« Les États-Unis ont pris trop de retard durant les années Bush »
Le député européen pour Europe Ecologie, Yannick Jadot, estime que les pays riches ont une responsabilité supérieure dans le réchauffement climatique puisqu’ils émettent 80% des gaz à effet de serre.
Propos recueillis par Julien Bisson à Paris disponible sur le site de France-Amérique
07 décembre 2009
Ancien directeur de Greenpeace et député européen depuis juin dernier, Yannick Jadot a soutenu la cause environnementale sur tous les fronts. Aujourd’hui membre d’Europe Écologie, il représente le mouvement vert lors de la conférence sur le climat de Copenhague qui se tient à partir d’aujourd’hui et jusqu’au du 18 décembre. Pour lui, les États doivent agir ensemble maintenant.
France-Amérique : En quoi le sommet de Copenhague sur le climat est-il crucial ?
Yannick Jadot : C’est le moment pour les chefs d’État et de gouvernement de négocier un nouvel accord international sur le climat, qui prendra le relais du protocole signé à Kyoto en 1997. Ce dernier fixait des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2012. Il a joué un rôle important, en offrant à la négociation climatique un cadre au sein des Nations unies, et en posant le principe de la « responsabilité commune différenciée » : nous sommes tous coresponsables du climat, mais les pays riches ont une responsabilité supérieure puisqu’ils émettent 80% des gaz à effet de serre aujourd’hui concentrés dans l’atmosphère. C’était un premier pas majeur, mais il faut maintenant aller plus loin dans notre lutte contre le réchauffement climatique.
F.-A. : Quels sont les risques climatiques aujourd’hui ?
Y.J. : Si nous poursuivons sur le même rythme, la température mondiale augmentera d’au moins 4 degrés d’ici à 2100, une catastrophe absolue de l’avis de tous les scientifiques. Rendez-vous compte : il a fallu plusieurs dizaines de milliers d’années pour connaître une pareille augmentation, et nous la réaliserions en à peine un siècle ! La nature n’aura évidemment pas le temps de s’adapter à un tel bouleversement, ce qui entraînera des phénomènes météorologiques incontrôlables à l’échelle de la planète. Pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 degrés d’ici à la fin du siècle, seul plafond tolérable, nous devrions réduire nos émissions de gaz de 90 % avant 2050, et donc de 40 % avant 2020.
F.-A. : Sommes-nous en passe de réaliser ces objectifs ?
Y.J. : On en est encore très loin ! Selon les scientifiques, 2015 sera un point de non-retour : si nous ne sommes pas présents à ce rendez-vous, il sera quasi impossible de rattraper le retard accumulé. La conférence sera donc un rendez-vous décisif : il faudra prendre des décisions essentielles à Copenhague afin d’enclencher très tôt des politiques ambitieuses. Tous les groupes du Parlement européen s’accordent sur ces chiffres : il faut aller au-delà des 20% de réduction aujourd’hui proposés par les États européens, et garantir un effort financier considérable, à hauteur de 100 à 120 milliards d’euros par an, afin d’aider les pays du Sud à résister au réchauffement climatique. Malheureusement, les négociations ont pris du retard et certains pays, à commencer par les États-Unis, arrivent mal préparés.