Le naufrage du navire TK Bremen, battant pavillon maltais, sur la plage de Kerminihy dans le Morbihan, pourrait représenter un grave péril pour la biodiversité locale. Sur les 180 000 litres de fuel du vraquier, 60 000 se sont déjà déversés dans la mer et sur le sable, obligeant une nouvelle fois les Bretons à se mobiliser.
Face à ce qui pourrait bien devenir un nouveau désastre environnemental et économique, les regards se tournent vers les autorités maritimes du port de Lorient, qui ont autorisé le TK Bremen à quitter le port malgré un avis de tempête. Cette autorisation pourrait s’avérer être une violation du droit européen. Pour soutenir les personnes mobilisées – et indignées – localement, Yannick Jadot a posé une question écrite prioritaire suivante à la Commission européenne:
» Le 16 décembre dernier, le TK Bremen, navire au pavillon maltais, transportant du ballast, a quitté le port de Lorient (Morbihan) malgré des conditions météorologiques défavorables, afin de rejoindre l’île de Groix.
Suite à son départ du port, le TK Bremen n’a pas été en mesure de faire face à la tempête Joachim. Le navire a dérivé jusqu’à la plage de Kerminihy, à Erdeven (Morbihan) et s’y est échoué aux environs de 2h du matin. Le navire s’est ainsi retrouvé à 2km au sud de l’embouchure de la ria d’Etel, fleuve côtier dont la partie marécageuse est une zone protégée classée Natura 2000 (couverte donc par la Directive Natura 2000).
Suite à cet échouement, la coque du TK Bremen s’est ouverte en trois points, laissant près de 60 000 litres de fuel se déverser dans la mer et sur la plage, sur un chargement total de 180 tonnes de fuel et 40 tonnes de gazole.
Les autorités sur place doivent désormais organiser le pompage des 120 000 litres de carburant de propulsion restants dans le navire. Selon les derniers pronostiques, les dégâts subis par le TK Bremen le rendront impossible à remorquer, et il faudra ainsi découper le navire après l’avoir vidé de son carburant.
Au-delà des conséquences de la mise en place d’une telle procédure, des conséquences directes sont d’ores et déjà observables. Non seulement, le carburant répandu dans la mer et sur la plage pourrait avoir un effet désastreux sur la flore et la faune locales, mettant ainsi en péril la biodiversité d’une zone protégée, mais le naufrage pourrait également avoir des répercussions graves sur l’économie locale, en mettant en menaçant plus de quarante exploitations ostréicoles.
Quasiment douze ans jours pour jours après le naufrage du navire Erika, la Commission est-elle informée de la situation du TK Bremen?
Est-elle au fait du non respect, par les autorités maritimes du port de Lorient, du 3ème Paquet « Sécurité Maritime », notamment de la directie 2009/17/EC qui prévoit que « L’autorité concernée devrait être à même de prendre toute mesure appropriée pour assurer la sauvegarde des vies humaines en mer et la protection de l’environnement« ?
La Commission européenne considère-t-elle que le TK Bremen, compte tenu de sa taille (109 x 16 m), de sa jauge (6605 DWT) et de son chargement (190T de fioul), aurait du être considéré par les autorités maritimes françaises comme posant potentiellement un risque grave pour l’environnement, dans les conditions météorologiques présentes le jour du naufrage, et à ce titre, être maintenu dans le port de Lorient?
Quelles suites la Commission compte-elle donner à cette affaire, et va-t-elle mettre en place d’éventuelles poursuites des autorités maritimes françaises ? »