Gaz de schiste : le scandale continue !

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Le 25 février 2011, Jean-Paul Bachy, Président du Conseil Régional, et Raymond Joannesse, Vice-Président (EELV) en charge du développement durable, écrivaient au Préfet de Région pour s’inquiéter de permis d’exploration de gaz et d’huiles de schiste, demandant que les recherches d’hydrocarbures à l’œuvre en Champagne-Ardenne n’aient pas recours à la méthode de la fracturation hydraulique. Ce courrier est resté sans réponse, malgré une relance de la part de Christophe Dumont, Président de notre groupe, en date du 9 septembre 2011.

Nous apprenons pourtant que non seulement la fracturation hydraulique reste l’unique technique disponible à l’heure actuelle pour exploiter les gisements d’huiles et gaz de schiste, mais aussi que cette technique, très contestée pour les ravages qu’elle a pu faire aux États-Unis, sera finalement autorisée dans le cadre d’un programme scientifique.

Nous sommes stupéfaits d’apprendre qu’une dizaine permis de recherche sont  en train d’être délivrés par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, sans qu’aucun élu local n’ait été informé au préalable.

Ces permis sont essentiellement situés entre la Marne et l’Aube, et aucun débat public n’est organisé. Il est scandaleux que l’Etat agisse dans le dos des habitants sans aucune information. Jamais le Conseil Régional n’a été contacté par le gouvernement pour consultation, et encore moins pour permission. On est en droit de se demander ce que cachent ces méthodes d’un autre âge, sans transparence ni publicité.

Nous aurions pu interpeller la ministre de l’Environnement afin d’éclaircir cette situation inquiétante… mais il n’y en a plus… En effet, après la nomination de Madame Kosciusko-Morizet au poste de porte-parole du candidat-président sortant, la France n’a plus  de ministre de l’Environnement, une première depuis la création de ce ministère en 1971 !

Au-delà du procédé, les élu-es EELV du Conseil Régional de Champagne-Ardenne condamnent vigoureusement la tentative de l’Etat de relancer en sous-main l’exploration des gaz et huiles de schiste. L’exemple canadien nous le montre : l’exploration des sols au moyen de forage et par fracturation hydraulique de la roche est une menace pour l’équilibre naturel de nos territoires. C’est tout notre paysage, nos ressources naturelles qui en sortiront dévastés pour des décennies.

Un nouvel épisode vient de confirmer la mainmise des lobbys pétroliers, et l’entrée progressive, mais de plus en plus probable, de la France vers l’exploitation des hydrocarbures dits-non conventionnels, avec le rapport final de la mission d’inspection sur les hydrocarbures de roche-mère rendu public le 22 mars 2012[i].

Ledit rapport prétend d’une part que la situation américaine « n’est pas directement comparable » à celle des Européens, et d’autre part ne cesse de vanter le décrochage des prix du gaz en Amérique du Nord depuis 2005…

L’argument financier en période de crise est certes à prendre en compte. C’est d’ailleurs au motif de la hausse continue du prix du baril et de préoccupations géopolitiques que certains en France considèrent que nous ne pouvons renoncer aux ressources du gaz de schiste : après tout, la facture environnementale et sanitaire considérable ne serait à payer que dans plusieurs années…

Plutôt que d’informer les populations et d’intégrer les collectifs de défense de l’environnement aux négociations, le gouvernement parie sur un essoufflement progressif des mobilisations.

Avec la complicité des groupes pétroliers, François Fillon tente aujourd’hui de profiter de la période électorale propice à une moindre attention pour se donner les moyens de contourner une loi de juillet 2011 sur le flou de laquelle les écologistes avaient largement alerté. Tout ceci, bien entendu, au mépris du principe des principes fondateurs de la Charte de l’Environnement annexée en 2004 à la Constitution, au premier rang desquels on pourrait citer le principe de précaution.

Alors qu’en Pologne ont lieu les premières manifestations, les élu-es EELV appellent le Préfet à répondre au courrier co-signé par le Président et le vice-président du Conseil régional, à suspendre toute autorisation au profit d’un véritable dialogue incluant les élus locaux et populations concernés.

 

Christophe Dumont, Président du groupe Europe Ecologie Les Verts

Raymond Joannesse, Vice-Président de la Région Champagne-Ardenne

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