Une faille de plus dans la prise en compte du risque nucléaire

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Bruxelles, le  5 décembre 2011

Alors que Greenpeace montre aujourd’hui publiquement la faiblesse de la sécurité des centrales nucléaires, en pénétrant sans aucun problème ce matin dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), Yannick Jadot rappelle que les « stress tests » décidés au niveau européen sur les centrales nucléaires n’ont jamais pris en compte les facteurs humains. Le niveau d’exigence des stress tests ne suffit clairement pas pour évaluer les risques liés au fonctionnement des réacteurs nucléaires en Europe et pour améliorer la sûreté nucléaire.

Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie – les Verts / ALE et membre de la commission parlementaire chargée de l’énergie réagit au coup d’éclat de Greenpeace :

«L’action de Greenpeace de ce matin met en évidence à quel point il est facile de pénétrer dans une centrale, fait particulièrement inquiétant étant donné la proximité de la centrale avec une zone si densément peuplée. Greenpeace montre à quel point les installations nucléaires françaises sont vulnérables, et confirme l’insuffisance de l’audit des installations nucléaires françaises. 

Nous avions souligné que les « stress tests » définis au niveau européen  par la Commission européenne  ne prennent en compte à aucun moment le risque « humain ».  Le groupe des Verts /ALE avait  ainsi  publié mi-novembre une étude indépendante qui montrait déjà clairement que les « stress tests » européens étaient loin d’être suffisamment rigoureux pour évaluer correctement la sûreté de nos réacteurs et réduire au maximum le risque d’accident. Non seulement, ces tests ne parviennent pas à évaluer les risques posés par des facteurs internes – comme les incendies, les défaillances humaines, la dégradation ou le dysfonctionnement des infrastructures, ou la combinaison de ces facteurs ; mais ils évaluent également mal les risques de menaces extérieures, comme le crash d’un avion ou d’intrusion humaine.

Les tests de résistance sur les réacteurs  nucléaires ne sont qu’un alibi afin de maintenir « ouverte » l’option nucléaire en Europe. Largement définis par l’industrie, ces tests n’abordent clairement pas les vrais risques pour les centrales nucléaires en Europe et ne tirent pas les leçons de Fukushima. Ils ne sont guère qu’un exercice de relations publiques pour permettre à l’industrie nucléaire de continuer à travailler comme à son habitude et favoriser le moins-disant sécuritaire.

D’ailleurs, le récent rapport de l’IRSN sur la sûreté des centrales françaises avait déjà alerté les autorités nucléaires en novembre. Malgré la diplomatie « obligée » de l’autorité de sûreté nucléaire, les résultats étaient très inquiétants pour l’industrie nucléaire française, signalant non seulement des anomalies qui pourraient avoir « des conséquences très graves »- aux dires mêmes du directeur de l’Institut- mais dénonçant également la faiblesse des normes françaises de sûreté.

La réalité de la sûreté et de la sécurité de notre parc nucléaire est très éloignée des discours lénifiants d’une industrie nucléaire aux abois et de ses représentants au sommet de l’Etat. Malgré les promesses de Nicolas Sarkozy et d’Eric Besson en matière de transparence, les citoyens continuent de se voir imposer un risque dont ils ne peuvent appréhender la gravité.

Lire le résumé en français de l’étude sur les stress tests européens ( du  22 novembre)

Télécharger l’étude sur les stress tests européens dans son intégralité (en anglais)

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