2e assises de la Transformation Ecologique et Sociale en Nord Pas de Calais

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Embrayer pour avancer vers un nouveau modèle de développement plus durable

et plus solidaire

 

Les deuxièmes assises de la Transformation Ecologique et Sociale ont réuni 400 participants, vendredi 5 octobre 2012 au Conseil régional Nord – Pas de Calais.

Objectif : faire le point sur l’évolution du projet engagé au début du mandat 2010. La Transformation Ecologique et sociale s’appuie sur 9 opérations de développement.

Des experts internationaux sont venus exposer leurs points de vue sur cette démarche : Rob Hopkins, initiateur du mouvement Villes en Transition en Grande-Bretagne,

Adi Gross, Directeur de l’agence de l’énergie du Vorarlberg en Autriche,

Allan Seatter, DGA Environnement à la Commission européenne,

Eloi Laurent, Science Po.

 

Pour mieux comprendre la TESR il est nécessaire d’expliquer la notion de bien commun : ils sont utiles à tous et de différentes natures :

– biens communs environnementaux : climat, biodiversité, énergie…

– biens communs sociaux : santé, la formation, l’égalité femme / homme…

Jean-François Caron, Président du Groupe « Europe Ecologie – Les Verts » Président de la Commission « Transformation Ecologique et Sociale du Nord-Pas de Calais » nous explique ce qui change la donne quand on prend les choses par le biais des biens communs :

« Il est nécessaire de re-questionner les finalités d’engagement de l’action publique. Dépenser de l’argent afin de produire des choses globalement utiles à la société. Cela peut être des biens communs environnementaux ou sociaux qui seront également porteurs d’activités et d’emploi.

C’est le développement économique qui se remet au service de la société. Si l’on prend l’exemple de l’opération 100 000 logements (réhabilitation thermique de 100 000 logements en Nord – Pas de Calais) on obtient à la fois des biens communs environnementaux  préservés : moins d’énergie consommée, moins de rejets dans l’atmosphère d’un côté et de l’autre, des biens communs sociaux puisqu’on diminue les charges des ménages. C’est une façon de lutter contre la pauvreté et la précarité et en plus, c’est créateur d’emplois. »

Est-ce que la Transformation écologique et sociale peut aboutir à un consensus politique ?

« Les différences idéologiques demeurent. Les groupes politiques ont des valeurs différentes. Mais il y a un désir de quasiment toutes les couleurs politiques de questionner et de faire évoluer le modèle de développement qui nous anime et également une interrogation sur tous les bancs politiques : on sait très bien que la situation actuelle ne peut pas durer et donc il faut réagir.

Que le consensus aille jusqu’au bout par rapport aux arbitrages à rendre, ce n’est  pas certain, mais en tous cas il y a une volonté d’avancer collectivement pour revenir à un peu de bon sens, de sens tout simplement dans le développement. »

A quoi rêve Jean-François Caron ?

« Mon rêve c’est qu’on puisse montrer, à une échelle non négligeable, celle d’une région de 4 millions d’habitants, qu’on peut inverser des dynamiques en matière économique c’est-à-dire recréer de l’emploi et de l’activité en se remettant au service des grands enjeux de la région. Si la région avance, les conditions de vie de chacun s’améliorent et l’on crée du développement et de l’emploi.

Réaliser cela à l’échelle de la région, c’est introduire l’idée que dans les années qui viennent un développement plus vertueux est possible et qu’un nouveau modèle de développement plus écologique et plus social est possible. Le monde n’aura pas changé, mais à notre niveau avec notre responsabilité d’élus on aura montré qu’il y avait des possibles. Ce nouveau modèle pourra alors évoluer à différentes échelles et s’amplifier… »

 

 « La TESR, c’est quoi dis ? » 

Pas facile d’expliquer aux non experts la TESR, alors Myriam Cau, Vice-Présidente chargée du développement durable,  de la démocratie participative et de l’évaluation s’est livrée à un exercice différent de l’interview : elle explique à sa fille, collégienne ce qu’est la transformation écologique et sociale. 

 

« Tu vois, la transformation écologique et sociale, s’applique au territoire où l’on vit, dans notre cas, une ville : Roubaix, située dans le Nord – Pas de Calais. Actuellement nous sommes face à de grands changements qui vont durablement et obligatoirement changer nos modes de vie et nos capacités de vivre ensemble. Il est donc très important de préparer ce futur car ce qui va nous arriver est inquiétant : le changement climatique, la fin du pétrole à bon marché, qui fait peut-être que demain nous ne pourrons plus utiliser notre voiture car nous n’aurons plus assez d’argent pour payer l’essence   devenue trop chère. Notre environnement va changer également : moins d’oiseaux, moins d’espèces animales et végétales… Cela engendrera beaucoup de difficultés dans notre vie quotidienne, parce que par exemple les abeilles polénisent et nous avons besoin d’elles pour notre alimentation…

 Devant tous ces grands risques, il faut qu’on se prépare tous ensemble dès aujourd’hui et c’est pour cela qu’en région Nord – Pas de Calais, beaucoup de gens qui sont des élus politiques, des associatifs, ou de simples citoyens, tes voisins, ta famille… Des personnes qui sont aussi des acteurs économiques réfléchissent à notre avenir.

