Conclusion de la matinée des « jeudi de l’économie » à Chalindrey, par Patricia Andriot
Mesdames, messieurs,
Je vais conclure cette matinée, en tentant de dire ce que la région que je représente en retient et comment cela interroge notre politique de développement local.
C’est à la fois avec satisfaction, enthousiasme, et humilité que je représente Jean-Paul Bachy, Président du Conseil régional, à cette journée de l’économie et dont je tiens sincèrement à vous féliciter de la tenue.
Humilité devant la richesse de ce qui s’est dit pendant cette matinée, satisfaction et enthousiasme parce que ce matin il me semble qu’on a entendu parler de l’économie comme on en parle rarement.
Ou plutôt on a parlé d’économie comme vous chef d’entreprise vous la vivez au quotidien mais pas comme les médias en parlent.
Vous avez insisté sur la notion de territoire en affirmant les atouts et potentialités de ce celui-ci, ce qui n’est pas l’image que s’en font les habitants et les acteurs, et qu’il y a un enjeu à modifier cette représentation. Finalement, de quoi avons-nous parlé, si on l’a fait de manière inhabituelle ?
Et bien en parlant de gestion territoriale des emplois et des compétences (GTEC), on a d’abord parlé de travail, de compétences, de savoir-faire, et les débats ont remis en évidence la place du travail dans la création de richesses. C’est rappeler que la production de richesses, sur un territoire, la vie sur un territoire, c’est certes des entreprises, mais aussi des hommes , c’est une alchimie, entre des hommes et des ressources naturelles, qui se transforment grâce à du travail, qui mobilise aussi pour cela du capital. C’est la définition même de l’économie, mais s’intéresser à la GTEC, c’est redire que la création de richesse, la valeur ajoutée, qui est un des éléments de base de la richesse et de la vie sur un territoire, vient d’abord du travail dans toutes ces dimensions : quantité, qualité, organisation, diversité, innovation…
Qui en a mieux parlé que Monsieur Capraro, directeur de projets en développement territorial, en rappelant l’ouvrier est le mieux à même de parler de son poste de travail et des voies de son efficience ? Banalité, peut-être , mais qu’on oublie au point d’avoir besoin d’organiser un « jeudi de l’économie » sur le sujet…
La GTEC, n est peut-être pas beaucoup plus que la redécouverte de la place de l’humain au travail replacé dans son environnement .
Mais la GTEC ce n’est pas que le travail, c’est approcher la question du travail à travers deux dimensions : une dimension spatiale et une dimension temporelle
Une dimension spatiale pour prendre conscience et intégrer que les entreprises ne sont pas en apesanteur, que l’organisation du travail et du capital, la production de biens et de services, se font dans un environnement, une ambiance, un rapport de force, dans un voisinage. C’est aussi de tout cela dont nous avons parlé ce matin et en particulier Daniel Leboucher, président d’Actisud52, qui a parfaitement illustré, en se basant sur son vécu, cette imbrication entre entreprises et territoire.
Une dimension temporelle pour anticiper dans le temps sur les besoins pour les entreprises mais aussi s’inscrire dans une logique de parcours individuels, c’est-à -dire basé sur les personnes. La difficulté, c’est de faire coïncider le temps de la production dans l’entreprise et le temps de l’adaptation des compétences, qui sont sur des temporalités différentes…et qu’on ne peut faire se rapprocher que par une fine anticipation.
L’élue que je suis a évidemment écouté les débats en réinterrogeant la pertinence de nos politiques régionales et pas seulement celle du développement économique. Mais pour cela, je voudrais d’abord souligner les enjeux du débats sur ces questions qui résonnent tout particulièrement avec les compétences régionales : il me semble qu’on peut en distinguer au moins deux :
 – Décloisonner et / ou articuler
Et sur ce sujet, on a évoqué ce matin des sujets sur lesquels il y a un enjeu et d’autres qui ne l’ont pas été, mais qu’il faut pour autant citer aussi :
Articuler et décloisonner les acteurs sur un territoire (employeurs et salariés, à travers le dialogue sociale mais aussi employés et chômeurs, retraites, jeunes..)
Articuler et décloisonner les types d’entreprises ( grosses et petites, de filières différentes…)
Articuler et décloisonner les secteurs de l’economie (public, privé, économie sociale, SIAE…)
Articuler et décloisonner les statuts, ( contrats de travail…)
Articuler et décloisonner les territoires, géographiques ( pays de langres, pays de Chaumont mais aussi avec territoire nord côté d’or…)
Enfin, articuler et décloisonner les acteurs, entreprises, services publics, associations , élus, ..
Et sur ce point évoqué ce matin, il y a un vrai enjeu concernant le décloisonnement des acteurs qui renvoie à un deuxième enjeu sur lequel les élus ont sans doute un rôle particulier qui est celui de l’innovation.
En parlant d’innovation, il faut évoquer différents types d’innovation :
Innovation sociale : On pourrait parler d’innovation, ce n’est pas « un scoop » mais ce qui, l’est peut-être plus, c’est la notion d’innovation sociale, c’est réaffirmer que les gains de productivité d’une entreprise peuvent avenir aussi de ces conditions de travail, de son organisation et pas seulement, de progrès technologique
Innovation économique : Innover aussi pour penser en terme de fonctionnalité, d’économie résidentielle , ou encore d’économie circulaire . Ce n’est donc ne pas penser moins d’économie c’est juste entrevoir la production de richesse autrement…
Innovation juridique et innovation de postures
Face à ces enjeux et dans ce contexte, Je veux indiquer que le décloisonnement doit aussi s’appliquer à la stratégie régionale, la politique régionale qui ne se limite pas à la politique économique mais concerne aussi la formation, l’aménagement du territoire, etc.
Et que la région n’est pas qu’un financeur, c’est aussi un facilitateur, d’où notre soutien en complémentarité avec l’Etat, de la démarche GTEC.
Sans multiplier les exemples, pour illustrer en quelques points le rôle de la région pour aller dans ce sens :
Quand nous proposons d’impulser et de mettre des moyens sur l’animation collective, nous sommes en résonnance, je crois, avec la dimension mise en réseau évoquée ce matin…
Quand nous proposons d’impulser et de mettre des moyens en impulsant un Fond Régional d’innovation, nous sommes en résonnance avec la dimension proximité et territoire.
 Quand nous proposons d’impulser et de mettre des moyens sur un droit à l’expérimentation territoriale, nous sommes en résonnance avec l’enjeu d’accompagnement de l’émergence
Pour terminer, je veux juste redire mes félicitations aux organisateurs, retenir le mot avenir, la vice-présidente du conseil régional que je suis tient à rappeler que nous avons besoin à l’échelle de la région, de territoires innovants et leaders également.
Quant à l’habitante du territoire que je suis, je serais très fière que notre territoire soit de ceux-là et que je m’engage à contribuer à cela dans le cadre des compétences qui m’incombent.
Je vous remercie