« Valls devrait choisir le démantèlement des centrales plutôt que des camps de Roms »

Le 27.08.2012 à 12:57
jadot - AFP
Yannick Jadot, député européen d’Europe Ecologie-Les Verts.
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« Il faut éviter ce genre de déclaration si on veut que le débat soit serein et responsable », affirme le député européen d’Europe Ecologie-Les Verts, en réaction aux propos du ministre du Redressement productif en faveur de la filière nucléaire. « Les propos de Manuel Valls ou d’Arnaud Montebourg sont en contradiction avec les engagements du Président », ajoute l’ex-président de Greenpeace France. Il souhaite une mise au point de Jean-Marc Ayrault. Entretien.

« Le nucléaire est une filière d’avenir », selon le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Comment avez-vous réagi en apprenant ses propos ?
Quand j’entends ça je ne vais pas vous dire que ça me fait plaisir. Mais ça ne me surprend pas totalement de sa part. J’y ai vu surtout la méthode Coué appliquée au nucléaire. Au moment où l’été a encore révélé les problèmes de sureté de nos centrales en Europe, qu’on a toujours plus de délais et de surcoûts financiers pour les nouveaux réacteurs en Finlande et à Flamanville et que de plus en plus de pays abandonnent leurs projets nucléaires, il y a une forme de discours totalement fantasmé sur le nucléaire.

Qu’une partie de nos dirigeants soient toujours dans cette culture nucléaire ne me surprends pas. Mais la compétition énergétique internationale sur l’énergie se fait sur l’énergie renouvelable. Et ça me gêne que ce ne soit pas la priorité du ministre du Redressement productif. L’industrie photovoltaïque a été touchée à hauteur de 10.000 à 15.000 emplois par le précédent gouvernement. Or c’est une vraie filière d’avenir.

Comme Noël Mamère, diriez-vous que ces propos sont de nature à s’interroger sur la validité des accords passés au sein de la majorité ?
Non. C’est une déclaration que je veux croire isolée. Nous allons avoir la conférence environnementale mi-septembre, avec normalement un grand débat sur les questions d’énergie. A l’issue, de grands choix devront être pris. J’ai confiance dans l’intelligence de nos concitoyens.

Le porte-parole du PS parle d’un « sentiment personnel » au sujet des propos d’Arnaud Montebourg, mais le ministre de l’Intérieur Manuel Valls pense que la filière nucléaire est « incontestablement » une filière d’avenir…
La seule filière d’avenir dans le nucléaire, c’est le démantèlement des centrales. Manuel Valls devrait choisir le démantèlement des centrales plutôt que le démantèlement des camps de Roms.

Attendez-vous de Jean-Marc Ayrault, invité du 20 heures de France 2 ce soir, une mise au point ?
J’imagine que Jean-Marc Ayrault fera une mise au point et mettra en perspective les enjeux des prochaines semaines. Il faut éviter ce genre de déclaration si on veut que le débat soit serein et responsable.

L’objectif de réduction de la part du nucléaire de 75 à 50 % dans la production d’électricité semble moins une priorité du gouvernement…
L’objectif fixé par le Président, c’est la réduction, pas l’accroissement du parc nucléaire. Donc les propos de Manuel Valls ou d’Arnaud Montebourg sont en contradiction avec les engagements du Président. Ce pays a besoin d’un grand débat sur l’énergie qui n’a jamais eu lieu. On ne va pas acter une nouvelle politique énergétique avant de faire débattre les citoyens. Prenons le temps de ce débat dans la perspective d’une réduction du nucléaire.  Je ne doute pas que la France ne va pas une fois de plus rater le train d’un vrai redressement énergétique productif.

A La Rochelle, Jean-Marc Ayrault a déclaré qu’il n’y a « pas de sujet tabou, y compris sur les gaz de schistes », que les écologistes combattent. Est-ce qu’Europe Ecologie-Les Verts pèse dans la majorité ?
Il a dit qu’on maintenait l’interdiction sur la technologie de fracturation hydraulique. Donc il n’y a pas d’exploitation des gaz de schiste. Après, il dit j’attends de voir les technologies, mais il y a un débat. Il devra être tranché. Sur le gaz  de schiste ou le nucléaire, la technologie sans risque n’existe pas. Le nucléaire ou les gaz  de schiste sont des énergies du passé. Si en permanence on envoie des signaux sur le fait qu’on hésite à maintenir de vieilles énergies, le système industriel ne va pas prendre ce nouveau cap. Je crois que les écologistes pèsent  aujourd’hui : sur la question de l’encadrement des loyers, le débat sur les Roms, où vous avez vu une positon d’équilibre. Après, on verra. Je m’interdis d’évaluer la participation gouvernementale sur la base de déclarations isolées.

 
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