Pour celles et ceux qui douteraient de la légitimité et de la crédibilité d’une candidature écolo…
Article dans le Monde, daté du 12 janvier 2011
Eva Joly, candidate écologiste potentielle, construit, au fil des mois, une image de présidentiable
La députée européenne devance ses deux challengers Nicolas Hulot et Yves Cochet
Pour Eva Joly, le sondage arrive comme un arc-en-ciel. Selon une étude LH2, que Le Monde s’est procurée, la députée européenne serait la personnalité écologiste » la plus à même de lutter contre la crise économique et financière » aux yeux de 54 % des sondés (étude réalisée du 13 au 15 décembre 2010 auprès de 800 personnes).
Elle devance ainsi Nicolas Hulot (30 %) et Yves Cochet (16 %), ses deux challengers potentiels. L’étude montre que l’ancienne magistrate garde une image très positive auprès de l’opinion puisqu’elle est jugée » honnête » (84 % des sondés), » compétente » (84 %), » efficace dans les causes qu’elle défend « , (79 %), » inspirant confiance » (72 %) et » représentant bien les idées écologiques » (69 %).
On est loin du trou d’air que les amis de Nicolas Hulot moquaient en fin d’année. Mme Joly est encore nouvelle sur la scène politique, et sa candidature demeure en suspension en attendant la consultation des écologistes (prévue en juin). L’hypothèse d’une candidature de M. Hulot fait aussi peser une incertitude : l’animateur de TF1, qui ne devrait se décider que fin mars, est pour le moment le plus populaire des candidats, plébiscité par 82 % des Français (selon le baromètre IFOP pour Paris Match du 16 décembre).
Plus présente
Mais Mme Joly commence à se faire une place, comme le confirme le sondage de LH2. La poussée était déjà perceptible en décembre : dans le baromètre IFOP, l’ancienne juge avait gagné neuf points de bonnes opinions en un mois (54 %). » Bien sûr, Nicolas Hulot fait un tabac, mais il est hors cadre « , note Jérome Fourquet, directeur de l’institut, qui fait remarquer que l’animateur de TF1 a d’autant plus une image positive qu’il n’est pas impliqué dans le jeu politique.
» Ce qui est notable avec Eva Joly, c’est que ses gains de notoriété se font au profit de sa bonne image « , remarque M. Fourquet. Malgré les critiques internes, son crédit reste important. Ses principaux soutiens se trouvent dans l’électorat écologiste, les sympathisants de gauche, mais aussi massivement chez les femmes. » Elle garde une très belle image auprès des gens « , souligne Sergio Coronado, membre du conseil national.
Mme Joly est toujours aussi » déterminée « , répète-t-elle. La députée européenne a réuni, lundi 10 janvier, un comité restreint de personnalités d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour l’aider à gagner l’investiture des écologistes. Dominique Voynet, Noël Mamère, Cécile Duflot, Yannick Jadot, Pascal Durand, Pascal Canfin, Patrick Farbiaz ou encore Laurence Vichnievsky… une douzaine de dirigeants sont venus à l’initiative de M. Mamère pour épauler la Franco-Norvégienne. Ce sera son second cercle de conseil, après celui constitué à Bruxelles.
» On veut faire monter sa candidature dans l’opinion et dans le parti « , explique ainsi Jean-Vincent Placé, responsable des relations extérieures d’EELV. » On n’est pas là en attendant Hulot. Il nous a déjà fait le coup en 2007… Faut avancer et développer la singularité d’une candidature qui a un discours sur la justice sociale « , insiste M. Mamère. L’argument vaut aussi pour ceux qui, comme Gaby Cohn-Bendit, militent pour se ranger derrière le PS. Les sympathisants sont appelés à désigner leur candidat fin juin, et la précampagne a démarré.
Elle se fera plus présente, cessant de tout gérer depuis son bureau du Parlement européen. Le 21 janvier, la députée devrait faire ses voeux à la presse. Puis entamer une série de meetings pour soutenir les candidats aux cantonales et faire passer le message qu’elle a besoin du soutien des militants.
Reste à peaufiner son profil. La réunion de lundi a montré qu’entre une campagne axée sur la » crédibilité » d’une candidate qui ne veut pas trop promettre et une candidature plus tournée vers les valeurs et vantant la justice sociale, la » quasi-candidate » n’avait pas encore tranché.
Sylvia Zappi