Le Parlement européen a adopté, mercredi 13 juin 2012, une résolution exprimant sa position sur l’accord de libre échange entre l’Union Européenne d’une part, le Pérou et la Colombie d’autre part.
Dans cette résolution, le Parlement européen appelle à la mise en œuvre, dans le cadre de l’accord, d’une « feuille de route », non contraignante, pour un meilleur respect des droits de l’homme, des droits des travailleurs et de l’environnement. Cette proposition n’est que poudre aux yeux dans la mesure où une « feuille de route » n’est jamais un instrument contraignant. Jugeant ces positions bien timides, le groupe des Verts européens, auquel appartiennent les députés EELV, a voté contre cette résolution.
Pour Catherine GREZE, (Verts/ALE), coordinatrice de la Commission du développement et Vice-présidente de la commission « Affaires Economiques » de l’Assemblée parlementaire Eurolat :
« Cette feuille de route entérine le déséquilibre commercial qui ne favorisera pas les plus démunis. De plus, elle n’aura aucun effet contraignant pour renforcer le respect des droits de l’homme, des droits syndicaux et de l’environnement. »
Et d’ajouter :
« En 25 ans, ce ne sont pas moins de 3000 syndicalistes colombiens qui ont été assassinés. Certes, la Résolution mentionne ces graves dérives mais nous sommes en droit d’attendre autre chose que ce texte qui n’a d’autre utilité que de donner bonne conscience aux groupes politiques qui l’ont voté. »
Pour José BOVE, (Verts/ALE) contre rapporteur de la résolution en Commission INTA :
« Les accords de libre commerce qui se négocient entre l’Union européenne, d’un côté, la Colombie et le Pérou de l’autre, s’inscrivent dans la droite ligne de la politique libérale menée depuis des années. Seuls les intérêts des grandes entreprises sont pris en considération. Tout est mis en œuvre pour qu’elles puissent investir où elles le veulent et rapatrier les bénéfices comme elles l’entendent.
Dans ces deux pays, l’accaparement des terres, ou la spoliation des ressources naturelles se pratiquent à grande échelle souvent grâce à la complaisance des autorités locales. Près de 2 millions de personnes ont été chassées de leur terre en Colombie pour faire place à de gigantesques plantations. Au Pérou, le gouvernement a décidé d’utiliser la répression et l’intimidation pour réduire la contestation contre une mine à ciel ouvert.
La résolution votée aujourd’hui par le Parlement européen ne permet pas de pousser les gouvernements de ces pays vers le respect des droits humains. Je regrette vivement que la majorité des députés n’aient pas écouté les demandes les syndicats et des associations de défense des droits de l’Homme ».
Alors que le Parlement européen doit se prononcer, à l’automne 2012, sur la ratification de l’accord de libre échange Union Européenne / Colombie-Pérou, le vote de cette résolution augure mal des futurs débats. Convaincus que les droits de l’homme et ceux des travailleurs, européens comme colombiens ou péruviens, ne peuvent être sacrifiés au nom du libéralisme économique, je me battrais, avec d’autres, en commission du commerce international notamment, pour un accord juste, protecteur des droits de chacun et réciproque.