Nous essayons de trouver des solutions pour nous adapter et anticiper ce qui va arriver. Ainsi, demain, nous pourrons dire avec fierté à nos enfants : « voilà, bien sûr la situation a changé, le climat a changé, mais nous sommes toujours là, nous vivons toujours bien, nous avons plus de bien-être, peut-être possédons-nous moins de choses matérielles, mais nous savons toujours, et peut-être de façon plus égalitaire répondre à nos besoins essentiels, pour communiquer entre nous, avoir une éducation, accéder à la connaissance, à la culture, nous soigner, être capables de vivre ensemble dans des villes où il fait bon vivre.

Peut-être avons-nous moins de choses et moins de biens mais peut-être aujourd’hui nous sommes plus heureux parce que dans les années 2010 à 2020, nous avons su préparer la transition écologique et sociale. »

Comment travailler dans la transversalité ? Dans sa délégation  « développement durable,  démocratie participative et évaluation », Myriam Cau nous explique ce qui change :

« Les opérations de développement permettent de tester grandeur nature comment nous sommes capables de passer d’une idée théorique et pertinente  à quelque chose de précis, de concret, d’opérationnel. Donc d’explorer toutes les voies, tous les moyens toutes les conditions de réussite qu’il faut réunir pour y arriver.

La transversalité, c’est être capable de parler avec toutes les parties prenantes, tous les gens concernés par un projet, y compris les citoyens. Avoir la capacité de tous se focaliser, non pas chacun vers ses responsabilités immédiates, ses prés carrés, mais bien vers un objectif commun partagé où chacun apportera sa contribution.

Toutes ces choses là sont importantes et dans ma fonction actuelle par le biais de ce que je fais en démocratie participative : associer les citoyens, travailler sur l’évaluation ou l’exploration prospective… j’estime que je peux contribuer à un objectif commun et partagé autour de la transformation écologique et sociale. »

 

 

Sandrine Rousseau Vice-présidente en charge de l’Enseignement supérieur, recherche, nous parle de l’opération de développement « diabète ».

Quel est l’intérêt de la co-animation par deux Vice Présidentes ?

« Les deux Vice Présidentes qui sont en responsabilité sont Cécile Bourdon (VP santé- PS) et moi-même (VP enseignement supérieur et recherche). L’intérêt de ce duo est de remonter le problème du diabète depuis les malades et la recherche, jusqu’aux comportements ou aux produits alimentaires qui peuvent provoquer ou aggraver les choses. Aujourd’hui la recherche avance et le traitement des malades est bien défini mais l’enjeu est de diminuer l’extraordinaire progression de cette maladie chronique. Sport, alimentation saine, limitation des additifs chimiques, accès aux produits frais à des prix abordables, développement de la prévention et du dépistage sont autant d’enjeux pour limiter la montée et la gravité du diabète. »

Quel est l’intérêt d’un travail transversal ?

« La recherche sur le génome toute seule ne peut expliquer la montée du diabète. Cette maladie est par exemple beaucoup plus fréquente parmi les personnes qui ont peu d’argent pour vivre que parmi les personnes riches. Par ailleurs, si la recherche médicale sur le traitement du diabète est assez avancée il existe des enjeux forts pour que les personnes suivent leur traitement, supportent la discipline que cela implique, continuent à consulter régulièrement…. Et puis il y a aussi tout l’aspect prévention. Bref un portage commun santé et recherche est absolument indispensable. Nous avons dans notre région les chercheurs parmi les plus avancés au monde sur le diabète, nous avons aussi la prévalence (c’est à dire la fréquence) du diabète la plus importante de France. Nous devons lier ces deux choses et faire un plan ambitieux de lutte contre cette maladie. 

 Et puis les pays du sud, on le sait moins, sont aussi très touchés par cette maladie. Les recherches en France doivent pouvoir bénéficier aux pays du sud et cela aussi c’est la philosophie de cette opération de développement ! »

Les actes des Assises seront en ligne dans quelques jours. Le lien vous sera communiqué ici même.

A lire également, le compte-rendu de Rob Hopkins, fondateur des Villes en Transition, présent tout au long de ces Assises.

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