5 juillet 2012 à 19:33 (Mis à jour: 19:41)
Par QUENTIN LAURENT
François Hollande s’est rendu mercredi 4 juillet à bord du «Terrible», sous-marin Français lanceur de bombe, pour défendre la dissuasion nucléaire. Une décision maladroite selon Yannick Jadot, député européen d’Europe-Ecologie Les Verts. Qui regrette que le président n’a pas plutôt choisi cette date, jour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, pour régler la question des déchets nucléaires toujours enfouis dans les sols de l’ancienne colonie.
Vous critiquez la sortie de François Hollande à bord d’un sous marin nucléaire, le jour même du 50e anniversaire de l’indépendance d’Algérie, pourquoi cela?
Je ne critique pas sa démarche, mais j’estime que le jour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, il y avait mieux à faire. Cela aurait été un bon geste de la part du nouveau président de lever le secret défense sur les activités nucléaires de la France dans le Sahara. On sait qu’il y eu des essais atmosphériques et souterrains dans les années soixante. Aujourd’hui encore, il y a toujours des déchets nucléaires enfouis au Sud Sahara et des milliers de personnes qu’il faudrait indemniser. Je pense que François Hollande n’a même pas fait le lien entre les deux, mais ce déplacement trouve écho dans l’histoire franco-algérienne. Il aurait pu ouvrir les archives militaires pour que les Français dépolluent ces sites.
Pourquoi est-ce si important d’ouvrir ces archives?
Parce qu’elles contiennent les informations qui nous permettraient de localiser le matériel laissé sur place, des déchets radioactifs. Des dizaines de milliers de personnes ont été soumises aux radiations, dont près de 10 000 soldats Français. Avec, à l’arrivée, un taux de mortalité et de cancer beaucoup plus important que la moyenne parmi les vétérans en poste en Algérie et les habitants. Et toujours pas de reconnaissance de ces dommages causés. Des personnes vivent toujours à proximité de zones contaminées. Ouvrir ces archives ce serait l’occasion de tourner une nouvelle page de notre histoire avec l’Algérie.
Pour quelle raison n’ont-elles toujours pas été ouvertes?
Le secret qui entoure toujours la France sur les questions nucléaires. Il y a une culture française de secret défense unique dans notre pays. Ajoutez à cela la difficulté d’assumer son douloureux passé avec l’Algérie. La loi Morin de 2010 (qui reconnait pour la première fois que les tests nucléaires français ont pu causer des contaminations) a fait un premier pas dans ce sens. Le problème est que cette loi est trop contraignante et trop peu de personnes ont pu faire reconnaître leur droit à indemnisation.
C’est un devoir pour la France selon vous?
Les victimes doivent savoir ce qu’il s’est passé exactement. Et la France a la responsabilité de dépolluer ces sites et d’assurer le suivi sanitaire des personnes touchées par les radiations. C’est son héritage, elle doit l’assumer.