Henri Proglio pète-t-il les plombs ?

Yannick Jadot, porte-parole d’Eva Joly, et député européen EELV, réagit aux propos tenus par Henri Proglio, patron d’EDF ce jour dans « Le Parisien »:

« Faut-il que le milieu nucléaire soit à ce point inquiet des perspectives de cette industrie en France et dans le monde que ses représentants, industriels et politiques, entrent en fission et multiplient les annonces plus aberrantes les unes que les autres: la sortie du nucléaire coûterait 750 milliards d’euros selon Eric Besson, multiplierait le prix de l’électricité par 4 selon Nicolas Sarkoy et, depuis ce matin, mettrait en péril 1 million d’emplois selon Henri Proglio, patron d’EDF.

Est-ce les 7 à 8 milliards d’euros de surcoût programmé pour les seuls EPR de Finlande et de Flamanville; est-ce les milliards perdus par EDF dans sa folle stratégie d’investissement international dans le nucléaire qui rendent M. Proglio  aussi confus sur les chiffres?

Alors que la catastrophe de Fukushima avait ouvert un espace médiatique rationnel et informé, qu’un débat public enfin responsable semblait possible en France, le lobby nucléaire a relancé une propagande caricaturale, étonnamment relayée.

Les temps ont pourtant changé et les représentants du nucléaire ne peuvent plus tordre la réalité énergétique mondiale ni revenir sur la prise de conscience de citoyens majoritairement opposés à l’atome.

Le coût de sortie du nucléaire serait insupportable? Il est moins élevé que la poursuite du nucléaire. La seule étude indépendante évalue à 410 milliards d’euros d’investissements cumulés la sortie du nucléaire contre 470 milliards la poursuite et le renouvellement du parc nucléaire.

Le prix de l’électricité serait multiplié par 4 avec la sortie du nucléaire? Tous les experts de l’énergie considèrent qu’à moyen et long terme, les prix de l’électricité augmenteront et seront équivalents quel que soit le scénario énergétique retenu. EDF demande depuis des années une augmentation de près de 40% de ses tarifs pour mieux couvrir ses coûts. Seules une tarification sociale de l’énergie et une politique ambitieuse d’économies d’énergie réduiront les factures d’électricité et la précarité énergétique.

Un million d’emplois seraient en péril avec la sortie du nucléaire? Le mensonge doit-il être énorme pour être efficace? Selon Areva elle-même, les emplois dans le nucléaire s’élèvent au mieux à 125 000 en France, un niveau presque équivalent aux énergies renouvelables pour 7 fois moins de production! L’Allemagne a créé 370 000 emplois dans les renouvelables en 15 ans ! Nous estimons à 500 000 emplois créés d’ici 2020 l’effet de la sortie du nucléaire en France.

Dans l’immédiat, nous soutenons la formation et le recrutement de personnels qualifiés dans le nucléaire pour faire face à la perte actuelle de capacités et aux stratégies très dangereuses de sous-traitance promues par des dirigeants comme Henri Proglio.

Henri Proglio semble péter les plombs. Je le défie de débattre devant les Français, dans un média de son choix, de la réalité énergétique et nucléaire. En a-t-il le courage et la responsabilité? »

 

 

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