Déchets radioactifs : la sûreté passe après les intérêts des Etats nucléocrates

Le Parlement européen s’est prononcé pour savoir s’il devait être possible d’exporter des déchets nucléaires et radioactifs vers les pays situés en dehors de l’UE, à condition que ceux-ci puissent traiter les déchets en toute sécurité.

Le Groupe des Verts/ALE s’insurge contre ce blanc-seing donné à l’industrie nucléaire, suggérant qu’une solution aux déchets nucléaires existe. Seules éclaircies dans l’obscurantisme nucléaire: les députés ont rejeté l’amendement, voté pourtant en commission Energie, visant à autoriser l’exportation des déchets en dehors de l’UE et ont soutenu l’amendement des Verts s’opposant au stockage des déchets radioactifs en zone sismique.

Ce texte reste en deçà d’une politique de sûreté efficace en matière de gestion des déchets radioactifs, en continuant à faire croire que les combustibles usés pourront être retraités en France, en Russie ou en Ukraine. Par exemple, les règles définies par ce rapport n’intègrent pas les déchets nucléaires provenant d’un usage militaire, ni même la quantité énorme de déchets provenant des mines d’uranium ou bien les combustibles usés devant être retraités. Le but ici semble bien de bercer les citoyens dans l’illusion d’une maîtrise parfaite de la filière et de la consécration du stockage en couche géologique profonde comme solution idéale face au risque liés aux déchets radioactifs.

Le vote contre l’exportation des déchets en dehors de l’UE reste néanmoins un énorme soulagement: il aurait été inadmissible qu’une majorité conservatrice de députés favorise l’industrie nucléaire, qui nous maintient depuis des décennies dans le mensonge et l’illusion d’une gestion responsable et durable des déchets. La raison réelle de cette soumission inexcusable est l’absence d’acceptabilité sociale en matière de déchets radioactifs: aucun citoyen européen ne souhaite avoir une poubelle radioactive près de chez lui, ni à Bure (projet français) ni ailleurs. Notre incapacité à gérer ces déchets ne doit pas nous mener au déni de responsabilité: la filière électronucléaire doit assumer la responsabilité financière des déchets ultimes et les Etats doivent assumer leurs choix politiques en matière d’énergie. Aussi, nous nous réjouissons du vote en faveur de notre amendement interdisant le stockage des déchets en zone sismique, les députés auront su au moins tirer une leçon de la catastrophe de Fukushima: il était temps.

Pour en savoir plus sur l’enfouissement des déchets nucléaires en Europe, voir le site www.dechets-nucleaires.eu

 

 

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