Interview dans Le Figaro « À nous de peser avec nos propositions »

Par Albert Zennou Mis à jour le 02/09/2012 à 21:01 | publié le 02/09/2012 à 20:08 <!–
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Yannick Jadot: «Nous verrons quelles sont les réelles intentions du gouvernement» lors de la conférence environnementale.
Yannick Jadot: «Nous verrons quelles sont les réelles intentions du gouvernement» lors de la conférence environnementale. Crédits photo : Gerard Roussel/Gerard Roussel / PANORAMIC

 

 

Le Figaro: Vendredi, vous avez dit que le divorce était proche avec le gouvernement. Vous vous en rapprochez aujourd’hui ?

Yannick JADOT. – J’avais dit qu’on était proche du divorce parce que continuer à prôner une sorte de conservatisme productiviste n’est plus la solution. Ce qu’a dit Arnaud Montebourg n’est pas souhaitable. On ne bâtit pas l’économie de demain sur le nucléaire, le gaz de schiste, le Minitel ou le Concorde. Ce sont des éléments du passé qui ne permettent ni le redressement productif ni la modernisation de notre économie.

Montebourg, Valls, Batho ont estimé que le nucléaire était une filière d’avenir. Ce n’est pas trop dur à entendre?

Peut-être y a-t-il une nécessité de recadrage. Mais je crois que ce sont avant tout des maladresses de certains ministres qui croient rassurer en utilisant de vieilles recettes. Arnaud Montebourg, qui avait montré beaucoup d’allant tout l’été contre le patronat, a sans doute voulu se rabibocher avec le Medef sur le dos des écologistes. La conférence environnementale aura lieu les 14 et 15 septembre. C’est à ce moment que nous verrons quelles sont les réelles intentions du gouvernement. Nous évaluerons notre participation au regard des actes posés.

Y aurait-il une volonté du PS de se venger de votre accord électoral?

Je ne crois pas à un règlement de comptes. Le PS n’a fait aucun cadeau à Europe Écologie-Les Verts. En politique, les cadeaux n’existent pas, il n’y a que des échanges gagnant-gagnant. Les 17 députés Verts élus en juin représentent près de 3 % de l’Assemblée nationale. Nous ne sommes pas à la tête d’un groupe parlementaire démesuré, même par rapport au score d’Eva Joly à la présidentielle.

Contrairement à beaucoup de responsables de votre parti, vous êtes favorable au traité budgétaire européen, qui cristallise les divergences. L’accord électoral et gouvernemental ne risque-t-il pas d’en faire les frais?

Il est vrai que nous avons, au sein de notre mouvement, du mal à débattre sereinement du traité européen. Certains responsables d’EELV estiment que le poids de la solidarité gouvernementale est lourd à porter et voient dans le refus de voter le traité le moyen de décompresser à bon compte. Nous avons encore un mois de débat avant le vote. Hollande fait bouger les choses. Plutôt que d’utiliser des arguments d’autorité, le premier ministre doit construire avec sa majorité gouvernementale les positions et initiatives françaises pour la relance économique et le renforcement de la démocratie européenne. À nous de peser avec nos propositions.

Comprenez-vous que certains parlent d‘immobilisme?

Des signaux intéressants ont été envoyés: encadrement des loyers, relèvement du livret A, fin de la défiscalisation des heures supplémentaires. Il ne faut pas décevoir les Français. Leur impatience est légitime. D’ici à la fin de l’année, ils devront constater des changements réels, et pas seulement de méthodes, sinon nous passerions d’une légitime impatience à une tout aussi légitime déception.

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