Plenière du 27 juin 2013 : discours de politique générale de Clara Osadtchy
Mes chers collègues,Â
Sans surprise, je voudrais d’abord parler du rapport Mobilité 21 est rendu aujourd’hui. Commandé par le ministre des transports au député-maire Philippe Duron en octobre 2012, il avait pour objectif de trier et hiérarchiser les grands projets d’infrastructures de transport.
Les premiers éléments sur ce rapport confirment la réorientation de la politique d’aménagement du territoire vers plus de raison. C’était l’enjeu même de cette commission : trier un agrégat de près de 75 grands projets sans cohérence territoriale, véritable liste de courses, héritage du SNIT laissé par le précédent gouvernement. L’objectif est donc rempli.
Nous souhaitons féliciter le Député Maire de Caen, Ph.Duron, d’avoir entraîné avec lui les membres de la commission, parlementaires de tous bords, vers une rédéfinition par critères de ce SNIT.
Nous assistons là à un changement de méthode : de l’incantation au réalisme.Je voudrais citer Philippe Duron dans le Ouest France du jour : « Aujourd’hui , la problématique n’est plus la grande vitesse, c’est d’assurer le transport de tous, dans de bonnes conditions, sur tous les les territoires. »
Hier, nous avions un Président qui en visite au Havre inventait un projet de TGV basé sur rien. Aujourd’hui, cette hiérarchisation permet de mesurer la pertinence, non pas politique, mais socio économique, environnementale, écologique des infrastructures prévues.
Ce qui est vraiment intéressant c’est que cela augure l’invention d’une nouvelle vision de la politique de transport en France : nous passons d’une politique de l’offre, de l’infrastructure; qui faisait primer le projet sur sa finalité à une politique de réponse à des besoins, à une logique d’usage qui mesure vraiment la pertinence d’un projet.
Cela permet aussi de décloisonner la politique de mobilité et de la considérer comme étant une politique de réponse aux besoins des personnes, des entreprises et des territoires en adéquation avec les enjeux énergétiques, sociaux et environnementaux.
Au vu de ces critères, la LNPN ne pouvait pas passer entièrement. Elle est née avec cette méthode d’une examination d’abord de l’utilité, puis de la pertinence et enfin de la capacité de financement.
C’est donc la logique du séquencement qui a été retenu ; comme prévu c’est le Mantois qui a été mis en priorité. C’est logique et il y a peu de surprise là dedans.
Ici, on a entendu la violence des propos contre ceux qui ne seraient pas dans le consensus et qui ne l’étaient pas, a priori avec raison. Soyons vigilants à ne pas être dans la détestation de ceux qui ont eu raison de ne pas être dans l’ambition démesurée.
Beaucoup de réactions en France sur ce rapport. C’est un peu triste de voir les élus locaux – décidément trop localistes – regretter vivement que l’on acte la non pertinence de leur projet local. Je serais ironique, je dirais que c’est parce qu’ils perdent un quart de leur programme électoral sans doute…ou que les opposants y gagnent un quart de leur arguments.
La crise permet de penser en amont la réalisation des projets. Tant mieux. Nous écologistes, pensons qu’il ne faut pas attendre la crise pour penser la pertinence des politiques publiques.
Pour notre région, je relaye ici la proposition des élus EELV de la Ville de Caen de créer des commissions Mobilité 21 territorialisées. Chaque région, pays ou agglomération a en effet une compilation de dossiers routiers, la plupart in-financés, la majorité sans aucune pertinence, tous pourtant coûtent de l’argent par leur prévision même.
Un autre chantier lancé au plan national dans la perspective d’une Loi importante est celui de la transition énergétique.
Confiés aux Régions, des débats décentralisés sur la transition énergétique ont été organisés afin d’alimenter le débat national des expressions et des attentes des acteurs dans les territoires et du grand public.
J’adresse ainsi mes félicitations à Jean Karl Deschamps et Marine Lemasson pour la tenue en Basse-Normandie de 6 débats. La réunion de clôture a rempli l’auditorium au Conseil Régional, témoignant de la forte mobilisation des acteurs bas-normands.
Nous écologistes sommes satisfaits du principe même du débat. Nous le demandions depuis longtemps. L’énergie n’a pas toujours été un sujet. Ainsi, la première marche a été franchie : la transition énergétique est devenue un peu un sujet de société.
Vous n’en serez pas surpris, nous pensons que la Transition énergétique doit être l’un des sujets politiques majeur de ce début de siècle parce que c’en est un des défis.
Nous allons même plus loin car nous pensons que la transition énergétique est une solution à bien des problèmes : à l’emploi car cela en crée, nous pensons que c’est même l’un des secteurs les plus potentiellement créateurs d’emploi. à la situation sociale des ménages, car nous pensons que le pouvoir d’achat (ou d’usage) ne se gagne pas seulement en augmentant les richesses mais aussi en diminuant les dépenses et on sait à quel point l’énergie pèse sur le budget des ménages. A l’environnement bien sûr.
Bien sûr, quand on parle transition énergétique, il y a un point qui est fondamental chez nous écologistes c’est la sortie du nucléaire, mais nous ne souhaitons pas cadenasser le débat sur l’énergie sur cette seule question. Nous pensons que l’évolution des mentalités dans ce secteur est long, et qu’il est important de laisser se diffuser les enjeux, objectifs et surtout moyens de tout ordre pour atteindre la transition énergétique.
