Le Dauphiné Libéré, Ève MOULINIER le 24/02/2012
Il n’est plus le porte-parole d’Eva Joly pour la présidentielle, mais il précise qu’il est toujours un de ses proches conseillers. L’euro-député et “ténor” d’Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot, était hier en campagne en Isère. D’abord à Grenoble et ensuite à Voreppe pour visiter l’entreprise de papier recyclé Vertaris, qui connaît de sérieuses difficultés. Interview.
Quel est le point fort du projet présidentiel d’Eva Joly ?
« L’un des points forts concerne notre perception de la crise qui est totalement différente de celles des autres candidats. Souvenez-vous en 2009, tout le monde s’accordait à dire qu’il fallait moraliser le capitalisme, mais aujourd’hui, plus personne n’en parle. Parce que, face à une telle crise du système, il faut des actes que seuls les écologistes veulent assumer. L’UMP propose de l’austérité et le PS attend une hypothétique croissance. Nous ne sommes pas dans ces logiques-là.
S’attaquer à la crise financière et sociale oblige à s’occuper de la crise écologique, en créant des filières locales, en créant des emplois qui ne se délocaliseront pas. L’économie verte est la solution ».
Un autre point fort ?
« Nous voulons redonner le pouvoir aux citoyens.. Et pas en organisant, comme Sarkozy, des pseudos référendums pour chasser les chômeurs ou les immigrés. Nous voulons que les citoyens choisissent quelle énergie ils souhaitent localement utiliser.
Nous voulons aussi que chaque comité d’entreprise soit composé à 50 % de salariés, afin d’en finir avec l’actionnaire-roi. Nous voulons aussi réconcilier les Français entre eux après toutes les tentatives de divisions de Nicolas Sarkozy…
Son discours de Marseille était en ce sens une resucée du discours affligeant de Grenoble. Il faut que cela s’arrête, il faut assurer les droits de chacun ».
Eva Joly viendra le 12 avril à Grenoble pour son plus grand meeting de province. EELV aime Grenoble, non ?
« Grenoble porte chance aux écologistes, alors dans des circonstances de campagne un peu compliquées, il ne faut pas hésiter à faire appel à la chance ».
Pourquoi votre campagne est-elle si compliquée ?
« Les campagnes présidentielles sont toujours compliquées pour les Verts, pour toutes les petites formations, du fait de l’ultra-personnalisation du scrutin.
Du coup, il n’y a plus de débat de programme, seulement des enjeux de personnes. Et ce contexte n’est pas simple, pire, il abîme la démocratie. Quand on voit que les discussions tournent depuis des mois autour de la question de savoir si Hollande a bien fait de perdre des kilos… »
Alors qu’on ne parle plus d’écologie…
« En 2007, tout le monde promettait tout, car seuls les beaux discours suffisaient. Aujourd’hui les Français attendent des actes, mais les autres politiques ne sont pas capables de faire des choix. Quand on pense qu’il n’y a aujourd’hui plus de ministre de l’Environnement et que personne ne s’en soucie… Nous, au contraire, nous avons des propositions concrètes ».
Et avec Corinne Lepage, c’est toujours tendu ? Eva Joly a quand même lancé : “Je l’emmerde”.
« Cela intervenait après de multiples attaques personnelles, contestant la légitimité d’Eva Joly ! Corinne Lepage s’est toujours construite comme cela. Elle est dans une logique individuelle, au service de son ambition. Mais Corinne Lepage est un épiphénomène…
Dans quelques jours, elle dira qu’elle n’a pas obtenu ses 500 signatures et cela sera fini ».