Quatre pays souhaitent que l’UE subventionne le nucléaire

(d’après Agence Europe)

ÉNERGIE: quatre pays souhaitent que l’UE subventionne le nucléaire

14 April 2012
Agence Europe

POLITIQUES SECTORIELLES

Bruxelles, 13/04/2012 (Agence Europe) – La France, le Royaume-Uni, la Pologne et la République tchèque réclament de faire subventionner par l’Union européenne l’énergie nucléaire comme l’éolien ou le solaire, selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung de vendredi 13 avril.

Un porte-parole du ministère français de l’Industrie a démenti vendredi les informations du Süddeutsche Zeitung selon lesquelles Paris, Londres, Varsovie et Prague réclament de faire subventionner l’énergie nucléaire par l’Union européenne. Il n’y a aucune initiative française en ce sens, a assuré un porte-parole d’Eric Besson, le ministre de l’Industrie, précisant également qu’il n’y avait eu aucune concertation avec d’autres pays sur le sujet.

Ces quatre pays ont envoyé des lettres en ce sens à la Commission européenne, en préparation d’une rencontre des ministres de l’Énergie des pays de l’UE la semaine prochaine. Les ministres européens de l’Énergie et de l’Environnement doivent se réunir de façon informelle au Danemark du 18 au 20 avril.

Faisant fi de la décision allemande d’abandonner totalement l’énergie atomique fin 2022, ces quatre pays veulent qu’à l’avenir les centrales nucléaires soient classées comme des technologies ne provoquant pas d’émissions de gaz à effet de serre au même titre que l’éolien et le solaire, ajoute le journal. Si les quatre États arrivaient à imposer leurs vues, la construction de centrales nucléaires et la vente d’énergie nucléaire pourraient être subventionnées, détaille le Süddeutsche Zeitung.

« La Commission ne finance pas et ne cofinance pas la construction de nouvelles centrales nucléaires en Europe », a dit un porte-parole de la Commission. Il a rappelé que « le choix du nucléaire relève de la compétence exclusive des États membres ». Pour l’avenir, la Commission attend de voir ce que donneront les discussions entre les États membres. Il n’y a pas de cadre particulier en matière d’aides d’État dans le domaine du nucléaire, mais la Commission a déjà approuvé des subventions publiques, au titre du traité Euratom, sur le démantèlement des centrales ou la gestion des déchets nucléaires.

« Hors de question », martèlent les verts au PE

Ces quatre pays demandent à l’UE de subventionner publiquement le nucléaire, « sous prétexte qu’il ne provoquerait pas d’émissions de gaz à effet de serre. À contre-courant de la tendance européenne de sortir ou refuser l’énergie atomique, les quatre États souhaitent faire payer les contribuables pour soutenir une énergie dangereuse et non rentable », commente le groupe des Verts/ALE au Parlement européen.

Pour Michèle Rivasi, l’industrie nucléaire « joue ses dernières cartes pour survivre. La catastrophe de Fukushima a eu lieu il y a seulement un an, la situation dans les réacteurs est loin d’être contrôlée, les tests de résistance des réacteurs européens n’ont même pas été finalisés…et pourtant les États pro-nucléaires de l’UE – la France en tête – souhaiteraient que le nucléaire bénéficie des mêmes avantages que les énergies renouvelables? C’est hors de question! ». Elle rappelle que le nucléaire est déjà subventionné au travers du financement public de la recherche et estime que la plus importante de toutes ces subventions est le « plafonnement de l’assurance-responsabilité nucléaire » (aucune autre entreprise du domaine de l’énergie ne bénéficie d’un tel avantage « scandaleux »).

Pour Yannick Jadot, l’UE doit rester ferme face à l’arrogance de ces quatre pays. « Alors que les énergies renouvelables sont une technologie récente en plein essor, le nucléaire est une énergie du passé, avec un coût qui ne cesse d’augmenter. Au lieu d’investir dans l’avenir et les énergies renouvelables, on veut continuer d’imposer une charge de plus en plus importante aux contribuables et aux consommateurs, comme c’est le cas en France avec l’EPR de Flamanville dont le coût s’élève déjà à 7 milliards d’euros alors que son fonctionnement est très loin d’être assuré ». Il invite la Commission et les autre États membres à ne pas tomber dans ce piège et cette aberration énergétique, « contraire à l’élimination du risque nucléaire et à la modération du changement climatique ». (LC)

Agence Europe SA

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