Climat: la frilosité des conservateurs pèse sur l’ambition climatique européenne

Sur le climat, de manière générale, le groupe des Verts / ALE soutient largement les propositions ambitieuses et progressistes afin de faire bouger la machine climatique.

Pourtant, le 15 mars, les écologistes se sont finalement abstenu sur un rapport qui mêlait conservatisme industriel, peu d’ambition climatique, sous la pression des lobbies et des conservateurs

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Voir la vidéo de l’intervention de Yannick Jadot le matin, 2 heures avant le vote qui a amputé le texte de ses points les plus ambitieux.
Etre ambitieux pour le climat face au… par EurodeputesEE

Etre ambitieux pour le climat face au… par EurodeputesEE

 

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Voir la dépêche AFP

STRASBOURG (Parlement européen), 15 mars 2012 (AFP) – Le Parlement européen a apporté jeudi un soutien mesuré au projet de feuille de route sur la contribution de l’Union européenne à l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 approuvé la semaine dernière malgré l’opposition de la Pologne.

Les élus ont approuvé par 398 voix contre 131 et 104 abstentions un rapport du libéral britannique Chris Davis contenant 123 demandes ou recommandations en soutien de ce programme d’actions.

Mais les débats ont confirmé un important clivage entre les groupes politiques et le non respect d’accords sur certains amendements ont amené les Verts à s’abstenir lors du vote définitif pour manifester leur mécontentement, ont-ils indiqué.

Les partis de droite ont manifesté beaucoup de réticences sur la feuille de route.

« L’Union européenne ne représente que 12% des émissions mondiales. Si nous faisons cavalier seul, nous allons nous planter », a ainsi averti Elisabetta Gardini, élue italienne du Parti Populaire Européen (PPE, conservateur) pendant le débat.

« La faible majorité en soutien de ce rapport reflète des craintes », a pour sa part insisté sa collègue française Françoise Grossetête, en insistant sur la taxe sur la pollution aérienne, « source potentielle de conflits commerciaux ».

« L’UE est isolée » dans les négociations internationale, ont affirmé plusieurs élus conservateurs. Le Tchèque Miroslav Ouzky du groupe ECR (conservateurs eurosceptiques) a insisté sur les « changements structurels très importants » que cette feuille de route va imposer dans certains pays.

Ces contraintes ont été invoquées par les dirigeants Polonais pour opposer un veto à la feuille de route vendredi dernier lors d’une réunion des ministres de l’Environnenemnt de l’UE en charge du dossier.

Les élus socialistes, Libéraux et Verts ont déploré cette frilosité de la droite.

« Nous avons besoin d’une stratégie sur le long terme et nous regrettons que le Conseil (qui représente les gouvernements des 27 pays de l’UE, ndlr) ait été bloqué par un pays, ce qui le paralyse », a insisté le socialiste allemand Jo Leinen.

« Une solution sera trouvée pour la Pologne », a assuré la commissaire au Climat Connie Hedegaard. « Le budget européen peut aider la transition dans les pays vers l’efficacité énergétique », a-t-elle souligné.

La feuille de route vise à baliser la contribution de l’Union européenne pour réduire les émissions des pays industrialisés de 80% à 95% par rapport à leur niveau de 1990 en 2050 afin de limiter le réchauffement du climat de la planète à 2 degrés celsius.

A ce jour, l’UE s’est engagée pour 2020 à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990.

Cet effort devrait être porté à 40% en 2030 et à 60% en 2040, selon le projet de feuille de route.

Le plan d’action européen prévoit également de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation de l’UE en 2020 et de réaliser 20% d’économies, notamment grâce à l’efficacité énergétique.

Varsovie juge la feuille de route très théorique en l’absence d’engagements des autres grands pays pollueurs, notament la Chine et les Etats-Unis, et soutient ne pouvoir s’engager que sur un effort que la Pologne peut réellement fournir.

L’analyse de Yannick Jadot

Particulièrement actifs, les députés de l’UMP ont confirmé d’une part le manque d’ambition climatique affiché depuis des années par le Président de la République et, d’autre part, que les promesses du candidat Sarkozy, en particulier concernant l’ajustement carbone aux frontières, ne sont que des effets d’annonce.

« Le Parlement européen peine à affirmer son ambition climatique, en dépit des évaluations scientifiques de plus en plus alarmantes, et en dépit des effets très positifs de la mise en place d’une économie bas carbone sur l’industrie, les emplois et la sécurité énergétique de l’Europe; si elle est fondée sur la sobriété et l’efficacité énergétique, les renouvelables et des réseaux intelligents. A force d’amendements et de votes régressifs, la droite conservatrice a réduit considérablement les moyens de l’Europe pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aujourd’hui, c’est le climat qui est victime de la schizophrénie de l’UMP. Aux avant-postes des conservateurs européens, les eurodéputés UMP ont non seulement empêché le Parlement européen de revoir à la hausse les objectifs climatiques de l’Union européenne à l’horizon 2020 (1), et de résoudre les dysfonctionnements du marché carbone, mais ils se sont également battus pour inclure du nucléaire dans le texte, contre toute logique sociale, économique et climatique.

Ils confirmé par leurs votes le manque flagrant d’ambition de la France et du Président de la République en matière climatique. Plus cyniquement, ils ont aussi confirmé que les promesses du candidat Sarkozy d’instaurer un ajustement carbone aux frontières de l’Europe n’étaient qu’un effet d’annonce en votant contre la mise en place d’un tel dispositif. Ils ont une nouvelle fois privilégié les intérêts des multinationales à ceux des PME européennes. Ce n’est pas la première fois que les députés UMP font cette démonstration: il y a quelques mois, sur le rapport commerce et changement climatique dont j’étais le rapporteur, ils votaient contre un dispositif de réforme des marchés publics pour introduire une possibilité de « contenu local » favorisant nos PME.

En refusant de réorienter l’économie européenne vers la sobriété, l’efficacité énergétique et les renouvelables, la droite et les libéraux européens font le choix de laisser les consommateurs démunis face à l’explosion de leurs factures de carburant, de laisser les salariés isolés face aux délocalisations d’une industrie qui n’a pas innové quittant nos territoires, et de laisser les citoyens du monde entier dépourvus face au dérèglement climatique. »

(1) Pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 95% d’ici 2050 et limiter le réchauffement de notre planète à 2°C d’ici la fin du siècle, les scientifiques recommandent un objectif de 30 à 40% d’ici 2020, contre seulement 20% aujourd’hui.

 

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Voir la vidéo de l’intervention de Yannick Jadot le matin, 2 heures avant le vote qui a amputé le texte de ses points les plus ambitieux.
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