Manifeste pour une ville écologique

L’appel des écologistes de Caen

 

« On ne tiendra pas rigueur à Camus d’avoir voulu imaginer Sisyphe heureux, mais on préférera lui montrer qu’il a déjà dans ses poches tout ce qu’il lui faut pour caler sa saloperie de rocher. Il y a sans doute de l’insoutenable mais il y a des moyens d’en déjouer la fatalité »

Yves Citton, Renverser l’insoutenable 2012 – Editions du seuil

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Partout en Europe, le mythe d’un providentiel retour à une croissance économique forte s’effondre. Cet état de fait traduit principalement la faillite complète d’un modèle fondé sur le pillage des ressources, la fuite en avant dans le productivisme et le consumérisme l’appropriation par quelques uns des richesses et l’accroissement des inégalités. La conjonction des crises (climatique, énergétique, sociale, environnementale, alimentaire, sanitaire) constitue un choc sans précédent et la classe politique traditionnelle démontre chaque jour son incapacité, elle-même prisonnière d’un modèle qu’elle n’entend ou ne sait pas dépasser.

La responsabilité des écologistes est d’opposer à ce modèle pulvérisé par les faits un projet de transition écologique, sociale et démocratique conciliant impératif écologique et justice sociale, respect de l’environnement et émancipation de l’Humanité. Ayons l’audace de proposer un modèle qui assure un emploi pour tous en réalisant un partage du travail qui s’appuie sur un partage des richesses.

Disons-le sans détour, la tâche est immense. Il existe pourtant une aspiration grandissante à refuser ce système violemment inégalitaire et aveuglément productiviste qui n’en finit pas de broyer les plus fragiles. Ces derniers sont le plus souvent les premiers à faire émerger des solutions nouvelles. Acteurs et actrices de la société, ils résistent, s’organisent, innovent esquissant ainsi les contours d’une alternative porteuse d’avenir.

Pour d’autres formes d’organisation du travail, pour des emplois durables et utiles, pour le développement des circuits courts, pour se libérer de la dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire, des femmes et des hommes s’engagent et proposent des chemins nouveaux. Ces initiatives constituent un nouvel espoir, un point d’appui pour inverser le cours des choses. Notre tâche est aujourd’hui de les amplifier dans l’espace politique.

Ces transformations impliquent bien entendu d’être imaginées à une échelle globale. Mais nous réaffirmons avec force que le niveau pertinent d’action est le niveau local. C’est ici que nous appelons les citoyens à reprendre leur destin en main. C’est maintenant, à douze mois des élections municipales, que nous voulons enclencher une dynamique démocratique et de projet au service d’un vrai changement.

 

I. L’écologie politique: l’alternative pour répondre aux défis des villes

 

1) La ville, enjeu de la transformation écologique de la société

 

Nos sociétés au XXIème siècle sont majoritairement devenues urbaines. Un être humain sur deux vit dans les villes à travers le monde, plus de trois sur quatre en Europe. Mais les villes sont trop souvent le lieu le plus visible où s’affichent les impasses de notre développement productiviste : pollutions, crises énergétiques, ghettoïsation et exclusion sociale.

Elles sont donc un enjeu politique majeur où la mobilisation des citoyens et les pratiques des acteurs de l’urbain sont essentielles pour transformer durablement leur devenir.

Notre ville n’échappe pas à cette règle. Avec jusqu’à plus de 50 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté dans certains quartiers, un environnement disqualifié par la voiture, ses sinistres industriels, une consommation frénétique de terres agricoles, conséquence d’un étalement urbain cité en référence par certains, une qualité des eaux dégradée et ses épisodes de pollution de l’air à répétition, le territoire de Caen est lui aussi frappé de plein fouet par les conséquences de notre modèle de développement.

