Ouverture des Assises régionales de l’enseignement supérieur et de la recherche Intervention de Sandrine Rousseau – 20/06/2011

Assises régionales de l'enseignement supérieur et de la recherche. Lille. Siège de Région. 20/06/2011.

 

 

 

 

 

 

 

 

(c) Photo Jean Luc Cornu

 

 

Madame le Recteur, Chancelière des universités, Monsieur le Préfet,

Monsieur le Président du PRES,

Mesdames, Messieurs,

 

Au nom du Président Percheron, c’est avec très grand plaisir que j’ouvre à vos côtés aujourd’hui les assises régionales de l’enseignement supérieur et de la recherche. Avec grand plaisir en effet parce que l’enseignement supérieur et la recherche sont des sujets déterminants pour notre région et dans notre région.

Le nombre de collectivités qui prennent compétence dans ces domaines ne cesse de grandir, de même que le nombre d’interlocuteurs et de partenaires impliqués dans les projets. C’est un atout, un atout majeur révélateur de l’attention de plus en plus forte que portent les acteurs économiques et politiques à l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais cela entraîne aussi une complexité croissante, en terme de lisibilité des interventions, de définition des priorités, de clarté des objectifs.

 

C’est l’objet même de la démarche qui nous réunit aujourd’hui : s’accorder sur les objectifs à poursuivre, définir ensemble notre ambition et notre stratégie. Car tout le monde ici sans doute s’accordera sur l’objectif principal que doivent avoir nos politiques: renforcer l’enseignement supérieur et la recherche dans notre région, en faire un atout, un levier de transformation et d’attractivité de notre région et de nos territoires.

 

Alors pourquoi ces assises, pourquoi aujourd’hui, pourquoi dans cet hémicycle régional ?

 

La première des raisons est que nous devons ensemble définir une politique. Et non chacun dans notre coin, chacun à notre manière, chacun sur notre territoire de compétence. Mais que l’on s’accorde sur des objectifs communs et partagés et qu’ensuite chacun y contribue à sa manière, sur son territoire de compétence mais plus dans son coin. Nous n’arriverons pas à soutenir nos universités, nos écoles et notre recherche sans une coordination forte de nos actions. Oui je dis « nos », nos universités, nos écoles et notre recherche et non « vos » universités, « vos » écoles, « votre » recherche. Parce qu’il y a là un service public d’enseignement supérieur et de recherche et que les écoles ou instituts privés assurent aussi une mission de service public.

 

Cela ne veut pas dire pour autant que nous confondrons les rôles des uns et des autres, cela ne veut pas dire que nous empiéterons sur les tutelles ou sur l’autonomie, cela veut juste dire que nous avons des budgets, que nous avons une politique et que par conséquent nous devons avoir une stratégie et je propose qu’elle ne soit pas le simple fait des élus régionaux ou locaux mais que ce soit une stratégie partagée je pense que personne n’y perdra.

 

Pourquoi les assises maintenant ?

 

Parce que c’est urgent. Parce que le grand emprunt – avec toutes les critiques que l’on peut lui adresser en termes d’inégalités générées et de concentration des moyens – a eu pour effet de saluer les universités, les PRES et par effet retour les territoires ayant déjà mis en place des assises et des stratégies concertées. Midi-Pyrénées, Rhônes Alpes, Provence Alpes cote d’Azur. Nous avons sans doute un des paysages d’enseignement supérieur et de recherche les plus complexes de France pour cette raison sans doute aussi, nous avons fait preuve de prudence dans nos ambitions.

 

A l’image des étudiants du nord pas de calais qui moins qu’ailleurs se projettent dans des études longues et moins qu’ailleurs font preuve d’ambition dans leurs projets professionnels, nous avons-nous aussi, tous ensemble je le dis et je sais que cela fera grincer des dents – nous avons tous ensemble privilégié la prudence. Or nous voyons que la transformation actuelle de la politique ne permet plus de fonctionner comme avant sauf à considérer qu’il n’est pas grave que nous coulions doucement vers une seconde division de l’enseignement sup et de la recherche. Mais je le dis aussi, grand emprunt ou pas grand emprunt, les assises se seraient tenues, parce qu’elles ne sont pas le simple fait des résultats des labex equipex et idex (les trois lignes les plus cruelles pour nous) elles sont le fait de la volonté de soutenir je le redis l’enseignement sup et la recherche.

