Plénière du jeudi 20 février. Intervention de politique générale de Clara Osadtchy

Monsieur le Président,
Ce dimanche vont se clôturer les 22ème Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi, en Russie dont l’ouverture a été pour nous marquée par l’annonce de la condamnation à 3 ans de camp d’Evgueni Vitichko, militant écologiste Russe qui venait de dénoncer l’impact des travaux des JO sur l’environnement. Son crime ? Avoir tagué une clôture dans une zone forestière protégée qui entourait la résidence du gouverneur suspecté de corruption mais aussi responsable de ces chantiers olympiques qui ont détruit l’écosystème du territoire de Sotchi.
La première discipline olympique semble ainsi être la répression. Dans ce sport, Vladimir Poutine a la médaille d’or.

Bien au-delà des rideaux qui tombent dans les chambres d’hôtel des journalistes, les Jeux Olympiques organisés en Russie se déroulent donc dans un climat à l’inverse de tout esprit olympique ou de sportivité.

Nous savons déjà que des milliers de personnes ont été déplacées, que l’environnement sera dégradé, que le pays a dépensé des milliards pour ces jeux où le seul impact durable – qui risque d’être dramatique – sera celui sur l’environnement.

Je ne parle même pas de la démocratie ou de l’appropriation populaire. Après l’entrée en vigueur des lois limitant le droit de manifester, la liberté d’expression et les droits de la société civiles et des ONG, la promulgation de la loi réprimant l’homosexualité, il est évident que le pouvoir russe souhaite faire de son pays une terre de répression des droits fondamentaux d’égalité, revenue aux pires temps de son histoire.

A cela, il faut ajouter la démesure olympique, qui est d’aller toujours plus vite dans le gigantisme, toujours plus loin dans les profits, toujours plus fort dans la démesure. On parle de 50 milliards de dollars pour ces jeux, quand il y a dix ans à peine, le Canada déboursait 1,5 milliards de dollars. Cette facture est insupportable pour des populations acculées à la crise.

Les jeux Olympiques ne sont malheureusement pas les seuls concernés : la coupe du monde de football de 2022 sera accueillie au Qatar, où les températures estivales peuvent dépasser 50°, ce qui  inquiète déjà les organisations humanitaires qui dénoncent déjà l’envers du décor : esclavage, conditions de travail inhumaines, corruption… 450 immigrés Népalais seraient déjà morts dans les travaux. C’est cela aussi le dessous d’un tel évènement. De quoi gâcher la fête et le sport.

Ce productivisme sportif ressemble à s’y méprendre à ce que nous, écologistes, dénonçons sur la folie des grandeurs persistante, le manque total de recul et de mesure.

C’est pour cela que nous souhaitons faire l’inverse ici quand nous accueillions les Jeux Équestres Mondiaux en août 2014.

Déjà, parce que, comme nous le verrons dans la délibération correspondante, en réalité, nous ne nous contentons pas d’accueillir les Jeux Équestres Mondiaux : nous les intégrons dans un véritable projet local sur notre territoire. C’est le sens du projet territorial.

Cet “élan des jeux” doit être durable.

Durable déjà, par son éco-exemplarité.

Les écologistes sont satisfaits de voir que leurs alertes n’ont pas été vaines sur l’impact des ces jeux. Organisés sur des sites naturels sensibles, l’éco-responsabilité n’est pas ici seulement pour l’exemple.

Dès les prémices de l’organisation, nous avons ici à la Région et à la ville de Caen, soulevé le caractère inacceptable qu’aurait le moindre impact négatif sur l’environnement, autour de Caen en particulier. Nous avons été attentifs aux conséquences environnementales de l’organisation du cross du concours complet sur la Prairie et les berges de l’Orne, épreuve qui a été déplacée. Nous avons exigé et obtenu la réversibilité de tout aménagement et une protection suivie des milieux.

L’élan des jeux doit être durable ensuite par ses impacts sur le territoire. Les plus de 200 projets portés par les acteurs locaux, sportifs, culturels, éducatifs, touristiques, à dimension sociale manifestent bien la dimension de développement local que permettent les jeux lorsqu’ils sont appropriés par les territoires.

Nous en sommes donc convaincus, le sport peut se rattacher indéniablement à un aménagement durable du territoire lorsqu’on pense avec lui la valorisation locale, l’attractivité, la cohésion, l’équilibre des territoires, la participation citoyenne, l’accès à tous les publics, la mixité sociale.

Le cheval sous toutes ses formes est une chance pour notre région dont l’image y est associé. Je pense tout particulièrement au transport hippomobile, qui sort dorénavant des rubriques insolites pour devenir une vraie manière de lier écologie et convivialité, j’espère que les communes sauront se saisir de cette chance.

Enfin,

Vous le savez, les écologistes défendent les valeurs du sport, moins du spectacle que l’activité personnelle ou collective qui est une forme d’émancipation de la personne et une source de plaisir et de bien vivre. Faire du sport c’est prendre soin de soi, c’est remettre sa personne et son bien-être au cœur de ses préoccupations.

Le sport spectacle n’est pas à rejeter en bloc, mais nous défendons nous aussi une société de la convivialité, au rythme adouci, plaçant l’humanité au cœur de ces intérêts et de nos comportements.

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