« Pour peser, nous ne devons pas menacer de partir tous les matins »
Créé le 09-11-2012 à 11h07 – Mis à jour à 11h12
Par Morgane Bertrand
Le député européen EELV Yannick Jadot réagit aux propos de Jean-Vincent Placé sur la participation des écologistes au gouvernement.
« Nous nous posons la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement. (…) De plus en plus, les écologistes s’interrogent », a déclaré vendredi 9 novembre sur Radio Classique le sénateur Europe Ecologie-les Verts Jean-Vincent Placé. Le député européen EELV Yannick Jadot réagit à ces propos qui remettent en question la place de Cécile Duflot et de Pascal Canfin au sein du gouvernement. Interview.
Jean-Vincent Placé tire un fois encore sur la participation des Verts au gouvernement. Qu’en dites-vous ?
– Qu’il faille, au sein des mouvements, des personnes qui poussent un peu plus loin, d’accord. Mais si on interroge en permanence notre participation au gouvernement, il y a un problème. Etre exigeant vis-à-vis des socialistes, ce n’est pas menacer de partir tous les matins ! Jean-Vincent Placé a déjà émis ces critiques, sur le TSCG et la loi organique notamment. Il s’élevait du même coup contre toute la perspective budgétaire européenne du président de la République. Alors même que pour construire un projet de réforme européenne, on doit faire avec.
A quoi joue Placé alors ?
– Il s’adresse à une partie du mouvement écologiste qui, dès le départ, ne souhaitait pas la participation au gouvernement. Une partie minoritaire, qui est dans une logique de protestation. Personne n’est opposé aux bénéfices que l’on peut en tirer. En revanche, nous n’avons pas assez discuté des compromis nécessaires en relation avec cette participation. Si elle est remise en question dès qu’un rapport avance des idées en contradiction avec ce qu’on pense, c’est qu’on n’a pas su faire suffisamment de pédagogie en interne sur la signification de cette participation.
Ces sorties vous posent problème ?
– Disons qu’elles rendent difficile la réalité de notre participation au gouvernement ! Nous savions que ce serait dur, puisque nous sommes en position minoritaire. Dans une période de crise qui plus est, ce qui rend plus difficile le financement de nos propositions. Mais nous avons fait ce choix. En le critiquant tous les matins, vous ne mettez pas vos ministres en situation de peser sur les décisions du gouvernement. C’est une mise en difficulté permanente, qui risque de jouer comme une anticipation autoréalisatrice.
Il y a tout même de profonds désaccord entre les écologistes et les socialistes au gouvernement…
– C’est vrai, tous les signaux ne vont pas dans notre sens, qu’il s’agisse de fiscalité écologique, de la politique industrielle, du droit de vote des résidents non communautaires ou de l’aéroport Notre-Dame –des-Landes. Il y a quelque chose de flottant aujourd’hui au gouvernement, même les socialistes le disent. Mais notre rôle est d’être constructifs, d’essayer de peser dans les décisions. Sans quoi notre participation n’est pas sérieuse. Alors, dans quelques mois, oui, il faudra faire un bilan. Si effectivement, tout cela n’accouche de rien, on sera en situation de s’interroger. Mais à la veille d’un grand débat sur l’énergie, très important pour nous, et en pleine mise en place des groupes de travail issus de la conférence environnementale, c’est beaucoup trop tôt. A moins, bien sûr, qu’Hollande lâche demain que « l’écologie ça commence à bien faire » !
Avez-vous eu Cécile Duflot et Pascal Canfin ?
– Pas encore. Eux font leur boulot. Ils essaient de le faire bien et le font plutôt bien.
Propos recueillis par Morgane Bertrand le 9 novembre 2011 – Le Nouvel Observateur