(dépêche AFP) – 25 mai 2011
BRUXELLES — La Commission européenne s’est déclarée mercredi « très satisfaite » de l’accord obtenu la veille sur les tests à mener pour vérifier la résistance des centrales nucléaires de l’UE, jugés toutefois insuffisants par les écologistes.
Le commissaire européen à l’Energie Gunther Oettinger a été contraint d’avaliser le principe d’une procédure de vérification pour les actions terroristes contre les centrales dissociée des autres tests. Alors qu’il refusait au départ un traitement différencié.
Il a également dû préciser les limites de son action. Ces tests seront menés sur une « base volontaire » dans les quatorze Etats utilisant le nucléaire civil dans l’UE et la Commission n’est pas habilitée à demander l’interruption immédiate du fonctionnement d’une centrale jugée trop vulnérable, a-t-il précisé au cours d’une conférence de presse.
« Je sais qu’il y a des attentes en ce sens au Parlement européen, en Allemagne et en Autriche, mais ce ne sera pas le cas, car ce n’est pas mon mandat », a-t-il expliqué.
La décision de fermer une centrale doit être prise par les autorités du pays concerné, a-t-il rappelé.
M. Oettinger avait dramatisé le débat à l’origine en annonçant son refus de cautionner des tests de résistance ne tenant pas compte d’actes terroristes, une compétence des Etats.
Or l’accord approuvé par le groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (Ensreg) dissocie la sûreté des centrales face aux risques de catastrophe naturelle ou d’accident, et leur sécurité face à des actes terroristes ou des sabotages.
« Ces tests sont loin d’avoir la rigueur nécessaire pour évaluer correctement la sûreté de nos réacteurs et réduire au maximum le risque d’accidents », ont dénoncé mercredi les eurodéputés du groupe des Verts.
« De toute évidence, le Commissaire européen à l’énergie Günther Oettinger a perdu la lutte face aux autorités britanniques et françaises, et n’a pas réussi à imposer des « stress tests » totalement transparents et indépendants, qui prennent en compte tous les critères nécessaires », a commenté le Français Yannick Jadot.
L’accord prévoit des tests de sûreté très poussés pour vérifier la résistance des centrales nucléaires à des catastrophes naturelles, comme les séismes et les inondations, ainsi que « les conséquences de tout type d’accident d’origine humaine ou naturelle », comme un accident d’avion ou l’explosion d’un pétrolier.
Mais les régulateurs ont souligné n’avoir aucune compétence contre le terrorisme et ont préconisé « la constitution d’un groupe de travail composé par des experts des Etats et des représentants de la Commission » dont le format, le mandat et les méthodes de travail doivent encore être arrêtés.
Les dirigeants de l’UE ont demandé aux régulateurs de s’entendre sur les critères des tests à mener pour contrôler la résistance des installations nucléaires de l’UE, dont les 143 réacteurs en activité, afin de limiter les risques d’un accident comme celui de Fukushima au Japon.
Ils seront cruciaux pour les vieux réacteurs. Certains sont en activité depuis plus de 30 ans, notamment ceux de la centrale de Fessenheim en France, construite en bordure du grand canal d’Alsace (Est), sur une zone sismique et proche de l’aéroport international de Bâle-Mulhouse.
L’accord va permettre de commencer les tests de sûreté dès le premier juin et un rapport sera soumis aux dirigeants de l’UE lors de leur sommet le 9 décembre.
Un contrôle complémentaire sera réalisé par « sept éminents experts » d’autres Etats, et les conclusions seront rendues publiques.
Seules les mesures concernant la sécurité resteront confidentielles « pour ne pas donner de mauvaises idées à des personnes mal intentionnées ».