De la révision de l’Agenda 21 à la mise en œuvre d’une politique pour le développement de l’économie sociale et solidaire sur le territoire, de l’élaboration du nouveau Plan de Déplacements Urbains à la création d’un programme local de santé, des actions engagées en faveur des modes de déplacements doux au lancement d’un programme zéro pesticides, de l’engagement pour une démocratie de proximité approfondie à la mise en place de clauses de responsabilité dans les marchés publics en passant par les politiques d’économie d’énergie et de développement des énergies renouvelables, c’est forts de leur expérience acquise que les écologistes entendent aujourd’hui jeter les bases d’une véritable alternative politique pour Caen et son agglomération.

 

2) Notre patrimoine : l’écologie urbaine

 

Ici comme ailleurs, l’écologie urbaine est le résultat d’une lente maturation qui a accompagné toute l’histoire de l’écologie politique. Dès le début des années 70 avec l’émergence des GAM (Groupes d’Action Municipale), l’exigence d’un renouveau démocratique, notamment sur les questions d’urbanisme et d’industrie, soulève de nombreux mouvements associatifs et/ou syndicaux qui cherchent à pallier l’insuffisance des partis traditionnels dont les réponses sont alors inexistantes.

Avec la création des mouvements écologistes puis des Verts en 1984, l’écologie politique aura été, d’une façon ou d’une autre, représentée à chacune des élections municipales caennaises. Ces différentes démarches ont bien entendu suivi les évolutions de notre mouvement : principalement environnementalistes dans les années 80 (avec Josette Bénard comme figure de proue qui impulsa notamment la création de l’association de protection de la qualité de l’air aujourd’hui dénommée AIR COM), elles ont connu un tournant dans les années 90 (alliance avec l’extrême gauche en 1995) avant de trouver une certaine maturité qui s’est incarnée, avec EELV, dans le mouvement de la première participation des écologistes à un gouvernement.

Mais tandis que de nombreux élu-e-s écologistes investissaient les conseils municipaux dans les principales grandes villes françaises à l’heure du sommet de Rio (1992) et de la signature de la charte d’Aalborg (1994) en impulsant déjà des premières formes de politiques de développement durable, il faut attendre 2008 pour voir la constitution d’un premier groupe écologiste à Caen en situation de responsabilité avec, pour la première fois depuis 1908, une victoire de la gauche aux élections municipales.

Nous assumons cet héritage, mélange d’initiatives citoyennes et d’expériences politiques, de combats syndicaux et de luttes sociales, de batailles pour la protection de son cadre de vie et d’actions émancipatrices conduits tant à l’échelle locale, européenne qu’au niveau international.

Aujourd’hui, nous le savons, de nombreux citoyens se sont emparés de ces questions. Du mouvement des villes en transition à celui des cittaslow, une formidable dynamique se dessine et c’est en nous inspirant de ces nombreuses et nouvelles expériences que nous proposons d’agir.

 

3) Notre ligne d’horizon : la ville écologique

 

La ville écologique est d’abord une ville où chacun peut exercer son droit à la participation, où chacun peut être accompagné dans ses projets ou ses difficultés. C’est une organisation économique et sociale d’un autre type : à la démesure, nous opposons la conscience des limites et de la modération, à la course aux profits et aux gaspillages, une régulation fondée sur la durabilité des écosystèmes et des besoins sociaux.

Face à l’étalement urbain et la destruction de la nature, nous entendons protéger les équilibres naturels, la diversité biologique et les terres agricoles. Nous souhaitons proposer de nouvelles formes d’urbanité fondées sur le lien social rendant compatible ville et qualité de vie.

Face à la surconsommation des matières premières, nous défendons la réparation, le recyclage et la réutilisation. Au libéralisme et à la concurrence, nous opposons la reconversion et la relocalisation industrielle, la réalisation de la souveraineté alimentaire locale grâce au développement des circuits courts, y compris dans la restauration collective, aux commerces de proximité et le soutien au commerce équitable.

A l’économie financiarisée et spéculative, nous opposons la coopération territoriale et l’entreprenariat de l’Economie Sociale et Solidaire.

Au tout médicament nous opposons des politiques de prévention et d’éducation à la santé. À l’épidémie des maladies de civilisation, le principe de précaution et le droit à un environnement sain. Au tout voiture, des modes de transports écologiques.