Ce qui fragilise encore ce débat est d’un coté le verrouillage des institutionnels apeurés d’un trop potentiel grand changement, de l’autre des acteurs démotivés parce que concrètement la route reste longue… et que le débat n’a pas été parfait.
Petit aparté. Je pense que cette question est aussi à relier à l’acte III de la décentralisation qui aurait toute pertinence à faire des régions les collectivités cheffes de file de cette compétence. Je pense qu’un plus grand partage de l’enjeu énergétique passe par un rapprochement avec les territoires, comme cela se passe dans de plus en plus de pays, comme l’Allemagne, l’Autriche ou l’Espagne.
Nous relevons donc que la transition énergétique est devenu un sujet et qu’elle fera l’objet d’un projet de loi qui se basera sur une synthèse et des recommandations publiées cet été. C’est une première, ce n’est pas rien. Maintenant, nous écologistes attendons impatiemment le projet de loi…
Débat Éoliennes en mer
Un cas concret d’actualité illustre la transition énergétique : le projet de champ éolien au large de Courseulles sur mer.
Le débat public se poursuit lui -aussi. La Région y participe.
Pour nous, c’est l’un des piliers de la TE qui permet de penser la sortie du nucléaire. Les éoliennes en mer, comme les autres sources d’énergie deviennent de sérieuses alternatives bien loin de l’image colportée il n’y a pas si longtemps encore sur les énergies renouvelables artisanales et inefficaces.
Nous en sommes tous ici convaincus, ce projet d’éoliennes est une chance pour l’emploi local et une nouvelle aventure industrielle.
Pour dire un mot sur le débat qui s’est – un peu – créé sur les éoliennes en mer et les impacts sur les plages du débarquement.Â
Les plages du Débarquement ne sont ni une bulle protégé, ni un musée. Elles sont un lieu d’Histoire et de Mémoire. Ce n’est pas un musée à ciel ouvert où tout serait resté figé depuis 1944. Ces lieux sont restés vivants et ont pu suivre l’évolution de la société et de l’histoire depuis 68 ans. C’est sans doute le plus bel héritage que l’on peut avoir du sacrifice de ceux qui y sont morts.
La question de l’impact est une vraie question, non pas visuelle, mais sociologique. Le sujet n’est pas de savoir si cela se voit mais comment cela est perçu. La question est plutôt le stress négatif du manque d’acceptabilité des éoliennes.
Il y a là une vraie résistance au changement. Pourtant, un paysage est un objet patrimonial qui a été construit par l’homme pour l’homme. Sur un paysage, on inscrit l’histoire, mais aussi la réalité du temps présent.
Les pétroliers, les bateaux de pèches, le rivage du Havre, et même les nouveaux sports ont été tous acceptés car ils ont été intégrés au paysage et à l’ambiance de nos côtes. Demain, les éoliennes seront familières dans le paysage.
Et pour une meilleure acceptabilité, plus de démocratie et de proximité.
Aujourd’hui, pour beaucoup d’opposants, les éoliennes ne sont ni utiles ni efficaces. Mais depuis trop longtemps, on vit sans se poser la question de l’origine de l’électricité. Les ENR ne sont pas que de la technologie, c’est un choix de société. Elles représentent l’avenir de l’énergie, le projet de Courseulles sur Mer répond à un vrai besoin.
L’enjeu de la transition énergétique doit être approprié. D’où notre satisfaction que la transition énergétique soit l’objet d’un Débat National.
Enfin, un mot au sujet de la deuxième Conférence sociale qui s’est tenue à Paris la semaine dernière et à laquelle les Régions ont participé, notamment représentées par Yannick Soubien. Plus de cinq millions de personnes sont en situation de chômage ou de sous-emploi. Un jeune sur quatre est au chômage.
Cette conférence a montré une forte mobilisation de tous les acteurs et partenaires sociaux. Plus que jamais, les Régions ont et auront un rôle majeur à jouer pour l’emploi, par le biais de la formation professionnelle notamment, maillon essentiel.
L’actualité en Basse Normandie, vous l’avez mentionné Mr le Président, montre que de nombreuses filières en mutation font face à des crises de l’emploi  importante (agroalimentaire, agriculture, industrie, etc.). Pour agir sur cette crise sociale, il est donc urgent de développer les filières d’avenir et les régions devront jouer tout de leur rôle notamment via l’acte 3 de la décentralisation.
OK à propos du « pouvoir d’achat qui ne se gagne … en diminuant les dépenses » car j’utilise ce concept depuis longtemps. Ma phrase: vivre mieux en vivant autrement. Le plus dur, c’est de convaincre les gens que possible, encore faut-il qu’on le leur montre et qu’on leur donne des solutions car beaucoup de gens seraient prêts à les accepter pour peu qu’ils leur restent plus d’argent en fin de mois.
C’est donc à nous groupes locaux EELV de commencer déjà à leur amener des solutions localement mais cela ne me semble pas facile à mettre en place tellement les divergences dans nos petits groupes de parole sont importantes. On discute beaucoup mais rien n’avance.
Quant aux éoliennes pour remplacer le nucléaire ok mais habituons déjà les gens à moins consommer d’NRJ, utilisons davantage le solaire passif, construisons plus d’habitation en bois.
Laurent Laidet adhérent EELV groupe local de Falaise
Bonjour Laurent,
Merci pour ton soutien. Nous avons encore beaucoup de travail pour persuader et préparer le changement. Mais cela se fait petit à petit, grâce à notre présence militante sur tous les territoires et dans les collectivités.
A bientôt,