Financement climat : le Sommet européen atteint des sommets d’hypocrisie

Financement climat : le Sommet européen atteint des sommets d’hypocrisie

Bruxelles, le 30 octobre 2009 – Rassemblés depuis hier pour le Conseil européen, les chefs d’Etat sont parvenus à quelques avancées sur la question de l’aide financière aux pays du Sud, tout en restant vagues sur leur propre contribution. C’est pourtant le nœud des négociations internationales sur le climat qui doivent aboutir en décembre à Copenhague. Mais surtout, les dirigeants européens semblent sur le point d’utiliser un stratagème grossier pour diviser par trois l’aide européenne : pour être équitables, ils souhaitent se répartir l’effort financier européen surtout en fonction du niveau de richesse des pays ; dans le même temps, ils devraient appeler les pays du monde à se répartir l’effort financier de manière inéquitable, principalement en fonction de leurs niveaux d’émission. La France, elle, utilise toujours la détresse comme arme de négociation.

Yannick Jadot, euro-député Europe Ecologie, revient sur les conclusions du Conseil.

« Il aura fallu un an pour que les dirigeants européens reconnaissent les besoins des pays en développement : 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020. Ils estiment qu’entre 22 et 50 milliards devraient venir de financement public, ce qui est très insuffisant. Des besoins de financement précoce de 5 à 7 milliards par an dès 2010 ont été reconnus, mais l’Europe n’y contribuera que de manière volontaire. Et pour ce qui est de la contribution européenne proprement dite, rien de concret n’a été avancé, malgré les efforts de Gordon Brown.

Le Conseil semble même décidé à faire deux poids deux mesures. Les dirigeants européens souhaiteraient en effet répartir la facture internationale surtout en fonction des émissions de chaque pays, et pas de la richesse. Ce qui leur permettrait de diviser par trois la part européenne de l’effort mondial (et passer de 30 % à 10 %).

Or, répartir l’effort financier international en fonction des émissions actuelles est injuste, ce qui explique les réticences légitimes des pays de l’Est. C’est pour cela, qu’au niveau européen, les dirigeants ont décidé de se partager différemment la facture européenne : ils mettront en place un mécanisme d’ajustement interne pour mieux prendre en compte le niveau de richesse des pays de l’Est ; tout comme l’année dernière, quand ils s’étaient répartis les objectifs climatiques européens (réduction des émissions de gaz à effet de serre ou encore développement des renouvelables) en fonction du PIB des pays.

Pourquoi ce qui est équitable en Europe ne le serait-il pas au niveau international ? Pourquoi l’Europe ne tient-elle pas le rôle de médiateur international qui lui revient naturellement étant donné la diversité des pays qui la composent ? Parce que tout est bon pour aider le moins possible les pays du Sud, quitte à se contredire. Ce Sommet européen est le sommet de l’hypocrisie !

La France, soi-disant généreuse, serait-elle donc insensible à la détresse des pays du Sud ? Oui. En témoigne sa volonté de piocher dans l’aide publique au développement pour les aider à faire face à la crise climatique. Entre la pauvreté et l’élévation du niveau des mers, la France demande au Sud de choisir. Cette même France qui, désormais soutenue par l’Allemagne, refuse toujours de chiffrer le soutien financier européen avant la dernière nuit de Copenhague. La France utilise la détresse comme arme de négociation ! »

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