Discours de politique générale de Clara Osadtchy

Chers amis,

Jeudi dernier, j’étais devant l’entrée du site de GDE à Nonant le Pin, qui est, comme vous le savez bloqué par les habitants. Comme certains d’entre vous, Yanic Soubien, François Dufour et vous monsieur le Président, je suis venu soutenir les citoyens qui, devant l’arbitraire, devant la dégradation en direct de leur espace de vie, ont  tout simplement refusé de se résigner et ont pris la décision juste de stopper la machine de destruction environnementale qu’est l’entreprise GDE. Ces hommes et ces femmes de tout âge et de tout horizons montrent ce qui il y a de plus fort en nous même : notre capacité à ne pas nous résigner et à prendre en main la défense de notre cadre de vie, de notre avenir et de celui de nos enfants. Qu’ils en soient ici sincèrement et fortement félicités et soutenus.

L’accueil chaleureux auquel nous avons eu droit n’a toutefois pas caché les questionnements sur le rôle des politiques et sur le sens, l’utilité et la sincérité de leurs paroles et de leurs promesses.

En effet, sur ce dossier comme sur bien d’autres, s’emmêle ce lien si complexe entre les citoyens qui s’organisent et les « politiques » qui agissent. Le questionnement de la politique et des politiques semble être plus que jamais criant dans notre société. Nous vivons une situation où des citoyens, comme à Nonant le Pin, se sentent plus soucieux de l’intérêt général que les élus dont c’est pourtant le moteur de leur engagement.

Je ressens, comme vous je pense, cette fracture.

Je ne peux dire précisément d’où elle provient mais je sais qu’elle se nourrit de promesses non tenues, y compris les promesses d’intention.

Quelles promesses devons-nous tenir ?

Aujourd’hui, nous voterons dans cette assemblée le Plan Énergie Climat Territorial. Issu du Grenelle de l’Environnement, ce document est porteur de promesses d’un nouveau développement, d’une nouvelle façon de penser, d’une orientation différente de notre monde.

Il est issu de cette époque ou l’écologie se partageait ou chacun avouait avoir compris, ou tous les partis se battaient pour être le plus vert possible. A tel point, que notre travail à nous écologistes étaient décrétés, par certains, achevé !

A cette époque, une taxe sur les poids lourds était une idée consensuelle et évidente défendue par tous.

Cette promesse d’un autre développement est passée.

Pourtant, le Grenelle environnement, les promesses, la taxe poids lourds, c’était il y a 4 ans. Quatre ans, est-ce devenu un temps trop long pour la politique ?

La vraie difficulté du temps long est bien celle de la nécessité du courage politique. On pourrait résumer cette délicate quadrature par la phrase de Jean-Claude Juncker, ex-premier Ministre luxembourgeois «  Nous savons ce qu’il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c’est comment être réélus si nous le faisons ». Pourtant l’idée que les réformes ont un coût électoral est souvent démentie par l’Histoire et par les politologues eux-même.

Le risque, bien réel, est ainsi de rater le coche du changement durable, auquel tant de monde nous appelle, d’Edgar Morin à Jérémy Rifkin en passant par Esther Duflo et Tim Jackson. Le temps nous est compté. L’aspiration à la transformation écologique et sociale est réelle mais elle est concurrencée par d’autres réflexes, détestables, et d’autres aspirations, effrayantes : la haine de l’autre, le rejet des différences et de la diversité, le repli nationaliste et identitaire.

Nous, écologistes, assumons d’avoir défendue le principe d’une taxe sur les poids lourds. Son rejet est emblématique de l’aveuglement de forces sociales conservatrices, emblématique de l’indécision de l’exécutif. Mmes et Mrs les élus de l’opposition, soyez clairs, expliquez donc aux contribuables qu’il est logique qu’ils payent les infrastructures en lieu et place des transporteurs ! Rappelez également que pour notre région, cela revient à tirer un trait sur plusieurs millions d’euros de quote-part dédiés aux chantiers d’infrastructures.

Pendant ce temps, le changement climatique ne s’est pas mis en pause. Les scientifiques montrent de plus en plus clairement le lien entre le changement climatique et les évènements extrêmes. Il y a 5 jours s’est abattu aux Philippines, sur des milliers d’hommes, le typhon le plus violent jamais enregistré…

Le risque de ne rien changer, voilà le risque qu’il nous faut conjurer.

C’est pour cela que nous sommes porteurs du vœu que la majorité dépose ce matin pour demander à nouveau un moratoire sur l’exploitation du site de GDE. On ne peut rester sans rien faire, ici, dans cette assemblée. Le lien entre les deux, entre les citoyens et la politique, se répare aussi comme cela, en montrant le sens du politique quand il affronte l’intérêt de certains au profit de l’intérêt général.

L’intérêt général se traduit aussi par une fiscalité juste, écologique et redistributive. Nous écologistes, regrettons l’augmentation du prix des transports collectifs par une hausse de la TVA prévue par le projet de loi de finances.

N’en déplaise à tous ceux qui aiment caricaturer les écologistes comme des amateurs de taxe, nos parlementaires se sont battus sur un taux réduit à 5 % comme il l’avaient fait avec succès en obtenant la réduction à 5,5% de la TVA sur les travaux de rénovation énergétique. La décision de passer la TVA transports à 10% va toucher la mobilité quotidienne de tous les publics et notamment des plus fragiles. C’est vraiment regrettable, surtout pour notre région qui a mis en place depuis 2004 une tarification TER parmi les plus attractives et solidaire de France. Si la décision est confirmée, cela rendra le transport en commun un peu moins compétitif par rapport à la voiture. Les écologistes s’opposent vivement à ce choix, à l’assemblée, dans les collectivités, auprès de nos parlementaires.

Vous le savez, les écologistes sont fédéralistes. Je crois que nous pouvons, dans les territoires, ne pas être seulement les militants du gouvernement mais être dans le débat, y compris, voire surtout, public. Cela ne me dérange pas, cela s’appelle la décentralisation, cela s’appelle la démocratie. Pour reprendre des mots récents du 1er Ministre au début de la crise bretonne : «  le courage ce n’est pas l’obstination ! »  Notre responsabilité en tant qu’hommes et femmes politiques est de montrer que nous partageons une vision de l’avenir et que nous avons le pouvoir de la réaliser.

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