« Gouverner ne sera pas de la tarte » (Nice Matin)

Yannick Jadot: « Gouverner ne sera pas de la tarte »

Publié le mercredi 09 novembre 2011 à 07h03 dans Nice Matin
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Yannick Jadot : « Gouverner ne sera pas de la - 14947918.jpg « Il faut arrêter de construire des centrales nucléaires, c’est très clair pour nous », déclare Yannick Jadot. (Photo Stéphane Mahe/Reuters) (Photo Stéphane Mahe/Reuters)
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Le porte-parole d’Eva Joly revient sur l’incident provoqué par François Hollande qui, en voulant « préserver l’EPR » de Flamanville, perturbe les négociations entre PS et EELV

 

 

 


François Hollande a semé l’émoi, pour ne pas dire l’effroi, chez les écolos en déclarant lundi soir, au 20 heures de France 2 qu’il « préserver(ait) la construction» de l’EPR de Flamanville. Les leaders et militants d’Europe Ecologie-Les Verts engagés à « changer le visage énergétique de la France» se sont aussitôt étranglés de colère, menaçant de suspendre les négociations entre le PS et EELV. Yannick Jadot, député européen et porte-parole d’Eva Joly, revient sur cet incident et ses conséquences probables.

La déclaration de Hollande sur l’EPR vous a-t-elle surpris ?
Ce n’est pas un bon signal mais c’est la position qu’il a toujours tenue, en considérant qu’il était plutôt favorable à la poursuite du chantier si les conditions de sûreté et de sécurité étaient remplies.

A-t-il repris la main sur la question du nucléaire au PS ?
Je n’en sais rien. C’est pour ça que ce matin nous avons demandé une clarification de la part des socialistes. La négociation avance, nous souhaitons évidemment un accord, mais nous souhaitons aussi que le PS arrive avec une position, à savoir si c’est le parti ou le candidat qui tranche.

Les négociateurs du PS ont-ils changé depuis la désignation de Hollande ?
Effectivement ça a bougé un peu puisque le candidat François Hollande a considéré que les équipes de négociations n’étaient pas représentatives de l’ensemble des candidats à la primaire. Il considérait que la négociation était trustée par des gens qui défendaient plutôt Martine Aubry.

Ça se passait plutôt bien entre Cécile Duflot et Martine Aubry.
Ce n’était pas une négociation entre Cécile Duflot et Martine Aubry. C’est une négociation entre deux mouvements qui se connaissent. Qu’il y ait visiblement une complicité, une amitié entre les deux c’est une réalité, mais Martine Aubry n’est pas le PS, pas plus que François Hollande. Ce sont les deux mouvements qui négocient pour essayer d’envisager un accord programmatique qui permette une alternance en 2012.

La négociation est suspendue ?
Nous n’avons pas rompu la négociation, mais nous demandons simplement au PS d’arriver maintenant avec une position à peu près claire sur ce qu’ils veulent faire sur le nucléaire.

Pas de ministres écolos dans un gouvernement qui inaugurerait l’EPR, c’est un ultimatum ?
On ne peut pas avoir une transition énergétique et une rupture sur le nucléaire si on continue à construire des centrales nucléaires, dont l’EPR de Flamanville. On ne veut pas simplement sortir Sarkozy. On veut aussi changer le visage énergétique de la France et, pour ça, il faut arrêter de construire des centrales nucléaires. C’est très clair pour nous.

Et ce n’est pas négociable…
Ce n’est pas un ultimatum, mais c’est notre cœur de combat. On veut changer l’énergie, l’agriculture, les transports, la démocratie… Si on n’a pas ça, quel est notre intérêt à simplement participer à un gouvernement qui éviterait uniquement les excès de Nicolas Sarkozy ? Ça ne nous intéresse pas.

Jusqu’à quand se poursuivront les négociations avec le PS ?
Notre calendrier est commun. Le 15 novembre le PS réunit son bureau national, et nous réunissons notre conseil fédéral le 19 novembre. Normalement, dans ces deux instances internes, il y a l’idée de valider ou pas un accord.

Pensez-vous le PS prêt à faire un pas vers vous ?
L’entourage de François Hollande dit qu’il souhaite poursuivre la négociation, mais on attend pour voir ce que le PS met dedans.

Ça s’annonce difficile ?
On se doute bien, lorsqu’on veut changer la France que ce soit difficile.

Est-ce que Hollande peut gagner seul comme le déclare Placé ?
Je n’ai pas cette conviction-là. Évidemment, certains aujourd’hui pensent qu’il peut gagner seul, au vu des sondages. Mais c’est une illusion d’optique. Pour gagner, il faudra que les socialistes et les écologistes soient rassemblés et portent collectivement un projet. Il faut qu’il y ait une dynamique politique. Ce ne sera pas de l’arithmétique au sens où il suffira à François Hollande de dire : « Vous avez le choix entre Sarkozy et moi. »

Quand négocierez-vous le contrat de gouvernement ?
Après le premier tour. Tout le monde sent bien que gouverner la France à partir de mai 2012, ça ne sera pas de la tarte.

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