Eva Joly ou Nicolas Hulot? Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts pour la présidentielle sera bien connu en tout début d’été à l’issue d’une primaire écologiste, mais le parlement du parti, comme les Verts savent le faire, a bien failli repousser cette date décidée par la direction.
La primaire d’EELV, ouverte aux adhérents et « coopérateurs » ayant signé le « Manifeste » écologiste, se tiendra par correspondance (Poste et internet) courant juin. Le vainqueur sera déclaré le 24 juin ou, en cas de second tour, le 9 juillet, a décidé dimanche, non sans remous, le Conseil fédéral réuni à huis clos dans les locaux de la CFDT à Paris (XIXe arrondissement).
Après avoir voté quelques minutes plus tôt pour que la primaire se tienne en septembre, les délégués ont finalement opté, largement, pour que le processus ait lieu en début d’été. Le parlement écologiste, souverain, s’est donc finalement aligné sur la proposition du Bureau exécutif du parti.
Obligé de faire voter par deux fois sur la même question, le président du Conseil fédéral, Philippe Meirieu, a dit devant les délégués son « infinie tristesse » face à cette « indiscipline collective et le spectacle pitoyable que nous avons donné », « c’est vraiment n’importe quoi ».
A la sortie, l’eurodéputé Yannick Jadot, proche d’Eva Joly, a déploré cette « situation abracadabrantesque » avec « des gens qui ne savaient plus pour quoi ils votaient », se disant toutefois satisfait qu’EELV soit « en campagne quand le Parti socialiste sera en primaire ».
Mais Christophe Rossignol, qui militait pour un scrutin en septembre, a indiqué à l’AFP qu’il déposerait un « recours en conseil statutaire » dans la semaine, jugeant que « beaucoup de gens étaient partis » avant le deuxième vote.
Cécile Duflot a tempéré et jugé que « ce ne serait pas sain si les choses se passaient de manière monolithique ». La secrétaire nationale d’EELV s’est aussi félicitée qu' »une décision ait été prise », permettant de « passer un été avec un ou une candidat(e) qui pourra réfléchir et se reposer un peu ».
Désormais doté d’un nouveau logo (petites étoiles et pétales jaunes sur fond vert ou blanc), EELV aura un programme très chargé au printemps. Tout en préparant leur projet pour 2012, les « écolos » auront leur congrès de désignation de la direction les 4 et 5 juin après des congrès décentralisés le 29 mai. Il faudra « réussir un congrès sans encombres », selon Mme Duflot.
Qui seront alors les candidats à la primaire (clôture des candidatures le 15 mai)? Si l’incertitude demeure sur la décision de Nicolas Hulot de se lancer dans la course (il se prononcera en mars-avril), Eva Joly, toujours très déterminée, a affirmé qu’elle irait « jusqu’au bout » du processus.
Le député de Paris, Yves Cochet, seul concurrent de l’ex-magistrate jusqu’ici, répète, lui, qu’il se retirera si l’animateur d’Ushuaïa y va alors que d’autres pressent l’écologiste préféré des Français, proche de Jean-Louis Borloo, d’afficher son « antisarkozysme » dans la perspective du second tour.
Un comité de pilotage en lien avec les candidats sera notamment mis en place pour décider de débats en régions entre eux.
Le candidat une fois désigné ira-t-il jusqu’au bout? Samedi, Daniel Cohn-Bendit a prévenu qu’il faudrait « évaluer ce qui se passe au PS, du côté des forces populistes de droite et de gauche » et « réfléchir » en fonction de la situation, sous-entendant que le candidat « écolo » pourrait se retirer quelques mois avant l’échéance si Marine Le Pen (FN) est haut dans les sondages.