Europe et ESS ???
PAR PATRICIA ANDRIOT
Vice-présidente en charge de l’Économie Sociale et Solidaire
L’économie sociale et solidaire et l’innovation sociale dans les politiques européennes ?
Mercredi 23 janvier, Bruxelles, journée organisée par l’association des régions de France (ARF)
À l’heure où le pays de Langres, accueillera Karima Delli, députée européenne, ainsi qu’un représentant du SGAR (service d’Etat en charge de la gestion des fonds européens), retour sur une journée illustrant la complexité de la construction européenne.
Comme toujours lorsqu’on se trouve dans une ville des instances européennes, le sentiment d’être au cœur d’une Europe en construction gagne. Voir la multiplicité des organismes qui gravitent autour des instances, toucher de près la complexe réalité du fonctionnement… une aventure politique et démocratique qui reste inégalée dans le monde.
Bien que décriée, l’aventure européenne a le mérite de réunir aujourd’hui 27 pays et depuis 50 ans en guerre depuis plus de 2000 ans. Faut-il redire que cette Europe-là fonctionne avec presque autant de langues que de pays, presque autant de culture que de bassins de populations et d’influence culturelle construite au cours de l’histoire et de ses mouvements migratoires ?
Alors oui, c’est lent et complexe, mais tellement ambitieux…
Dans un temps de mutations et d’incertitudes, l’Europe n’est-elle pas finalement un espace plus visionnaire résolument politique ? Bien qu’elle cède parfois aux sirènes libérales, le fait-elle plus que ce que les gouvernements qui la composent ne la laisse dériver ?
Qui est le meilleur rempart pour protéger et construire une démocratie complexe ?
Entre une commission qui incarne le projet Européen (dépassement des ambitions nationales), un parlement renforcé (rappel démocratique), un conseil européen qui fixe les orientations, l’enjeu est bien de construire un espace aux politiques propres protégeant tous les peuples dans le respect de leur diversité. Alors oui c’est complexe et ambitieux…
En tout cas, sans optimisme naïf, c’est cette Europe que j’ai envie de voir, et à laquelle j’ai envie de participer.
La place de l’économie sociale illustre bien la volonté politique de transformation sociale.
Si ce que nous avons entendu tout au long de la journée du 23 confirme bien la complexité de l’approche, il n’y a ni manichéisme, ni ultra libéralisme de principe.
Faire avancer l’ESS, c’est d’abord dépasser l’écueil des mots et des cultures (coopérative comme projet social et démocratique pour l’un, comme régression pour l’autre), c’est ensuite favoriser la prise en compte de l’accès aux fonds…
Pas de manichéisme
La dimension européenne peut être une occasion de progresser sur le fond et de sortir d’une approche trop rigide, mais au risque aussi de faire du social washing. Face à cette dualité, la ligne de la commission n’est pas si libérale que ce qui est souvent avancé. Des signes en faveur de l’ESS existent et les interprétations nationales sont souvent plus libérales que les textes européens.
Dans un contexte politique plutôt favorable à la prise en compte de la régulation, l’innovation et l’économie sociale, les principaux enjeux sont :
– la question des concepts,
– l’accès au fonds européens pour l’ESS,
– l’accès aux circuits de financements,
– développer l’esprit d’entreprendre, en particulier dans l’ESS.
Globalement, et malgré des signaux contradictoires, persiste un sentiment que l’économie sociale progresse.
Pour en savoir plus, le dernier numéro spécial d’alternatives économiques « L’Europe a-t-elle un avenir ? » (HS n°95, 1er tri 2013) compile de nombreux articles bien intéressants.