Joly veut un « new deal écologique et social »
Eva Joly, candidate Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle, a proposé mercredi son « contre-budget » 2012 conçu pour aller vers un « new deal écologique et social » face à la politique du « président de l’austérité », Nicolas Sarkozy.
Une semaine après la présentation du budget par le gouvernement, l’eurodéputée a fustigé un chef de l’Etat « pompier pyromane » dont les mesures depuis 2007 ont conduit à un « véritable assèchement de la puissance publique », entre « hôpital sacrifié, éducation saignée et collectivités locales rackettées ».
Face au « mythique retour de la croissance », l’ex-juge a souligné: « l’urgence n’est pas de changer le pansement mais de penser le changement » pour « un new deal écologique et social » et des « milliers d’emplois durables et non délocalisables ».
Avec une hypothèse de croissance à 0,8% pour « ne pas mentir aux Français » comme ceux qui, à droite ou à gauche, « promettent 2 ou 2,5% », elle a assuré que « les écologistes sont responsables face à la dette ». Opposée à la règle d’or, elle a toutefois qualifié de « folie » une réduction des déficits à 3% dès 2013, contrairement à ses futurs alliés Martine Aubry et François Hollande (PS).
Ce « budget 2012 pour la transition écologique » permettrait de dégager « 30 milliards d’euros pour réduire le déficit », selon Mme Joly qui, à plusieurs reprises, a laissé son conseiller Pascal Canfin répondre aux questions des journalistes.
Côté dépenses, l’hypothétique présidente aurait « mobilisé dès cette année 15 milliards d’euros supplémentaires », entre aide aux ménages et entreprises sous forme de « chèques verts » (5 mds), développement des transports alternatifs à la voiture et aux camions (4 mds) ou isolation des bâtiments.
Autres mesures : augmentation du RSA, retraite à 60 ans, revenu minimum de 600 euros aux jeunes en difficultés, plan crèches, suppression du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, etc.
Parmi ses « choix symboliques », un tiers de la recette liée au retour de la TVA de 5,5% à 19,6% dans la restauration servirait à financer la création de 20.000 postes d’enseignants.
Côté recettes, c’est le retour de la taxe carbone englobée dans une taxe sur les énergies non renouvelables (fossiles et nucléaires) qui rapporterait 12 milliards.
Loin des « cadeaux fiscaux » de la droite, Mme Joly veut aussi lutter contre la fraude dans les paradis fiscaux (8 mds de gain), taxer les revenus au-delà de 500.000 euros par an et plafonner les niches fiscales (3 mds) ou encore conditionner les exonérations de cotisations des entreprises (4,5 mds).
En pleine primaire socialiste, la candidate qui a parlé d’un « budget d’espoir », a mis la pression sur ses partenaires : « nous avons devant nous de longues négociations. J’exigerai des marges de manoeuvre dans le budget ».
Effacée depuis la rentrée de septembre, l’ex-juge qui ne veut pas se contenter du « commentaire judiciaire quotidien des affaires » selon son porte-parole Yannick Jadot, entend se relancer par ce budget alternatif, avant une manifestation anti-nucléaire le 15 octobre à Rennes et un déplacement à Tokyo et Fukushima, du 18 au 23.
Le jour de son départ au Japon, avant de s’envoler, elle réunira ses troupes à Paris pour lancer une souscription pour sa campagne, dont le budget pourrait avoisiner les 4 millions d’euros, comme Noël Mamère en 2002 (5,2%), espère Sergio Coronado, son codirecteur de campagne.
Une partie de la direction d’EELV, sans doute moins confiante dans sa capacité à dépasser les 5% synonymes de remboursement, table plutôt sur une campagne « sobre » de 1,8 million, comme Dominique Voynet en 2007 (1,57%).