Alors que le journal Le Figaro annonce, dans son édition de ce jour, comme acquise la prolongation de 10 ans par L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), du réacteur N.1 de la centrale de Fessenheim, la plus vieille de France, construite sur une zone sismique, les eurodéputé-e-s Europe Ecologie-les -Verts dénoncent cette décision qui irait à l’encontre des précautions en matière de sûreté nucléaire.
Pour Yannick Jadot : « L’arrogance nucléaire française se poursuit. Alors que les critères européens de « stress tests » sur les centrales nucléaires ont été décidés collégialement il y a moins d’1 mois par la Commission européenne, l’autorité de sûreté nucléaire française utilise ses propres critères et préfère choisir le moins-disant sécuritaire. Nous critiquions déjà la rigueur des « stress tests », ne prenant pas en compte les risques liés aux attaques terroristes, les chutes d’avions, ou les cyber attaques, mais on voit que les autorités nucléaires françaises n’ont de toute façon pas attendu leur mise en place pour tirer leurs propres conclusions. Avant de pouvoir éliminer le risque inacceptable que représente le nucléaire en en sortant progressivement, il faut chercher à le minimiser au maximum. Alors que l’Allemagne s’est engagée à sortir du nucléaire, qu’une majorité de Français est favorable à une sortie du nucléaire, que l’Italie a massivement voté contre la reprise d’un programme nucléaire, que la Suisse a appelé dès la fin du mois de mars dernier à fermer la centrale de Fessenheim, la France s’entête, et laisse continuer l’exercice de communication des instances nucléaires de manière indécente. »
Michèle Rivasi ajoute : « Pourquoi tant de précipitation ? Alors que la liste des tests de résistance à appliquer aux centrales européennes vient à peine d’être décidée et que ceux-ci n’ont pas été effectués, comme se fait-il que l’ASN envisage de délivrer une telle autorisation ? A l’aune des raisons de la catastrophe de Fukushima, l’analyse du cumul des risques demandait pourtant une nouvelle approche de l’évaluation des risques : l’état de la cuve, où des fissures avaient été observées, cumulée à la très fine épaisseur du radier présent sous le réacteur, au risque d’inondation exigent une expertise irréprochable et indépendante. Et quid de la réévaluation du risque sismique ? La situation géographique de Fessenheim, entourée par deux pays ayant récemment décidé de sortir du nucléaire, appelle à plus de rigueur et de coopération transfrontalière : une analyse extérieure à l’ASN est primordiale pour gager de la fiabilité du fonctionnement de la centrale pour les 10 ans à venir. La crédibilité de la France en matière de nucléaire auprès de l’UE ne cesse de s’amenuiser, cette conception de la sûreté nucléaire est inadmissible.
Sandrine Bélier conclut : « Il est incompréhensible et consternant que la France s’obstine, au regard des derniers évènements au Japon et aux Etats Unis à garder sous perfusion une installation dont la poursuite de l’exploitation présente un risque inutile, direct et durable pour un bassin de population cinq fois supérieur à celui de Fukushima. Fessenheim est sujette à 4 fois plus d’incidents que n’importe quelle autre centrale. Sa vétusté et ses caractéristiques techniques obsolètes, sa situation en dessous du niveau du canal d’Alsace, avec des possibilités d’inondations en cas de rupture de digues ou par une crue non prévue et sur une faille sismique sont autant d’arguments et de risques sous-évalués qui doivent conduire à sa fermeture maintenant, pas dans 10 ans ! La mobilisation du 26 juin autour de la centrale de Fessenheim sera l’occasion une fois de plus de montrer que les citoyens n’entendent pas qu’on joue avec leur avenir. »