Au scientisme qui est un dévoiement de la science parce qu’il prétend qu’elle seule peut apporter les réponses à tous les problèmes, au technicisme qui oublie la finalité humaine de la technique, nous opposons le recours réfléchi à la science et à la technique comme moyen de progrès vers un plus d’humanité.

Ainsi, à la fuite en avant technologique et au nucléaire, nous préférons, la sobriété énergétique, le développement des énergies renouvelables et des solutions maîtrisables et décentralisées. Au déni, une action lucide et efficace de lutte contre le changement climatique. Face à la privatisation du bien commun nous entendons promouvoir l’intérêt collectif et les services publics.

Contre le repli sur soi, nous souhaitons l’émergence de politiques de coopération décentralisée fondée sur un enrichissement réciproque. Face à l‘isolement et à l’exclusion, nous voulons garantir à chacun l’accès à la culture et à une éducation de qualité et ce tout au long de la vie. Plutôt que la violence de la domination masculine, nous voulons une véritable égalité entre les femmes et des hommes. A la spéculation immobilière frénétique, des politiques de régulation pour permettre à tous de se loger. Ayons l’audace de promouvoir un modèle qui propose un emploi pour tous en associant le partage du travail et le partage des richesses.

 

II. Un nouveau projet pour Caen et son agglomération

 

Un projet d’ouverture et de rassemblement. Nous l’avons dit, nous voulons, dans la perspective des élections de 2014, ouvrir notre démarche à toutes celles et tous ceux qui partagent avec nous l’ambition d’un modèle de développement urbain responsable. Le temps où tout se décide d’en haut est révolu et c’est conscients de l’importance que notre projet de transformation écologique soit véritablement partagé que nous entendons le mettre en débat tout au long des mois à venir.

Un projet global et singulier. Nous affirmons que notre projet n’est pas soluble dans celui des mouvements traditionnels aveuglés par des logiques productivistes, ignorant systématiquement les limites de la planète. De ce point de vue, l’écologie n’a pas vocation à devenir une thématique, un sous chapitre de tel ou tel programme électoral. Notre projet est bien sûr d’abord une réponse à la crise écologique mais c’est aussi et tout autant l’ensemble des propositions en matière d’emploi, de santé, d’éducation, de tranquillité publique etc. qui découlent de notre projet de transformation écologique de la société. Nous sommes convaincus que seul un projet global et cohérent peut être à la mesure des enjeux auxquels nous devons faire face aujourd’hui. Nous ne prétendons pas avoir toutes les solutions, c’est pourquoi nous proposons de le faire de façon ouverte mais sur la base des convictions fortes et cohérentes qui sont les nôtres.

Un projet désirable et crédible. Il nous faudra donc convaincre, et convaincre, c’est aussi prouver que les écologistes ne passent pas leur temps à montrer les autres du doigt. L’écologie n’est pas une attitude moralisante mais un projet de transformation et d’émancipation. Face aux crises multiples qui nous frappent, nous devons faire la démonstration que notre projet est celui qui est le mieux à même de créer de nombreux emplois durables et non délocalisables mais aussi de construire du lien social : un projet porteur de convivialité et de solidarité. A côté de cette nécessité, nous avons également l’ardente responsabilité de ne pas nous contenter de postures mais de hisser notre niveau d’ambition à la hauteur des urgences en chiffrant et en détaillant nos propositions.

 

III. Préparer une liste écologiste et citoyenne pour 2014

 

C’est dans cet état d’esprit et avec pour ambition de faire des échéances de 2014 un grand rendez-vous démocratique pour notre ville que le groupe local d’Europe Ecologie Les Verts du pays de Caen, réuni le 23 mars 2013 en Assemblée Générale s’engage pour la constitution d’une liste écologiste pour le premier tour des élections municipales de mars 2014.

Les militants écologistes de Caen affirment leur volonté d’engager une démarche ouverte à la société civile qui se traduira par le lancement d’un appel local auprès de toutes celles et tous ceux qui souhaitent participer à cette dynamique.

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