Nucléaire: scandale français sur les tests de résistance proposés par l’UE

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« Il y aura avant et un après Fukushima », c’est ce que répètent en chœur tant les experts que les autorités nationales, et pourtant rien ne va changer concrètement. Alors que la Commission européenne souhaitait imposer des tests de résistances au parc nucléaire européen, finalement ce seront les autorités nationales de régulation qui dicteront en dernier lieu les modalités de ces tests. Encore une fois, la France fait partie des pays cherchant à limiter au maximum l’impact de ces tests visant à contrôler la sûreté des centrales.

A deux jours du vote de la résolution du Parlement européen sur les conséquences de la situation au Japon sur les centrales nucléaires en Europe, les eurodéputés du Groupe des Verts/ALE Michèle RIVASI et Yannick JADOT (Europe Ecologie – Les Verts) s’indignent de l’attitude de la France, et remarquent qu’elle continue à jouer le même jeu que suite à la catastrophe de Tchernobyl.

Pour preuve, les 2 eurodéputés citent un courrier ministériel datant du 5 juin 1986, où Alain Madelin -alors Ministre de l’Industrie- écrivait une lettre au Ministre des Affaires Etrangères. Alors que la Commission envisageait déjà à l’époque de définir des critères objectifs de sécurité pour les centrales nucléaires, la France avait la même attitude prétentieuse et cynique, et s’entêtait dans la défense du crédo nucléaire sans tirer les conséquences de la catastrophe alors en cours.

En voici quelques passages, cités mot pour mot (*):

– « Des normes communautaires n’apporteraient aucune amélioration à la sûreté nucléaire »

– « Les modifications que [des critères communautaires] risqueraient d’entraîner sur les centrales françaises, sans garantir une amélioration de la sûreté, seraient d’un coût économique considérable »

– « [La Commission] remet en cause le traité Euratom, et confère au traité CEE des compétences dans le domaine nucléaire. Elle va, elle-aussi, à l’encontre de la politique française depuis plus de 20 ans et menace à terme nos intérêts. L’importance du domaine nucléaire en France justifie que nous continuions à exiger la séparation juridique des traités Euratom et CEE »

– « […] la France occupe donc une place à part dans le nucléaire européen. Elle est, de ce fait, souvent conduite à défendre un point de vue différent de celui de ses partenaires et de la Commission. Son isolement éventuel ne saurait, seul, justifier des concessions qui s’avèreraient lourdes de conséquences pour notre industrie nucléaire ».

Pour les eurodéputés EELV, cette attitude doit cesser:

« De quoi le Président Sarkozy a-t-il donc si peur? Que nos centrales se montrent défaillantes? Les tests de résistance ne seront finalement qu’un simple exercice de communication orchestré par les autorités nationales, qui semblent définitivement plus se préoccuper d’intérêts dits ‘supérieurs’ à la protection des citoyens. C’est inadmissible de défendre une telle ligne alors que des risques européens existent bel et bien. Le risque nucléaire, transfrontière, appelle à dépasser la souveraineté nationale au sein de l’UE: ces tests doivent absolument être effectués par des experts indépendants provenant de pays tiers, avec des critères objectifs tels que le risque terroriste et de crash aérien. Tant les autorités britanniques que françaises cherchent à vider le cahier des charges des critères de risque les plus dangereux, c’est un scandale! ».

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