L’ex-porte-parole d’Eva Joly réaffirme qu’Ali Bongo est « un dictateur »
Yannick Jadot, l’ancien porte-parole de la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle Eva Joly, a réaffirmé jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris qu’Ali Bongo Ondima, qui préside le Gabon depuis la fin 2009, était un « dictateur ».
« Quand on est élu dans une élection contestée, que quelques jours après il y a une répression violente des manifestations, quand la presse ne peut fonctionner librement (…), quand des opposants sont harcelés, ça s’appelle selon moi une dictature », a déclaré M. Jadot, attaqué en diffamation et injure par le président gabonais.
« Il y a des institutions au Gabon, une constitution (…) mais tout ça est encadré, contrôlé par le clan d’Ali Bongo », a dénoncé l’écologiste. « Je ne compare pas Ali Bongo à Hitler ou Pol Pot, a-t-il nuancé, mais quand on a contrôlé ou opprimé la liberté démocratique, on peut utiliser ce qualificatif. »
Le 16 juillet 2011, Yannick Jadot avait critiqué dans Libération la parade militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées.
« Quand on ferme les yeux une seconde et qu’on imagine un défilé militaire dans un autre pays, on pense immédiatement à une dictature », avait-il dit, rappelant au passage que les défilés de 2008 et 2009 s’étaient faits « devant Bachar al-Assad, ou devant des dictateurs africains comme Ali Bongo. Faire défiler nos armées devant des personnes qui massacrent leurs peuples, ce n’est pas un signal très positif envoyé à la République. »
Devant les magistrats de la 17e chambre, un prêtre gabonais, universitaire à Paris et militant des droits de l’Homme, a aussi critiqué la situation au Gabon: « Nous avons affaire au renforcement d’un pouvoir politique sans partage, coercitif qui massacre les libertés individuelles: y a-t-il une autre définition de la dictature? », a-t-il interrogé.
« Je ne crois pas qu’on puisse le qualifier de dictateur depuis qu’il est président de la République », a rétorqué l’avocat d’Ali Bongo, Me Patrick Maisonneuve, en appelant la partie adverse à le distinguer de son père, Omar Bongo, mort en juin 2009 après 41 ans de pouvoir.
« Rien ne nous permet aujourd’hui de le qualifier ainsi », a-t-il plaidé. « Les critiques ont fusé bien souvent, mais le qualifier de dictateur, non sûrement pas. »
Quand « on lui a imputé les massacres de son propre peuple, (…) nous avons estimé que la ligne avait été clairement franchie », a-t-il conclu, avant de réclamer un euro symbolique.
Décision début 2012.