantages à l’emploi des grands lobbies économiques pèsent plus lourds que les secteurs émergents de l’économie verte, les PME et les perspectives de création d’emplois, l’urgence d’organiser l’après-pétrole et d’éviter un nouveau Fukushima. Le chiffre d’affaires des producteurs d’énergie est finalement privilégié au pouvoir d’achat des ménages.

Faut-il désespérer ? Non. Nous vivons un changement de monde évident. La raréfaction des ressources, le dérèglement climatique ou la destruction de la biodiversité ne sont pas une contrainte passagère. Ils déterminent notre présent et notre futur.

Surtout, la disparition de l’environnement de la scène médiatique et la montée en puissance d’un néo-conservatisme économique et politique n’empêchent pas le mouvement de fond : partout dans le monde, des individus, des collectivités, des entreprises et parfois des Etats se projettent dans la transformation écologique de la société, créent des milliers de PME et des millions d’emplois, améliorent le bien-être des habitants, redonnent vie aux territoires, redonnent sens au progrès et à la prospérité partagée, dessinent un avenir bienveillant. Les Français doivent encore choisir !

Le développement durable est-il déjà has been?

Vendredi 1er février de 11h30 à 13h – Grenoble – MC2

Avace Alice Audouin, responsable du développement durable d’Havas Media France ; Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie- Les Verts ; Edouard Raffin, vice président du Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD)

Débat modéré par Mathieu Taugourdeau (groupe SOS). Débat organisé par les Gracques et le groupe SOS.

Publié le