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Les écologistes à la pointe sur le logement des jeunes et des étudiant-es

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Portée par Emmanuelle Cosse, vice-présidente au logement, la nouvelle politique régionale du logement des jeunes et des étudiant-es a été votée dans la nuit de jeudi à vendredi en séance du Conseil régional d'Ile-de-France. Objectif : 4 000 nouveaux logements par an, plus 1 000 autres dédiés aux apprentis et aux jeunes travailleurs. Aux côtés de ces objectifs ambitieux, plusieurs innovations sociales comme l'aide à la colocation, l'intermédiation locative ou encore un soutien aux projets de lutte contre les pratiques discriminatoires et abusives dans le domaine du logement.

Logement des jeunes et des étudiants - intervention de Julien bayou

Monsieur le Président,
Madame la vice-présidente
Chers collègues,

« Pour pouvoir rêver, il faut savoir où dormir ». C’est la maxime de Jeudi Noir, collectif des jeunes galériens du logement.

C’est donc avec enthousiasme que j’aborde ce soir la discussion sur cette nouvelle politique régionale à destination des jeunes étudiants et actifs. Non pas que le gouvernement ait subitement découvert qu’ils existent, mais parce que la Région réaffirment ce soir son engagement à leurs côtés. Je remercie la merveilleuse vice présidente Emmanuelle Cosse, son fantastique collaborateur Lionel Primault, les services et tous ceux qui ont œuvré à l’élaboration de ce rapport.

(LES JEUNES)

Grands perdants de l’ère sarkozyste, les 2 millions de jeunes franciliens se sont, ces dernières années, enfoncés un peu plus dans la précarité. Malgré les promesses de campagne sur l’autonomie, un tiers des jeunes franciliens n’a toujours pas de domicile personnel et leur taux de chômage a explosé ces deux dernières années. Ils représentent désormais 36% des chômeurs d’Ile-de-France et le rSa jeune ressemble de plus en plus à une mauvaise blague si ce n’est du mépris. Quant aux étudiants franciliens, près de la moitié vit avec moins de 400 euros par mois et ils sont 30% à devoir exercer une activité rémunérée en parallèle à leurs études, quitte à les mettre en péril. Seulement 1 étudiant sur 13 a accès au logement social. Les autres attendront d’être vieux. Jeunesse bizutée, sacrifiée, méprisée par ce gouvernement.

Il est donc important de poursuivre la démarche engagée par Emmanuelle Cosse en février dernier, avec la mise en place de la politique régionale du logement, en adressant un signal fort envers les plus vulnérables et en inventant des solutions innovantes à destination des jeunes actifs et des étudiants.

Loin de nous l’idée d’avoir à traiter de manière spécifique un public de jeunes adultes. N’en déplaise à mes collègues de la majorité présidentielle, cet effort régional est avant tout nécessaire parce que l’Etat ne le fait pas !

(LE GOUVERNEMENT)

Si les étudiants et jeunes actifs ont de plus en plus de mal à accéder au logement, c’est d’abord parcequ’il n’y en a pas assez ! Or, nouvelle mauvaise nouvelle, le gouvernement vient d’annoncer une baisse des aides à la pierre de plus de 13%. Monsieur Apparu trouvera peut être une nouvelle entourloupe pour nous expliquer comment il compte mettre en place sa politique du « logement d’abord » en construisant moins.

Pire, on a assisté ces derniers jours à une multiplication d’annonces plus absurdes les unes que les autres. La dernière en date : une taxe sur les micro logements. Déjà qu’il est étrange, aux vues des prix de l’immobilier aujourd’hui, de considérer que seuls les loyers des mini studio posent problème, nous ne pouvons accepter les loyers que cette taxe semble cautionner ! Donc 40€ bouh pas bien, on va mettre une taxe. Mais 39 € le m² pas de soucis.
Comme si payer 39€ le mètre carré une chambre de bonne, avec vue sur les toits, les toilettes sur le palier du 6ème étage sans ascenseur, était supportable.

Et pourtant, ces micro logements pullulent sur la dernière invention du ministre-agent immobilier Laurent Wauquiez : la plateforme internet Lokaviz.fr. Le site permet de rechercher un logement en précisant la commune recherchée et le montant de loyer maximum que l'on est prêt à dépenser. Pour les propriétaires, il est également possible de proposer un logement « à un prix raisonnable ». On se demande bien ce qu’est un logement raisonnable pour Laurent Wauquiez ! Hier encore, 9 nouvelles annonces proposaient des logements de 11 mètre carré à 700€. Le tout avec une validation officielle du CROUS, apposant avec bienveillance son label crée pour l’occasion.
Un autre exemple, si vous me le permettez. Je me suis permis, par curiosité, de déposer moi-même une annonce sur le site. J’ai déposé la pire offre imaginable : un réduit de 9 m² en sous-pente au dernier étage, sans ascenseur, sans aucun diagnostic de performance énergétique, pourtant obligatoire, en bail meublé mais sans table ni chaise, disponible seulement pendant 8 mois. Le tarif ? 635 euros par mois ! 70€ par m².

