Tribune Reflets – LGV – mars 2011
Ligne grande vitesse : pourquoi nous sommes (au moins) sceptiques
Les prochains mois vont voir s’accélérer le débat sur l’éventuelle Ligne grande vitesse (LGV) Paris – Normandie. Les écologistes ont à plusieurs reprises exposé leurs réserves sur le projet. Les coûts envisagés et la difficulté d’y faire face au vu de la situation des finances publiques nous laissent penser qu’en face d’avantages très incertains pèseront de lourdes contraintes. Il n’est même pas sûr que le projet réponde aux besoins des bas-normands, qui n’attendent pas aujourd’hui que leurs trains aillent plus vite, mais qu’ils arrivent à l’heure.
Le souci d’efficacité de la dépense publique, alors que nous devrons réduire notre dépendance au pétrole et à l’automobile, impose évidemment de parier sur les transports collectifs, donc sur le ferroviaire. Mais pas n’importe lequel : ces quarante dernières années, les investissements exclusifs sur la grande vitesse ont laissé à l’abandon l’ensemble du réseau secondaire. Ce choix se paie aujourd’hui par la dégradation constante du service. Pour l’avenir, l’enjeu n’est pas d’aller plus vite sur quelques grands axes privilégiés, mais de développer le train comme solution quotidienne de transport pour tous, d’un bassin de vie à un autre ou d’une ville-centre aux communes proches. Priorité aux trains express régionaux (TER), sans tout sacrifier à la grande vitesse. Sur ce point, nous nous réjouissons de la position claire du Président de la Région, qui a plusieurs fois rappelé que la LGV ne devrait pas se faire au détriment des autres lignes.
Les partisans de la LGV demandent aux écologistes de taire leurs réserves et de se joindre au rassemblement de tous pour la grande vitesse. Notre région mérite que ses élus sachent s’unir, au delà des clivages partisans, lorsque c’est nécessaire. Mais pour que l’union soit efficace, elle doit être lucide. Les moyens sont contraints, il faudra choisir nos priorités. Pour nous, c’est clair : la Basse-Normandie a moins besoin d’un combat pour une LGV unique, aussi incertaine que coûteuse, que de la mobilisation massive pour un service ferroviaire efficace, à prix modéré, desservant l’ensemble du territoire et donc le plus grand nombre.