 

Par ailleurs, il est un autre enjeu : que l’évaluation nous serve de politique, que l’on ne se saisisse pas du débat de ce que doit être un soutien à l’enseignement supérieur et à la recherche, l’évaluation doit nous éclairer, elle ne doit pas être notre seul guide. Nous devons nous concerter pour savoir vers quoi évoluer, quoi privilégier.

 

Pourquoi des assises maintenant ? Aussi parce que nous avons aussi besoin de la recherche privée et de la mobilisation des entreprises de la région. Pour des raisons historiques les entreprises n’ont pas investi dans la région pour leur recherche, nous avons aujourd’hui besoin d’elles, le danger d’une invasion venue d’Allemagne ou d’Angleterre semble s’éloigner durablement… c’est donc le moment.

 

Pourquoi des assises dans cet hémicycle (un peu protocolaire par ailleurs) ?

D’abord et avant tout parce que la conférence des présidents d’université a signé avec l’association des régions de France un accord sur la mise en place dans toutes les régions d’un schéma régional concerté d’enseignement supérieur et de recherche. Et comme je suis quelqu’un de très discipliné et profondément peu originale j’ai imagine qu’on puisse le faire en région nord pas de calais…

 

Que mettre dans ce schéma ? De quels sujets discuter ?

Si l’on regarde les autres régions ayant avancé sur ce sujet l’on constate quoi ? Eh bien d’abord que le premier point de leurs schémas concerne les conditions de vie étudiante et le développement de l’attractivité de nos établissements. C’est-à-dire les conditions qui font que nos universités, nos écoles accueilleront durablement plus d’étudiants, seront attractives à la fois pour les meilleurs d’entre eux et pour les plus modestes, parce qu’une université qui se porte bien est une université qui chaque année attire plus d’étudiants.

 

Le second point traité dans les schémas est celui de la gouvernance. Et là je sens un frisson parcourir la salle. Oui la gouvernance, comme second point des schémas régionaux. Parce qu’il n’y a pas d’ambition durable sans réflexion sur ce thème, nous devons aussi avancer sur ce domaine. Dans le respect des prérogatives des uns, de l’autonomie des autres mais pour faire en sorte que les moyens que nous déployons, les politiques que nous menons entrent dans une dynamique collective. La balle est dans votre camp chers Présidents d’universités, mais nous ne pouvons définir des objectifs à 5 /10 ans sans savoir comment évoluera le paysage, je sais que vous avancez sur ce point, que les choses bougent. Là comme ailleurs la concertation est un gage de réussite, ayons de l’ambition.

 

Le troisième point concerne la recherche et les moyens de la dynamiser à long terme. Comme sur la vie étudiante, nous pouvons réfléchir à la meilleure manière de développer le nombre de doctorants, l’accueil d’équipes étrangères, le soutien à de jeunes chercheurs ou à des sujets nouveaux.

 

Dans le schéma doivent aussi être analysés les liens entre science, université, écoles et société. Il s’agit là de réfléchir à un double enjeu : le premier est de créer les conditions d’une adhésion des citoyens aux sujets scientifiques, de créer les conditions du dialogue indispensable et d’une adhésion réciproque mais aussi de valoriser la recherche et l’enseignement supérieur auprès des citoyens, jeunes ou vieux, parents ou futurs étudiants.

 

Enfin, nous avons besoin de réfléchir à une mise en valeur de la recherche. Au-delà de savoir quel programme, projet ou équipe nous soutenons nous avons aussi besoin de réfléchir aux valorisations de la recherche, toutes les valorisations, économiques, sociales et autres. Parce qu’il n’existe pas de recherche sans adhésion, sans soutien, mais qu’il n’existe pas de territoire dynamique, de population qui se développe sans recherche.
Pour toutes ces raisons Mesdames et messieurs, je suis, je le répète, extrêmement heureuse aujourd’hui d’ouvrir à vos côtés, ces assises régionales de l’enseignement supérieur et de la recherche.

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