Propos recueillis par Nathalie Segaunes
24 September 2012
Yannick Jadot, proche de Daniel Cohn-Bendit, a défendu le oui samedi lors du conseil fédéral d’Europe Ecologie-les Verts, qui s’est finalement prononcé pour le non à la ratification du traité budgétaire européen.
Le vote du conseil fédéral marque-t-il une fracture entre Europe Ecologie et les Verts?
YANNICK JADOT. Non, c’est une évolution, pas forcément positive, de notre mouvement, qui tombe peut-être dans la facilité vis-à-vis de l’Europe.
En quoi voter non est-il tomber dans la facilité?
Le traité n’est pas bon, mais il est un des éléments de compromis qui permet de faire avancer l’Europe. Or, Europe Ecologie-les Verts est revenu samedi sur deux éléments constitutifs de notre mouvement : vouloir aller vers l’intégration européenne, parce que nous considérons que c’est la seule échelle pour sortir des crises sociale, économique, écologique. Et sur la méthode, puisque l’idée d’EELV est de prendre acte de la complexité de l’intégration européenne, de la nécessité de reconnaître les différences entre les opinions, mais d’arriver à trouver un chemin réformiste dans ce cadre-là.
La « mise entre parenthèses » de Dany Cohn-Bendit est-elle une façon pour lui de quitter EELV?
C’est une façon d’indiquer la distance qu’il constate aujourd’hui entre le mouvement et sa réflexion politique. Une mise entre parenthèses, ce n’est pas définitif. En même temps, il fait le constat d’un fossé croissant entre ce qu’il considère être notre responsabilité sur la question européenne et ce qu’il perçoit de postures par rapport à l’Europe. Le parti a en effet tendance, comme d’autres formations politiques, à faire de l’Europe le bouc émissaire des crises, et notamment de la crise sociale dont souffrent les Européens.
Cécile Duflot peut-elle rester silencieuse sur le traité?
Pascal Canfin, le ministre du Développement, s’est exprimé (NDLR : il prône l’abstention). Le mouvement s’est exprimé (NDLR : par un non clair à la ratification). Enfin, ses leaders se sont exprimés. Je crois que la parole de Cécile Duflot, en tant que principale ministre écologiste du gouvernement, est attendue, en effet. Elle a été trop longtemps silencieuse sur le sujet.
N’était-ce pas une erreur de vouloir participer au gouvernement?
Je crois que les écologistes sont prêts à gouverner, puisqu’ils le font dans les régions, dans les collectivités, etc. Mais nous n’avons pas assez débattu en interne sur ce que signifiait participer à un gouvernement : c’est-à-dire en assumer la solidarité, dans les moments positifs comme dans les moments plus difficiles. Mais il y a toujours chez nous une culture protestataire, qui a ici utilisé l’Europe pour s’exprimer.