Comme je suis taquin, j’ai pris soin de préciser l’adresse : 246 boulevard Saint Germain à Paris, dans le bureau de Madame Kosciusko-Morizet, ministre du Logement.

Devinez quoi ? Non seulement personne ne m’a menacé de la prison, mais cette annonce a été validée et mise en ligne. Qu’une telle annonce puisse aussi simplement être mise en ligne et reste en ligne depuis plusieurs semaines résume assez cruellement la capitulation du gouvernement face à la logique du marché !

Puisqu’il est aussi beaucoup question des CROUS ce soir, j’ai noté qu’un certain nombre de dispositifs très intéressants étaient déjà prévu par la loi, mais restent lettre morte. C’est le cas par exemple des places réservées aux femmes victimes de violence. La loi de 2010 relative aux violences faites aux femmes prévoit une telle disposition mais aucun décret d’application n’a permis de passer du texte aux actes. Si mes collègues de la majorité ont des réponses là dessus, je suis preneur. Si vous pouviez passer le mot au ministre Apparu de travailler ses décrets plutôt que de faire dans l’annonce bidon, je suis preneur aussi.

(QUALITE DU RAPPORT)

J’en viens au rapport. Qu’en est-il précisément de la politique discutée aujourd’hui ? On saluera notamment des objectifs précis et concret. La délibération augmente le nombre de logements financés, passant de 3 000 à 4 000 logements par an, auxquels s’ajoutent 1 000 logements pour jeunes travailleurs et apprentis, ainsi qu’une mobilisation du foncier à coût maitrisé, en lien avec les établissements publics fonciers.

Bravo également pour l’attention particulière portée aux étudiants en situation de grand handicap ainsi qu’aux étudiants en formations sanitaires et sociales. Cela démontre un travail concerté et transversal avec vos collègues de l’exécutif.

J’attire aussi votre attention sur deux dispositifs innovants :

- L’aide à la colocation, portée par deux nouveaux dispositifs de colocations solidaires et de colocation dans le parc social. On sort enfin de la colocation gadet, systématiquement présentée comme la panacée par ceux qui ne la pratiquent pas, pour permettre une colocation choisie à ceux qui l’apprécient.

- Et surtout, un dispositif expérimental d’intermédiation locative. Il y a là un pari qu’il est important de relever et sur lequel nous portons de grands espoirs. Non seulement l’intermédiation permettra à de nombreux jeunes adultes d’accéder au parc privé, mais elle porte en elle le renversement des rapports entre locataires et propriétaires. Les locataires ne sont pas, en France, contrairement à l’Allemagne par exemple, suffisamment protégés et sécurisés dans leur parcours locatif. En acceptant de laisser la gestion locative de leurs biens à un tiers et d’en plafonner les loyers, il y a là un basculement qui fait sens et que nous voulons souligner et encourager.

Nous privilégions cette solution à celle de la caution solidaire pour deux raisons :
La première est qu’une caution, si elle n’est pas universelle, ne fait qu’encourager la cherté des loyers.
La deuxième est qu’elle porte en elle un risque de stigmatisation des précaires. En apposant sur les locataires vulnérables la marque d’une garantie institutionnelle, qui ne rassure pas les propriétaires, nous prendrions le risque de les éloigner encore plus de l’accès à un logement digne et abordable.

Enfin, et toujours dans la perspective de s’adresser avant tout aux jeunes locataires, nous souhaitons que la Région s’attaquent aux discriminations et aux pratiques abusives et illégales dans le domaine du logement. Nous attirons particulièrement votre attention sur les pratiques abusives des agences immobilières. Comme le dénoncent Jeudi Noir et l’UFC Que Choisir par exemple, 70% d’entre elles sont dans l’illégalité.

Autres arnaques intolérables de nombreuses fois dénoncées par le Collectif Jeudi-Noir, : celles des marchands de liste, qui vendent des fichiers d’adresses déjà occupées ou insalubres, (ou les deux !). Pour combattre ces pratiques et armer des jeunes adultes souvent démunis face à ces professionnels du logement peu scrupuleux, nous proposons de soutenir, des projets de campagne d’interpellation et de sensibilisation, mais aussi des opérations de testing.

Vous l’aurez compris, nous nous proposons simplement de compléter un rapport ambitieux, qui, nous en sommes convaincus aura des effets concrets sur la vie des jeunes Franciliennes et Franciliens.

Nous voterons donc pour ce rapport des deux mains.