ITER : premier coup de rabot budgétaire du Parlement européen

La commission du budget du Parlement européen a voté hier soir un amendement pour réduire de 47 millions d’euros (soit 10%) les dépenses 2011 sur le projet de réacteur à fusion ITER. Les députés écologistes ont soutenu cet amendement, même s’ils considèrent que la seule solution rationnelle et responsable est de stopper ce projet avant que la principale phase de construction ait débuté. Ce vote constitue un signal très fort vis-à-vis de la Commission et du Conseil sur ce projet au moment où l’Union cherche 1,4 milliard d’euros supplémentaires pour financer les dérapages financiers d’ITER jusqu’en 2013 (le coût supplémentaire s’élevant à près de 5 milliards d’ici 2020).

Yannick Jadot Michèle Rivasi, députés européens Europe Ecologie et membres de la commission chargée des questions énergétiques ont réagi à cette annonce.

La Commission européenne se retrouve prise en étau entre un Conseil qui défend ITER mais ne veut pas payer, un Parlement qui ne souhaite pas se faire imposer une dépense supplémentaire en période de crise budgétaire et l’augmentation d’un scepticisme généralisé sur la qualité et l’intérêt du projet ITER. Preuve de son embarras, ses services bottent en touche lorsqu’il s’agit de répondre à des questions écrites officielles, et aucune réponse précise n’est donnée quant à l’origine des fonds additionnels promis.

Les soutiens à ce mirage scientifique et gouffre financier commencent à s’émietter. Si les Etats membres soutiennent officiellement le projet ITER, aucun n’est prêt à abonder son budget sur ressources nationales pour compléter la hausse spectaculaire demandée. Et nombreux sont ceux qui comptent sur les budgets européens non exécutés pour alimenter leurs budgets nationaux en grande difficulté. Pour s’efforcer de les contenter,  la Commission européenne a proposé de ponctionner le budget agricole de 400 millions d’euros, le budget recherche de 460 millions, (l’origine des 560 millions restants est encore un mystère.)

On touche le fond de l’aberration! En pleine crise agricole européenne, notamment dans le secteur laitier, ce serait aux  paysans de payer ITER, alors que beaucoup aujourd’hui vivent des minimas sociaux? Il est scandaleux que le budget de la PAC ne vienne pas plutôt soutenir le revenu des paysans et les aider à développer des exploitations durables ainsi que réguler certains marchés déprimé. De la même façon, choisir de mettre en cause de nombreux projets européens de recherche (mais lesquels?) pour préférer la construction d’un mirage scientifique aux résultats attendus pour la fin de ce siècle, c’est obérer toute perspective de politique européenne de recherche dans les années qui viennent. Le rôle du Parlement européen sera crucial.

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