EELV en région NPdC: l’installation des jeunes agriculteurs.
Entre 2000 et 2010, 21% des actifs agricoles ont disparu de la profession dans notre région. Ce chiffre négatif s’explique simplement : les départs en retraite ne sont pas compensés, les jeunes qui veulent s’installer n’y parviennent pas.
Quelques données:
– environ 60% des chefs d’exploitation de plus de 55 ans ne connaissent pas leur successeur ;
– plus d’un tiers des exploitations agricoles régionales seront à transmettre dans les 10 prochaines années ;
– l’âge moyen des agriculteurs du Nord – Pas de Calais est de 48 ans dans les pays, et de 49 ans dans les communautés d’agglomération et urbaines ;
Pour redynamiser ce secteur, concevoir des solutions afin de retrouver une démographie agricole positive une mission d’enquête (ici sur le site du Conseil régional) a été lancée le 18 mars dernier par Jean-Louis Robillard, Vice-Président du Conseil régional Nord – Pas de Calais, en charge de l’Alimentation, de la Régionalisation de l’Agriculture et de la Ruralité. Il s’agit de repenser la création et la transmission de l’agriculture.
Cette mission est co-présidée par Sylvie Larrière, journaliste et Michaël Poillon, jeune agriculture du Pas de Calais, elle est autonome et une soixantaine de structures ont signé une charte afin d’y participer : syndicats agricoles, acteurs économiques, centres de formation, élus, consommateurs… tous rassemblés pour un même objectif , construire un PRCTA (Plan Régional de Création et de Transmission en Agriculture)
Lundi 17 octobre 2011, l’hémicycle très bien rempli du Conseil régional accueillait la réunion de clôture de cette mission. Celle-ci a été organisée après 4 sessions ayant rassemblé chaque fois plus de 100 personnes. L’ensemble a permis des échanges productifs qui sont résumés dans un Livre Blanc (téléchargeable ici).
Ce document établit un constat, pose des diagnostics, détermine des finalités sur le long terme : équilibre économique de l’agriculture, emploi, nouvelle forme de gouvernance, demandes sociétales, environnement, développement de nouvelles solutions pour la transmission en agriculture. Il pose des conditions de réalisation : agir sur le foncier, mobiliser tous les acteurs ; il définit des priorités d’action comme l’accueil et la professionnalisation de tous les porteurs de projets, l’invention de nouvelles trajectoires de transmission…
A partir de ce livre blanc, tous les acteurs pourront se positionner puis s’engager. Prochaine étape : en février 2012 rendez-vous pour un tour de table puis finalisation du PRCTA. Parallèlement, le Conseil régional réfléchit à sa politique concernant l’installation des agriculteurs : interventions sur le foncier, accompagnement des porteurs de projets…
Le mot du Vice Président : Jean Louis Robillard : « L’installation des jeunes agriculteurs est plus que nécessaire : cruciale »
« Dans le cadre de cette mission d’enquête vous avez mis en avant 4 enjeux : la réponse aux attentes de la Société, l’emploi, la valeur ajoutée, la compétitivité.
Ces enjeux témoignent bien du fait que l’Agriculture doit s’inscrire dans une déclinaison de développement durable. La Région est déjà engagée dans cette voie. Mais nous devons aussi concevoir notre Schéma Régional d’Alimentation et de Développement Agricole dans ce qu’il convient d’appeler « La Souveraineté Alimentaire Européenne ».
La nouvelle PAC, nous l’espérons, s’inscrira progressivement dans cette vision. La Souveraineté Alimentaire a pour principal enjeu le maintien et l’installation d’un nombre de paysans suffisant pour produire une alimentation de qualité, aménager le territoire et dégager un revenu décent pour tous.
Chaque projet doit trouver sa viabilité et sa vivabilité. Cela demande d’accompagner l’autonomie de décision de chacun pour construire un projet de vie et un projet professionnel choisi. Les personnes qui veulent entrer dans le métier ne peuvent réussir que si des terres sont disponibles pour produire, si des filières les aident à sécuriser leurs débouchés, si des personnes les accompagnent, les forment, si des politiques publiques donnent un cadre et des impulsions à une véritable politique de la Transmission, l’Installation et la Création d’entreprises agricoles.
Le moment de la Création ou de l’Installation est le moment opportun pour encourager des systèmes d’exploitation durables qui vont dans le sens des enjeux que vous avez identifiés. »
L’avis d’un jeune agriculteur : 3 questions à Grégory Delassus, 34 ans, éleveur à Borre dans le département du Nord, installé en 2005 sur la ferme de ses parents. Il produit des porcs bios et il a également une vingtaine de vaches allaitantes de la race Highland.
Quel constat faites-vous à propos de l’agriculture régionale ?
« La profession agricole majoritaire tient les rennes de plusieurs instances comme la chambre d’agriculture … Certains s’accrochent à un modèle ancien. Ils sont sur la défensive c’est dommage, mais il faut faire évoluer ce modèle « unique » qui domine.
On a besoin d’eux puisqu’ils détiennent les surfaces. Et puis, il n’y a pas de concurrence entre les bio – alternatifs et l’agriculture – modèle industriel. »
Pourquoi participez-vous à la Mission d’Enquête ?
« Quand j’ai souhaité m’installer j’ai eu des difficultés. Je voudrais que mon expérience puisse servir à d’autres et leur faciliter les démarches.
Mon projet était atypique à l’époque et j’ai eu un refus du Crédit Agricole…Pendant les réunions du PRTCA j’ai rencontré un important directeur de cette même banque et nous avons pu discuter. C’était une première et c’était très intéressant.
Dans les ateliers du PRCTA on retrouve toutes les structures associatives, on n’est pas si minoritaires nous les alternatifs, les originaux… On a tous été écoutés. Nous étions tous au même niveau, les élus des chambres d’agriculture, les industriels… tout le monde apportait ses compétences ;
Cela a levé les barrières, ce que l’on a travaillé sur les installations on pourrait le faire pour autre chose aussi, c’est à étendre. Dans le Livre Blanc on retrouve nos propositions ; on retrouve nos idées et c’est très satisfaisant. C’est du palpable, du concret. »
Comment voyez-vous l’avenir de l’agriculture dans notre région ?
« Il y aura deux aspects :
– le modèle industriel qui produit en masse et qu’il faut faire évoluer notamment en se posant des questions sur l’énergie, l’origine des protéines…
– et il faut aider les agriculteurs « bio », et « alternatifs » à s’installer, à reprendre les exploitations de leurs parents. Il est nécessaire de sortir du combat industriel contre bio. Le projet EELV de réorientation écologique passera par le développement des petites fermes bio, c’est indispensable si on veut approvisionner les cantines en produits bio. »
L’agriculture en Nord – Pas de Calais
Budget : 14 millions d’euros en 2011, 1 demi million d’euros supplémentaires par Pays pour le volet « agriculture durable »
13 800 exploitations agricoles
25 300 personnes travaillant dans le secteur
Surface agricole moyenne 65 ha
Part de la surface agricole : 68% du territoire régional (France : 54%)
La documentation du Conseil régional est: ici