Entretien avec François Veillerette: « Aborder les problèmes de santé de façon globale »
François Veillerette, Vice-président à l’Environnement, Alimentation, Santé : « Aborder les problèmes de santé de façon globale »
Alors François, te voici au conseil régional… déjà à l’aise ?
De plus en plus ! le groupe écologiste forme une bonne équipe et ce sera, à n’en pas douter, un plaisir de travailler pendant cette mandature. Nous espérons marquer cette mandature de notre empreinte et mettre en place nos projets politiques, parce que nous avons la conviction qu’ils sont pertinents pour améliorer la qualité de vie des Picards. Evidemment, je dois encore me familiariser avec la multitude de dossiers que je vais traiter dans le cadre de ma vice-présidence. Mais cela s’annonce passionnant ! Il est essentiel de mêler environnement, alimentation et santé, car il s’agit de domaines interdépendants
Justement… une vice-présidence Environnement Alimentation Santé, pourquoi une thématique si transversale ?
C’est exactement ce que je voulais : il est essentiel de mêler environnement, alimentation et santé, car il s’agit de domaines interdépendants. Au Grenelle de l’environnement, un atelier avait été créé dans cette optique transversale, mais, pour des raisons diverses, ce fut un échec. Au conseil régional, nous devons avoir le courage d’aborder les problèmes de façon globale. Comment expliquer, par exemple, que le taux de morbidité du cancer ait augmenté de 63% en vingt ans ? Notre devoir pour les Picards est d’améliorer la prévention de ces maladies. Je ne parle pas ici du principe de précaution, cela va plus loin, car dans ces domaines, les choses sont scientifiquement prouvées ! C’est donc de la prévention.
Que peut faire la Région dans ce domaine ?
Elle peut agir, sinon je ne serais pas là. D’abord, l’action de l’Etat est insuffisante. Le Plan National Santé Environnement issu du Grenelle prend des décisions irresponsables. Par exemple, il n’a pas décidé d’interdire un type de conservateur dans le bois aggloméré, alors qu’il s’agit d’un cancérigène certain. Dès lors, on ne peut pas s’attendre à ce qu’on agisse sur les cancérigènes classés comme « probables » ou « possibles » !
La Région devra s’attaquer au problème de la pollution intérieure, souvent sous-estimée. Dans les lycées, un cahier des charges devra encadrer l’utilisation des matériaux. De même, l’introduction de davantage de produits biologiques dans les cantines aura des effets positifs à de nombreux niveaux : amélioration de la santé des élèves, création de débouchés sûrs pour les producteurs locaux, extension de la culture biologique qui aura en retour un effet positif sur les sols…
En Picardie, c’est particulièrement important ?
Nous ne sommes pas la seule Région à avoir mis en place des vice-présidences de ce type, mais il est vrai qu’à partir du moment où les indicateurs environnementaux et sociaux sont mauvais dans la région, c’est d’autant plus important. Pour moi, c’est aussi une manière de réduire les inégalités sociales. Je m’explique : agir sur la qualité des logements, c’est empêcher que ce soient toujours les plus pauvres qui se retrouvent dans les lieux insalubres, facteurs de maladies.
il faut agir de façon plus poussée pour structurer une filière de l’alimentation durable en Picardie
Concrètement, comment agir ?
Nous soutiendrons de nombreux projets qui auront un impact bénéfique sur l’environnement, l’alimentation de qualité et la santé. Des crédits d’Etat affectés au comité régional de l’alimentation (CRALIM) devraient permettre de défendre les produits locaux mais aussi les produits issus d’un mode de production respectueux de l’environnement, répondant à des labels tels que le label AB. Si on ne part pas de zéro (opération pain bio dans les cantines), il faut agir de façon plus poussée pour structurer une filière de l’alimentation durable en Picardie. Nous allons aussi agir sur le foncier : plutôt que de favoriser la concentration, comme le font les SAFER, nous aiderons l’installation de petits maraîchers proches des villes, en collaboration avec les communes concernées.
Comment, en tant que militant associatif, appréhendes-tu ces défis politiques?
C’est vrai que je suis avant tout issu du monde associatif (NDLR : fondateur du mouvement de défense des droits des générations futures et ancien président de Greenpeace), mais il ne faut pas croire que je passe d’un monde à l’autre ! Avec mes associations, mon travail a souvent été très politique, en relation avec les élus. De plus, je reste au MDRGF, bien que, par transparence, je n’en sois plus le président. En réalité, je suis heureux de faire partie de l’exécutif du conseil régional car cela va me permettre d’agir concrètement sur les sujets qui m’intéressent. Europe Ecologie est une force indispensable à la majorité et peut, à ce titre, influencer fortement les politiques menées par le conseil régional. Bien que le budget régional ne soit pas aussi important qu’on le voudrait, il est possible de cibler les actions et, notamment par la voie de l’exemple, et de montrer qu’on peut changer les choses.
En tout cas, c’est tout ce que l’on souhaite ! Merci, François, pour cet entretien.